Les PME n’ont pas les bons outils

Par La Presse Canadienne | 1 octobre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La pénurie de main-d’œuvre est un problème pour une majorité d’entrepreneurs, mais ceux-ci n’utilisent pas toujours les meilleurs outils pour recruter et attirer les travailleurs, selon une étude de la Banque de développement du Canada (BDC) publiée mercredi.

« Les solutions utilisées par les PME, ce n’est souvent pas les meilleures solutions, affirme Pierre Cléroux, économiste en chef de la BDC. Par exemple, une des premières choses que les gens font, c’est d’augmenter les salaires alors qu’on investit peu en technologie. »

L’économiste croit que les conclusions du rapport « Comment s’adapter à la pénurie de main-d’œuvre » pourraient aider les entrepreneurs à composer avec cette pénurie qui devrait perdurer au moins une décennie, prévoit-il.

Non seulement les investissements technologiques et l’automatisation permettent d’être plus productif, ils ont un effet attractif sur les travailleurs, selon l’économiste. Les entrepreneurs qui adoptent cette solution sont deux fois plus susceptibles de trouver « qu’il est facile d’embaucher des travailleurs ».

Beaucoup de travailleurs veulent se trouver dans un environnement de travail « dynamique », poursuit Pierre Cléroux. « Pour les travailleurs, c’est plus intéressant de travailler dans une entreprise qui utilise la technologie parce que les tâches les plus routinières sont faites par de la technologie ou par un robot. Ça fait en sorte que l’emploi est plus intéressant. »

Pourtant, seule une entreprise sur quatre a entièrement automatisé une des fonctions de son entreprise. La principale raison donnée par les entrepreneurs (43 %) est le coût initial élevé de l’investissement.

L’économiste assure que les investissements technologiques sont davantage à la portée des PME que certaines pourraient le croire. Il donne l’exemple des restaurants de quartier qui ont automatisé la prise de rendez-vous en ligne et les commandes.

PROBLÈME GÉNÉRALISÉ

Le coup de sonde auprès des entrepreneurs démontre également que la pénurie de main-d’œuvre est un problème généralisé. Ils sont 55 % à dire qu’ils ne parviennent pas à embaucher suffisamment de travailleurs. Ils sont 26 % qui peinent à fidéliser leurs employés.

Parmi les employeurs qui ont des problèmes de recrutement, 64 % affirment que cela a nui à leur croissance. Ils sont 44 % à dire qu’ils ont dû retarder la livraison à leurs clients ou qu’ils ont été incapables de remplir certaines commandes.

« Ça ne me surprend pas, réagit l’économiste en chef. Nous, nous voyons beaucoup de nos clients qui sont obligés de refuser des clients, car ils n’ont pas la main-d’œuvre pour être capables de livrer. »

Toujours parmi ces entreprises, 49 % ont décidé d’augmenter les salaires et les avantages sociaux. Il s’agit de la mesure qui a le plus grand impact sur le taux de fidélisation des employés, selon l’étude.

Pierre Cléroux invite cependant les employeurs à considérer l’ensemble de la rémunération, qui comprend les avantages sociaux, et les conditions de travail, notamment les horaires de travail flexibles et l’accessibilité au télétravail. « Ce n’est pas qu’une question de salaire. »

Les entrepreneurs ne devraient pas attendre le fameux retour à la normale post-pandémique, plaide l’économiste. La pénurie de main-d’œuvre s’explique par la démographie et pourrait durer encore longtemps. « Le pire de la situation, c’est pour une décennie. Après ça, ça devrait s’améliorer. »

DES MILLIARDS DE PERDUS

L’étude de la BDC est dévoilée au lendemain d’un sondage de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) qui démontre que ses membres ont évalué à 18 milliards de dollars les pertes subies dans le secteur manufacturier en raison de la pénurie de main-d’œuvre, sur une période de deux ans.

L’étude démontre aussi que la moitié des postes à pourvoir affichent un salaire de 20 $ à 29 $ l’heure. « Partout à travers le Québec, la pression sur les salaires se fait à la hausse, a dit Véronique Proulx, présidente-directrice générale du MEQ. On a plusieurs entreprises qui ont haussé les salaires, mais fondamentalement, le problème, c’est que le bassin de travailleurs n’est pas assez grand. »

La Presse Canadienne