Les Québécois ne célèbrent pas assez leurs entreprises

Par Pierre-Luc Trudel | 21 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Mitch Garber, PDG de Caesars Acquisition, prononce une allocution à la tribune du Cercle canadien de Montréal.(Photo : Agence Québec Presse)

Pour l’homme d’affaires montréalais et ex-dragon Mitch Garber, le décrochage scolaire et la réticence des Québécois à parler d’argent nuisent profondément à la création d’une véritable culture entrepreneuriale au Québec.

Lors d’une allocution devant les membres du Cercle canadien de Montréal, lundi, l’avocat de formation a déploré que le Québec affiche le plus haut taux de décrochage scolaire de toutes les provinces canadiennes. Il n’hésite pas à mettre un tel désastre sur le dos du Parti québécois (PQ) et du Parti libéral du Québec (PLQ), qui ont gouverné le Québec au cours des 40 dernières années.

« Les personnes peu éduquées sont les moins bien outillées pour être compétitives à l’échelle mondiale. Il est temps d’inculquer des notions économiques et financières aux jeunes dès l’école primaire, et ensuite au secondaire », insiste-t-il.

Mais il n’y a pas qu’à l’école où la culture d’affaires est insuffisante, affirme l’ex-dragon. « Les histoires de nos entreprises à succès et des gens qui les ont créées ne sont pas suffisamment racontées au Québec. On devrait pourtant les célébrer, en discuter autour de la table à l’heure du souper. »

L’homme d’affaires soutient par exemple que les jeunes Québécois devraient autant connaître les réalisations du fondateur de Couche-Tard, Alain Bouchard, que les statistiques de Carey Price.

SÉPARER LA POLITIQUE DES AFFAIRES

Profitant de sa tribune, Mitch Garber a également dénoncé ce qu’il appelle la « politisation des affaires », évoquant les ventes très médiatisées de Rona et St-Hubert.

« Les gens d’affaires québécois achètent des entreprises, les exploitent et les vendent. C’est comme ça que ça fonctionne », soutient-il, critiquant au passage l’ex-chef péquiste, Pierre Karl Péladeau, et le chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault, qui ont affirmé que Rona et St-Hubert auraient dû être rachetées par des entreprises québécoises.

« À lui seul, le dossier de Rona pourrait en décourager certains de brasser des affaires au Québec, dit-il. Les compagnies québécoises achètent trois fois plus à l’étranger que l’inverse. CGI ne serait pas l’entreprise qu’elle est aujourd’hui si elle n’avait pas procédé à de nombreuses acquisitions. »

Lui-même attribue une grande partie de ses succès en affaires aux acquisitions et aux ventes qu’il a réalisées « au bon moment ».

LA FIN DES DEUX SOLITUDES

Toujours dans le domaine politique, Mitch Garber a livré un vibrant plaidoyer en faveur d’une véritable réconciliation entre les communautés francophone et anglophone du Québec.

« Le refus de certains membres de ma communauté juive et anglophone d’apprendre et de vivre en français est embarrassant », affirme-t-il sans détour.

Inversement, il déplore que certains parents francophones ne comprennent pas les avantages pour leurs enfants de maîtriser au moins deux langues, dont l’anglais, la langue la plus couramment parlée dans le milieu des affaires.

Ce fossé bien visible entre francophones et anglophones au cours des 40 dernières années a contribué, selon l’ex-dragon, à créer un climat d’incertitude politique qui a eu un impact négatif sur le milieu des affaires et l’économie de la province.

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Pierre-Luc Trudel