Les temps seront durs pour les PME

Par Jean-François Parent | 2 juillet 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La hausse des taux et son corollaire, le resserrement du crédit, risquent de rendre plus difficile l’accès au financement pour les PME dans les prochains trimestres.

C’est du moins ce qu’estiment les portefeuillistes de Fidelity Maxime Lemieux et Hugo Lavallée, rencontrés la semaine dernière à leurs bureaux montréalais.

Détenant plusieurs titres de très petite capitalisation dans leurs portefeuilles, les gestionnaires constatent ainsi que lorsque les conditions se resserrent, « les PME ont de la difficulté à se démarquer » sur le plan boursier, relève Hugo Lavallée.

La fin de cycle économique, causée notamment par la chute des prix des matières premières, inhibe la croissance de plusieurs PME dans plusieurs secteurs.

Quant aux PME moins dépendantes des matières premières, elles sont fragilisées par le cycle baissier de la consommation qui s’amorce actuellement.

Hugo Lavallée

Rendements moindres

Alors que les sociétés de petite capitalisation cherchent à maintenir leurs marges bénéficiaires et à assurer une certaine croissance de leurs revenus dans ces conditions, leurs titres perdent en performance, qu’il s’agisse du secteur manufacturier, du commerce de détail ou des ressources naturelles.

« Dans ces conditions, la sélection des titres est beaucoup plus difficile », explique Hugo Lavallée.

Ajoutons à cela que, comme l’expliquaient les gestionnaires de Fidelity à Conseiller.ca la semaine dernière, les évaluations boursières sont actuellement particulièrement élevées, signalant une correction prochaine, et le constat se précise: les prochains trimestres pourraient faire mal.

Pourquoi pas la bourse?

Plusieurs chantiers ont récemment été mis de l’avant pour mousser l’attrait d’un premier appel public à l’épargne pour les PME (PAPE). Au Québec, qui compte pour seulement 6 % de la capitalisation du TSXV – par rapport à 41 % pour la Colombie-Britannique, par exemple – voilà des années que les autorités cherchent des façons de mousser les PAPE auprès des PME. L’ex-ministre libéral délégué aux institutions financières du Québec, Alain Paquet, proposait d’ailleurs un train de mesures visant à favoriser l’essor des petits placeurs et augmenter l’accès aux marchés boursiers des entreprises québécoises.

C’est ainsi que les libéraux avaient réintroduit les régimes d’épargne-action (REA II) dans le budget 2012. Pour l’ex-ministre Paquet, c’était là une façon d’aider à la fois l’industrie financière et les PME québécoises.

Maxime Lemieux

Plus tôt cette année, le parquet torontois lançait TSX Essor, un service conçu pour aider les PME à réaliser un PAPE.

Quand on lui demande si ces initiatives peuvent faire une différence pour les PME, Maxime Lemieux les juge intéressantes.

« Mais quand l’accès au crédit est si peu coûteux, comme c’est le cas actuellement, les PME préfèrent éviter l’inscription en bourse, et s’éviter ainsi tous les tracas et les coûts liés à la réglementation. »

Jean-François Parent