L’État pourrait économiser en haussant le salaire minimum

Par La rédaction | 12 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le gouvernement du Québec pourrait augmenter ses revenus de près d’un milliard de dollars par année… simplement en augmentant le salaire minimum à 15 $ de l’heure.

Selon des calculs de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), Québec se prive présentement d’une marge budgétaire de 930 millions de dollars « en maintenant le salaire minimum sous la barre du salaire viable ».

« En maintenant le salaire minimum sous les 15$ de l’heure, l’État québécois subventionne indirectement certaines entreprises. Comme elles ne payent pas leurs employés un salaire qui leur permet de se sortir de la pauvreté, l’État doit compenser par des mesures de soutien du revenu, comme la prestation fiscale fédérale pour le revenu gagné ou la prime au travail du Québec », avance Pierre-Antoine Harvey, chercheur-associé à l’IRIS.

L’organisme de recherche estime qu’un salaire minimum de 15 $ de l’heure permettrait au gouvernement de verser 295 M$ de moins en soutien du revenu. L’IRIS affirme en outre que les autres mesures souvent proposées par le milieu patronal, comme l’augmentation de l’exemption personnelle de base, du crédit d’impôt pour solidarité ou de la prime au travail « ne ciblent pas aussi bien les travailleurs pauvres qu’une hausse du salaire minimum à 15 $ de l’heure ».

« Ces mesures sont d’ailleurs fort coûteuses, puisqu’elles exigent des centaines de millions en dépenses publiques, alors qu’une hausse du salaire minimum, elle, générerait des économies », constate Mathieu Dufour, également chercheur à l’Institut.

Une marge de manœuvre de près d’un milliard de dollars permettrait en outre à l’État de mettre en place des mesures pour prévenir les effets négatifs d’une hausse du salaire minimum. Des mesures pourraient notamment cibler des secteurs soumis à la concurrence internationale, alors que des emplois publics ou des programmes d’insertion en emploi pour les personnes avec difficultés d’intégration au marché du travail pourraient être financés directement afin de combler certaines pertes d’emplois.

DES CONCLUSIONS CONTESTÉES

D’autres groupes de recherche estiment au contraire qu’une hausse marquée du salaire minimum aurait davantage d’effets négatifs que positifs. Dans une étude publiée l’année dernière, l’Institut Fraser avançait par exemple qu’une telle hausse aurait un impact limité sur la réduction de la pauvreté puisque la très vaste majorité des travailleurs canadiens au salaire minimum ne vivent pas dans des ménages à faible revenu.

L’Institut économique de Montréal estime de son côté qu’une augmentation subite du salaire minimum à 15 $ de l’heure menacerait des milliers d’emplois dans les régions, où les PME auraient bien du mal à absorber une aussi forte croissance de leur masse salariale.

Des travaux de l’économiste Pierre Fortin concluent en outre qu’une hausse immédiate du salaire minimum à 15 $ de l’heure ferait exploser le taux de chômage dans la province.

La rédaction