Moins de délits économiques

Par Dominique Lamy | 5 mars 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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D’après le plus récent sondage de Pricewaterhouse Coopers (PwC), les entreprises canadiennes font désormais face à moins de délits économiques, mais elles ne doivent néanmoins pas baisser leur garde.

Le supplément canadien du rapport sur le sondage Global Economic Crime Survey (GECS) de 2014 indique que cette tendance pourrait être attribuable à la diligence accrue dont les entreprises canadiennes font preuve dans la mise sur pied de systèmes antifraude complets, intégrant des processus d’évaluation du risque de fraude et de dénonciation.

« Bien que le Canada se maintienne en dessous de la moyenne mondiale, les menaces de crime économique continuent d’évoluer. Comme un virus, le crime économique se dissimule de manière opportuniste et attaque les entreprises là où elles sont le plus vulnérables. Il continuera donc de constituer un problème majeur pour les entreprises de toutes tailles, dans toutes les régions et pratiquement dans tous les secteurs d’activité », dit Marie-Chantal Dréau, associée au groupe Transactions de PwC et leader des services de juricomptabilité de PwC.

Le type de fraude le plus courant que subissent les entreprises canadiennes est le détournement de fonds (58 %), suivi de la fraude liée à l’approvisionnement (33 %), de la cybercriminalité (22 %) et de la fraude comptable (22 %).

D’après les répondants canadiens au sondage, plus de la moitié (61 %) des auteurs de délits venaient de l’intérieur de l’entreprise, et 39 %, de l’extérieur. Le profil du fraudeur type est celui d’une personne d’âge moyen dotée d’un niveau d’études collégiales ou supérieures, qui travaille au service de l’entreprise depuis longtemps.

Préjudice financier et coûts indirects

Parmi les répondants canadiens qui ont subi un crime économique, plus d’un sur dix a déclaré des pertes supérieures à 5 millions de dollars américains. À l’échelle mondiale, le nombre d’entreprises qui ont subi des pertes supérieures à 100 millions de dollars a doublé, passant de 1 % des répondants au dernier sondage de 2011 à 2 % en 2014.

« Au-delà des chiffres, c’est en constatant les effets d’un incident de fraude sur le moral des employés et la réputation de l’entreprise qu’on en mesure le véritable coût », précise Marie-Chantal Dréau. En effet, le rapport dévoile que 47 % des répondants canadiens ont souligné l’incidence majeure du crime économique sur le moral des employés.

Maintenir la vigilance contre la cybercriminalité

La cybercriminalité se classe au rang des cinq principaux risques de crime économique au Canada et dans le monde. Le sondage GECS de 2014 indique qu’environ un répondant sur quatre a subi un crime informatique. « Il nous faut aussi tenir compte du fait qu’un pourcentage significatif des entreprises qui n’ont pas déclaré d’incident de cybercriminalité pourraient en avoir subi un à leur insu. En d’autres termes, une bonne partie des dommages causés par ces attaques restent dans l’ombre », souligne Marie-Chantal Dréau.

Toujours d’après le sondage GECS, le progrès technologique, de même que l’essor des médias sociaux et la dépendance croissante à la connectivité, ont contribué à la prolifération de la cybercriminalité. Mais ce n’est pas strictement un problème d’ordre technologique. Comme l’explique Marie-Chantal Dréau, « les entreprises ne sont pas attaquées par des ordinateurs, mais par des gens qui tentent d’exploiter tant la fragilité humaine que la vulnérabilité technologique. C’est un problème de stratégie, un problème humain et un problème de processus ».

Sévir contre la fraude

Les résultats du volet canadien du sondage indiquent que 62 % des délits économiques sont découverts au moyen des mesures de contrôle interne de l’entreprise, telles que les rapports d’opérations suspectes, l’audit interne ou la gestion du risque de fraude. Les systèmes de dénonciation permettent de détecter moins de 18 % des délits économiques.

« Quand les dirigeants s’intéressent activement à la fraude au sein de l’entreprise et infligent des sanctions disciplinaires aux fraudeurs, ils donnent le ton qui convient. Le ton éthique donné par la direction d’une entreprise, combiné à un contrôle interne solide, constitue le meilleur moyen de dissuader les comportements répréhensibles et d’accroître les chances de détecter les activités frauduleuses », conclut Marie-Chantal Dréau.

Dominique Lamy