Quels avantages sociaux pour les travailleurs âgés?

Par Jamie Marcellus | 11 juillet 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La publication du recensement en 2011 a révélé l’augmentation notable des Canadiens âgés de plus de 65 ans.

Depuis le dernier recensement (en 2006), cette tranche de la population a augmenté de 14,1 %, soit une hausse deux fois plus importante que pour le reste de la population canadienne. De plus, 42,4 % de la population active est âgée entre 45 et 64 ans, un record.

C’est donc un palier important pour les promoteurs de régimes et d’assurance collective, mais pour des raisons différentes que celles évoquées habituellement.

La plupart des publications récentes en matière d’avantages sociaux ou d’assurance collective se sont penchées sur les coûts, et plus précisément ceux liés aux maladies chroniques et aux médicaments sur ordonnance. Même s’il n’y a aucun doute que ces problèmes requièrent de l’énergie et de l’innovation, les désirs et les besoins des employés sont souvent négligés.

Le récent sondage de Sanofi Canada sur les soins de santé, publié en 2012, révèle que 51 % des employés sondés croient qu’ils seront toujours couverts par le régime d’avantages sociaux de leur employeur une fois à la retraite. Cependant, dans la réalité, seulement un quart des retraités bénéficient de tels avantages et plusieurs faits semblent indiquer que les employeurs songent à réduire les avantages sociaux de leurs retraités, afin de diminuer les coûts. La raison principale de cette mesure est que les retraités sont perçus comme une dépense couteuse et inutile, considérant le fiat qu’ils ne contribuent plus à l’effort de productivité de l’entreprise.

Il apparait cependant qu’il y a une volonté chez les retraités de payer pour leurs avantages sociaux (leur désir est surtout d’y avoir accès, à un meilleur prix de groupe). De plus, plutôt que de mettre l’accent sur la productivité, il faudrait peut-être considérer les avantages sociaux pour les retraités comme une stratégie pour engager des employés ou pour pouvoir retenir les employés âgés, les travailleurs boomers étant très qualifiés. Avec une population active qui vieillit, et alors que les travailleurs boomers naviguent tranquillement vers la retraite, les stratégies de recrutement et de rétention des employés, pour être efficaces, devraient songer à répondre aux besoins et désirs des employés boomers en matière d’avantages sociaux. Les promoteurs qui offrent déjà cette option aux employés plus âgés se démarqueront.

Un autre effet du vieillissement de la population active est le désir qu’ont les travailleurs plus âgés de bénéficier d’avantages sociaux ou de voir des améliorations apportées à leurs avantages sociaux qui sont rarement disponibles sur le marché. L’assurance de soins de longue durée (une assurance qui paie les soins à domicile ou les frais d’une infirmière à domicile) semble être un produit très attirant pour les employés, selon le sondage de Sanofi. Ce n’est pas une surprise, compte tenu du vieillissement de la population active et du fait que 27 % des travailleurs canadiens s’occupent d’un de leur proche malade, selon les données du Balancing Paid Work and Caregiving Responsibilities: A Closer Look at Family Caregivers in Canada paru en 2009. Et ce nombre devrait augmenter, à court terme, étant donné le boom prévu chez les 65 ans et plus.

Actuellement, l’assurance de soins de longue durée est rarement disponible dans les régimes d’avantages sociaux canadiens. Le Canada traine de la patte dans ce domaine, comparativement aux États-Unis, où 34 % des employeurs offrent ce type d’assurance, selon le National Study of Employers, paru en 2012. Le défi pour les promoteurs de régimes d’avantages sociaux et d’assurance collective est de répondre aux besoins de ces employés, afin que les plans soient attirants, sans que les coûts soient exorbitants. Comme ce type de produit est habituellement payé par les employés (parfois le coût est partagé par les promoteurs), il faut être attentif aux coûts afin d’augmenter l’attrait du régime. Cela pourrait être accompli par une qualification de groupe ou mise en commun, semblable aux régimes collectifs d’assurance maladies graves.

De plus, il y a un besoin de rendre l’assurance de soins de santé efficace et intéressante pour les employés, et ce à court terme, puisque la plupart des réclamations ne pourront être faite avant ne soient touchées deux (ou plus) activités quotidiennes (par exemple, vous n’êtes plus capable de vous doucher et de vous habiller seul). En introduisant des services utiles, auxquels l’employé assuré à accès dès qu’il en a besoin — par exemple la gestion des cas ou des services juridiques quand l’employé a besoin d’aide tous les jours pour prendre soin d’un parent ou d’un proche — l’assurance de soins de longue durée peut devenir très attrayante, même pour les employés plus jeunes. En utilisant cette stratégie, les employeurs en tirent profit, non seulement en tant qu’innovateur puisqu’ils offrent des avantages sociaux uniques, mais ils feront également des gains de productivité puisqu’ils aideront les employés à faire face aux défis que supposent être un aidant naturel.

Étant donné l’évolution de la population et l’augmentation du nombre de personnes et de travailleurs âgés au Canada, les entreprises doivent trouver des moyens innovateurs afin que leurs employés se sentent engagés, tout en continuant de chercher des manières de réduire les coûts. Les promoteurs de régimes et les assureurs peuvent augmenter l’attrait de leurs programmes d’avantages sociaux en y ajoutant des avantages sociaux uniques, comme l’assurance de soins de longue durée. De plus, les promoteurs doivent augmenter l’accès des retraits à des avantages sociaux, puisque les employés rechercheront les employeurs qui offrent des options intéressantes à leurs employés, mais également à leurs futurs retraités. Ces approches peuvent s’inscrire dans une stratégie efficace de recrutement et de rétention des employés très qualifiés.

Jamie Marcellus est vice-président, Eldercare Select, à First Health Care Services of Canada.

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