Subventions aux entreprises : un Québec généreux

Par La rédaction | 24 janvier 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le Québec verse deux fois plus de subventions aux entreprises que l’Ontario, en proportion de la taille de son économie. S’il peut s’agir, à première vue, d’une bonne nouvelle pour les propriétaires de PME, il n’en est rien, estime l’Institut économique de Montréal (IEDM).

Bien que le Québec ne génère que 19 % du PIB total des provinces, il octroie près de 29 % des subventions versées par celles-ci. « Ce recours disproportionné aux subventions ne se traduit pas par un niveau de richesse plus élevé, sinon le Québec serait la province la plus riche du Canada », note Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l’IEDM et auteur d’une publication sur le sujet.

Le PIB par habitant au Québec était en effet de 47 443 $ en 2016, comparativement à 74 343 $ en Alberta ou à 58 585 $ pour l’ensemble des provinces excluant le Québec.

« Pour chaque dollar que Québec perçoit des entreprises privées, au moins 41 cents sont dépensés sous différentes formes de subventions », souligne Alexandre Moreau.

Le total des subventions accordées par le gouvernement du Québec aux entreprises a atteint au minimum 3,1 G$ en 2016-2017, alors que les recettes de l’État provenant de l’impôt sur le revenu et le gain en capital des entreprises se sont élevées à 7,5 G$.

Ces chiffres pourraient par ailleurs être sous-estimés, puisque les calculs ne tiennent pas compte du risque de ces subventions. Au bout du compte, c’est l’État qui est responsable si l’entreprise n’est pas en mesure de rembourser un prêt ou si la valeur de ses actions baisse.

DES EFFETS PERVERS

L’IEDM affirme que tenter de soutenir l’économie à l’aide de subventions entraîne des effets pervers qui nuisent à la croissance. Par exemple, les augmentations de taxes et d’impôts nécessaires pour financer ces subventions créent des « distorsions » dans l’économie et découragent les activités productives.

Alexandre Moreau va même plus loin en affirmant que le gouvernement se trouve ainsi à « confisquer » l’argent des entreprises les plus performantes pour en faire profiter d’autres qui n’ont pas réussi à convaincre des investisseurs privés qu’elles sont rentables.

« Les effets néfastes liés aux subventions sont connus depuis longtemps. L’économie québécoise se porterait beaucoup mieux si le gouvernement réduisait les subventions aux entreprises et, en contrepartie, leur fardeau fiscal. Une telle réforme améliorerait la compétitivité de toutes les entreprises tout en réduisant les distorsions économiques », conclut Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM.

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