États-Unis : plus d’Afro-Américains réclamés aux CA

Par La rédaction | 15 juin 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Ioulia Bolchakova / 123RF

Aux États-Unis, la pression pour qu’il y ait une plus grande diversité au sein des conseils d’administration des grandes entreprises semble s’accroître depuis quelques mois, rapportent Les Echos.

Fait nouveau, ce phénomène ne concerne plus seulement les traditionnelles associations de promotion des minorités, mais émane parfois des régimes de retraite, souligne le quotidien économique. L’automne dernier, le contrôleur de la ville de New York, qui gère les régimes de retraite publics de la mégapole américaine (soit plus de 200 milliards de dollars d’actif), a ainsi demandé à des dizaines de grandes compagnies (dont Boeing, AT&T et Disney) de songer à nommer des femmes et des personnes racisées aux postes vacants de PDG ou d’administrateur.

Pour appuyer cette demande, le contrôleur de la Grosse Pomme a mis en avant le cas de la National Football League, qui a été une pionnière dans ce domaine en instaurant il y a déjà près de vingt ans une règle destinée à favoriser l’accès de minorités à des postes de responsabilité. Baptisée Rooney Rule, cette disposition contraint l’entreprise à passer en entrevue des candidats issus de la diversité pour chaque poste de direction.

Dans le Midwest américain, une association regroupant 11 régimes de retraite et syndicats a obligé des entreprises de sa région à faire de même, ajoutent Les Echos.

SEULEMENT 11 % D’ADMINISTRATEURS NOIRS

Signe de cette tendance, le capital-investisseur Michael Seibel a été nommé la semaine dernière au conseil d’administration du réseau social Reddit, souligne le quotidien économique. À la suite de la mort de George Floyd, tué par un policier blanc à Minneapolis, le cofondateur de Reddit, Alexis Ohanian, avait justement démissionné pour laisser une place à un dirigeant afro-américain.

Les données du réseau américain Black Enterprise montrent que 39 % des sociétés de l’indice S&P 500 n’avaient aucun Afro-Américain à leur conseil d’administration l’an dernier, soit une hausse de 2 % comparativement à 2018. Maigre consolation, le nombre total d’administrateurs noirs a cependant progressé durant le même période, passant de 308 à 322, dont une vingtaine occupent la fonction de président ou d’administrateur principal.

Contrairement à une idée reçue, les sociétés du secteur des hautes technologies ne sont guère en avance sur les autres en matière de diversité. Si Alphabet, Amazon, Apple ou Facebook comptent aujourd’hui un ou plusieurs administrateurs noirs, ce n’était pas le cas il y a seulement six ans.

Sommées de diversifier leur conseil d’administration, certaines compagnies américaines font parfois d’une pierre deux coups… en nommant des femmes noires, relèvent par ailleurs Les Echos. Entre 2016 et 2018, le nombre de postes d’administrateur détenus par des femmes noires au sein des entreprises du Fortune 100 a ainsi progressé d’environ 45 %, comparativement à seulement 4 % pour les hommes noirs, selon un rapport conjoint d’ABD et du cabinet de conseil Deloitte.

Toutefois, seuls 42 femmes et 94 hommes noirs détiennent un poste dans un conseil d’administration, soit 11 % des sièges (8 % pour le Fortune 500).

LUTTER CONTRES LES INJUSTICES RACIALES

Autre signe que les choses sont peut-être en train d’évoluer chez nos voisins du Sud, le japonais SoftBank Group a récemment annoncé son intention de mettre sur pied un fonds de 100 millions de dollars spécialement destiné aux entrepreneurs noirs souhaitant fonder des startups.

Dans une lettre interne dont l’Agence France-Presse a pu prendre connaissance, le vice-président exécutif du géant nippon indique que « ce fonds investira seulement dans des entreprises dirigées par des fondateurs et entrepreneurs de couleur ». SoftBank Group est spécialisé en investissement dans les nouvelles technologies.

Les entreprises financées par des fonds de capital-risque sont en effet dirigées « à une écrasante majorité » par des hommes blancs formés dans les plus prestigieuses universités américaines et basées dans la Silicon Valley, signale Marcelo Claure, chef de la direction de SoftBank Group.

« Seul 1 % des fondateurs soutenus par des acteurs de capital-risque sont des Noirs », soutient le dirigeant.

Enfin, Bank of America, la deuxième banque la plus importante aux États-Unis, vient elle aussi d’annoncer qu’elle consacrera un milliard de dollars, répartis sur quatre ans, à financer divers projets contre les injustices raciales de l’autre côté de la frontière, souligne l’AFP.

La rédaction