Assurance vie : nouvelle tendance chez les jeunes

Par Siham Lebiad | 27 août 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Jeune adulte au sommet d'une montagne
Photo : South_agency / iStock

L’assurance vie a longtemps peiné à séduire les plus jeunes. Cette tendance est en train de s’inverser. En cause, de nouvelles inquiétudes reliées aux conséquences financières de la pandémie de COVID-19, mais aussi une plus grande prise de conscience chez les moins de 30 ans de l’importance de protéger leur patrimoine, leurs projets et leurs proches.

« J’ai l’impression qu’à chaque décennie, nous vivons un moment décisif pour une génération. Et cette pandémie semble être le moment décisif pour cette génération de jeunes. Nous croyons que pour les 10 à 20 prochaines années, cet évènement mènera à une plus grande réceptivité aux propositions reliées à l’assurance vie », déclare Steven Cooney, premier vice-président et chef, Assurance vie et rentes individuelles à BMO Assurance.

Selon Plan de protection du Canada, le nombre de polices d’assurance vie émises pour les clients âgés de moins de 30 ans, entre la mi-mars et juin 2020, a augmenté de près de 20 %, par rapport à la même période l’année dernière. Si l’on compare ces données avec celles de la période allant de janvier à mi-mars 2020, on constate une augmentation de 14 % des polices d’assurance vie émises pour les clients de moins de 30 ans.

Le fournisseur d’assurance vie a d’ailleurs récemment lancé un produit destiné aux « personnes en bonne santé » (une assurance vie sans exigence médicale), une occasion pour les jeunes de se protéger à moindre coût, selon Michael Aziz, coprésident de Plan de protection du Canada. Celui-ci a mis de l’avant une stratégie marketing qui cible les jeunes sur les plateformes qu’ils privilégient, répondant à une difficulté pour les assureurs de rejoindre ce segment de la population qui n’utilise pas les mêmes outils de communication que la génération précédente.

« Auparavant, les jeunes de moins de 30 ans avaient besoin d’un élément déclencheur pour penser à se procurer une assurance vie, que ce soit le mariage ou l’achat d’une propriété. Maintenant, ils réalisent que le besoin d’une telle protection existe en dehors de ces contraintes », déclare Michael Aziz.

Du côté de BMO Assurance, le besoin de protection se fait ressentir aussi. La banque a remarqué une nette augmentation du nombre de souscriptions depuis le début de la pandémie, la proportion attribuée aux jeunes souscripteurs n’a cependant pas pu être confirmée.

LA PANDÉMIE COMME DÉCLENCHEUR

« Au début de la pandémie, c’est plutôt une diminution des soumissions que nous avons remarquée, qui a résulté de la fermeture des économies et de l’obligation pour les clients de rester chez eux, note Steven Cooney. Puis, au fur et à mesure que d’autres outils ont été déployés, nous avons noté une croissance des souscriptions, qui se situe entre 10 % à 15 % au-dessus des niveaux moyens. »

Les raisons de cette augmentation sont diverses, mais Steven Cooney reconnaît que la pandémie a pu jouer un rôle dans la prise de conscience des protections offertes chez des investisseurs qui, jusqu’à tout récemment, étaient réticents à l’idée d’ajouter une assurance à leur portefeuille.

« Avec la pandémie, je crois que les gens ont pris conscience que l’inconnu pouvait arriver, et vu que certains sont à l’étape de fonder une famille ou d’acheter une première maison, ils ont réalisé l’importance de protéger la sécurité financière de la famille. », explique Steven Cooney.

L’assurance vie a différents objectifs chez les clients de moins de 30 ans, explique William Bonin, conseiller en sécurité financière chez Desjardins. Le premier est de protéger la famille et les proches. Le but est de ne pas laisser de dettes à ses proches. Au début de la vie adulte, on peut contracter des prêts pour financer certains projets, donc il est important de protéger ces créances advenant un décès afin qu’elles ne deviennent pas un fardeau pour la succession.

« D’après ce que j’ai remarqué, la pandémie a sonné une certaine cloche, et pas seulement du côté de l’assurance vie, mais aussi du côté de la protection du vivant, constate-t-il. Au début de la pandémie, plusieurs personnes ont perdu leur emploi. Elles ont réalisé qu’en l’absence de protection adéquate, leur épargne pouvait ne pas être suffisante pour pallier la perte ou la diminution des revenus. »

PAS POUR TOUT LE MONDE

La question de savoir si l’assurance vie convient ou pas à une personne dépend de ses propres réalités et circonstances personnelles, explique Steven Cooney. « Il y a des moments où ce n’est certainement pas approprié. Et même lorsque cela est approprié, le conseiller doit s’assurer de trouver la bonne couverture en fonction des réalités et des besoins du client. Si votre client vient de terminer ses études, qu’il est célibataire et qu’il n’a pas de dettes d’études, l’assurance vie n’est peut-être pas nécessaire. Règle générale, l’assurance vie est adéquate à certaines étapes importantes de la vie telles que le mariage, l’arrivée des enfants ou l’achat d’une propriété. »

La responsabilité du conseiller réside dans la capacité de bien évaluer la situation de son client, afin de déterminer si un produit convient ou pas à ses besoins. La sollicitation des clients dans le cadre de l’assurance ne peut dépasser le stade de recommandation, le client devant prendre la décision finale d’adhérer ou non.

« Je pense que notre responsabilité, en tant que conseillers, est de se concentrer sur les besoins du client, juge William Bonin. Les solutions que nous proposons doivent protéger l’aspect financier relié au besoin de planification. Si le client valorise ses objectifs, il lui reviendra de décider si la protection est suffisante. Notre mission est de formuler des recommandations adéquates et de démontrer les bienfaits d’une protection. Mais la décision finale revient au client. »

Siham Lebiad