Maladies graves : et si votre client n’était pas couvert?

Par La rédaction | 14 janvier 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Stéthoscope et médicaments.
Photo : Alexander Korzh / 123RF

Souscrire une assurance maladies graves offre une certaine tranquillité d’esprit. Les assurés croient qu’ils seront à l’abri du risque financier pouvant résulter d’un cancer, d’un AVC ou d’une crise cardiaque. C’est le cas de Josée Morin et Denis Capes, mais lorsque le moment est venu de réclamer de l’argent à leurs assurances respectives, celles-ci ont refusé.

Optométriste de métier, Josée Morin souscrit en 2009 une assurance maladies graves avec la Great-West. Cette police d’assurance de 100 000 $ couvre 24 maladies dont le cancer, la crise cardiaque, la cécité ou encore l’Alzheimer. Josée Morin débourse 335 $ par mois pour celle-ci.

« Si je dois cesser de travailler, je dois protéger mes revenus futurs, explique-t-elle. C’est pour ça que j’ai pris cette assurance », confie-t-elle dans une entrevue à Radio-Canada.

Toutefois, le 27 décembre 2016, lorsque Josée Morin est diagnostiquée d’un cancer du rein, sa compagnie d’assurance refuse de l’indemniser sous prétexte qu’il ne s’agit que d’un « petit cancer ».

L’assurée ne comprend pas cette réponse de son assureur; à cause de sa maladie, elle a dû subir l’ablation de son rein droit et n’a pas pu travailler pendant sept mois.

« C’était dévastateur. J’ai un cancer qui risque de me faire mourir statistiquement à 30 ou 40 %, en l’espace de cinq ans », raconte-t-elle.

Selon le contrat de la Great-West, pour être indemnisé, le cancer de l’assuré doit être invasif. Il doit envahir les tissus autour de l’organe touché, or le cancer de Josée Morin n’a pas endommagé les tissus autour de son rein.

Un an plus tard, l’histoire se rejoue. Josée Morin apprend qu’elle a un deuxième cancer, mais là encore ce n’est pas assez grave pour sa police d’assurance. Interrogée par Radio-Canada, la Great-West a refusé de commenter le dossier, tout comme l’ACCAP.

UNE FAUSSE CRISE CARDIAQUE?

Denis Capes, courtier en assurance, était fier de dire qu’il avait été l’un des premiers à souscrire une assurance maladies graves au début de l’année 2000. Mais 17 ans plus tard, son optimisme pique du nez lorsqu’il est terrassé par une crise cardiaque et que Manuvie, sa compagnie d’assurance, refuse de l’indemniser.

« J’avais Manuvie tatouée sur le cœur. On achète le produit, on se croit couvert, la compagnie nous incite à croire qu’on est à l’abri, qu’on a la tranquillité d’esprit. C’est loin d’être vrai », témoigne Denis Capes à la télévision d’État.

Malgré une opération à cœur ouvert de plusieurs heures, sa police d’assurance ne considère pas cette affection comme une crise cardiaque. « Son électrocardiogramme n’a pas eu de nouvelles variations », précise l’assureur dans la lettre de refus.

UN JARGON INCOMPRÉHENSIBLE

Jacqueline Bissonnette, l’avocate en droit des assurances que Josée Morin a contactée pour poursuivre sa compagnie d’assurance après son cancer, estime que les contrats sont bien trop complexes pour les assurés. Selon elle, sa cliente ne pouvait pas comprendre la portée de sa police d’assurance au moment de la signature du contrat.

« Pour un assuré qui lit ça, c’est du chinois, à moins d’être médecin », affirme-t-elle en entrevue avec Radio-Canada.

Si les publicités sont simples à comprendre avec des statistiques alarmantes comme un Québécois sur deux sera atteint d’un cancer, les contrats n’ont visiblement pas été écrits par les mêmes personnes.

Les contrats d’assurance utilisent des termes médicaux très précis sans en expliquer les caractéristiques comme :

Par un cancer constituant un danger de mort, on entend une tumeur caractérisée par la croissance désordonnée et la prolifération des cellules malignes et l’invasion des tissus. La définition constituant un danger de mort ne comprend pas les formes suivantes de cancer :

  • carcinome in situ mélanome malin à une profondeur de 0,75 mm ou moins
  • carcinome squameux de la peau non métastasée

« Ça crée chez les individus ce que moi j’appelle un faux sentiment de sécurité. Les gens, à la lecture de la police, ne peuvent pas voir à quel point cette police est limitée, commente Jacqueline Bissonnette. Il va falloir à un moment donné [que l’assureur] s’assoie et qu’il parle français pour que l’assuré puisse le comprendre. S’il ne le fait pas, quant à moi, il est responsable des attentes qu’il crée chez son assuré. »

La rédaction