Briser les mythes sur les FNB

Par Carole Le Hirez | 20 juin 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’engouement pour les fonds négociés en Bourse (FNB) s’accompagne également de plusieurs mythes et fausses idées chez les investisseurs. Erika Toth, directrice de la distribution des FNB institutionnels pour l’Est du Canada, chez BMO Gestion mondiale d’actifs, en déconstruit quelques-uns. 

1) Les FNB ne sont pas liquides

C’est un des principaux mythes sur les FNB qui a la vie dure, selon Erika Toth. Toutefois, leur liquidité est précisément un des principaux avantages de ces produits, car ils se négocient comme des actions à la Bourse. Une des erreurs des investisseurs consiste toutefois à mesurer la liquidité d’un FNB en se basant sur le volume des parts négociées, note-t-elle.

« S’il s’agit d’un bon indicateur pour les actions, il convient de procéder différemment avec les FNB. La meilleure façon de mesurer la liquidité d’un FNB est de regarder l’écart entre le cours acheteur et le cours vendeur », indique Erika Toth.

La principale différence entre les actions et les FNB réside dans la structure ouverte de ces derniers, qui permet de créer ou de racheter des unités en fonction de la demande. Les mainteneurs de marchés ont la responsabilité de faire les cotations et de fournir la liquidité au marché.

Il existe trois niveaux de liquidité des FNB, explique Erika Toth.

  • la liquidité naturelle déterminée par le volume des ordres d’achat et de vente des unités de FNB sur le parquet de la Bourse;
  • la liquidité assurée par les mainteneurs de marché, qui créent ou rachètent des unités de FNB;
  • et la liquidité créée par l’interaction entre les fournisseurs et les mainteneurs de marché.

L’écart entre le cours acheteur et le cours vendeur peut aussi varier selon la catégorie d’actifs, précise la spécialiste. Pour des actions de grandes capitalisations américaines ou canadiennes, il est ainsi normal de constater un écart de deux ou trois cents par unité, mais dans d’autres catégories d’actifs, comme des actions européennes ou internationales, l’écart peut être légèrement plus élevé. La spécialiste recommande de négocier les actions de préférence lorsque le marché sous-jacent est ouvert.

« Si on transige quand le marché est fermé, on risque d’avoir un écart plus élevé et donc de payer plus cher. Plus l’écart entre le cours acheteur et le cours vendeur est serré, plus le FNB est liquide. »

2) Les actions donnent de meilleurs rendements que les FNB

Voilà une autre idée reçue qu’il est facile de démonter, considère Erika Toth. En observant les rendements des indices SPIVA (S&P Indices Versus Active), à court terme, il est possible de surperformer l’indice. Cependant, plus l’horizon de placement est long, plus il est difficile de le battre. En 2021, 67% des gestionnaires actifs ont sous-performé l’indice au Canada, signale l’experte. Les actions américaines représentent la catégorie d’indice la plus difficile à battre. Dans les faits, 96 % des gestionnaires actifs ont sous-performé l’indice américain en 2021.

3) Les FNB sont plus risqués que les actions

Les FNB ne sont pas plus risqués que les titres individuels, martèle Erika Toth. Ils seraient même moins risqués, car ils se composent d’un panier de titres diversifiés. Leur valeur est donc moins susceptible de varier au cours d’une même journée que celle d’une action indicielle qui peut chuter brusquement à la suite d’une annonce trimestrielle d’une compagnie, par exemple.

La notion de risque dépend des objectifs de placement des investisseurs, souligne l’experte. Pour les investisseurs retraités, qui veulent moins de volatilité dans leur portefeuille, certains types de FNB peuvent procurer un niveau de revenu mensuel intéressant, selon elle. Cette dernière recommande finalement les FNB indiciels pour des investisseurs qui ont un long horizon de placement.

« Le marché des FNB au Canada a beaucoup évolué. On dénombre aujourd’hui près de 1 200 FNB et 42 fournisseurs. Les FNB ne sont plus juste des instruments qui cherchent à reproduire un indice. Ils peuvent répondre à différents besoins », souligne Érika Toth.

4) Les FNB provoquent des krachs boursiers

Les FNB sont représentatifs des actions et des obligations qu’ils détiennent dans leur panier, indique l’experte de BMO. Ils reflètent les actifs sous-jacents de leurs investissements. De plus, ils représentent un faible pourcentage de l’univers de l’investissement, qui incluent les actions, les fonds communs et les fonds de placement garantis. Pour ces raisons, affirme Erika Toth, ils ne peuvent pas provoquer à eux seuls une baisse subite des marchés et encore moins un krach boursier.

323 G$

Actifs détenus dans des FNB canadiens

53 G$

Créations nettes

Banque Nationale Marchés financiers, 2021