Les FNB ont le vent en poupe

Par Nicolas Ritoux | 27 février 2023 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2023
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Les investisseurs apprécient particulièrement les fonds négociés en Bourse (FNB) à revenu fixe, à critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance), et à gestion active, selon David Stephenson, directeur de la stratégie pour les FNB, Gestion d’actifs CIBC.

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« L’année dernière a été excellente pour les FNB, surtout en comparaison aux fonds mutuels qui ont connu des sorties de capitaux. Malgré la volatilité ambiante, l’industrie canadienne des FNB a reçu plus de 38 milliards d’injections de fonds en 2022, ce qui en fait sa troisième meilleure année à ce jour. Pendant ce temps aux États-Unis, c’était la seconde meilleure année pour l’industrie avec 600 milliards de fonds frais », se réjouit David Stephenson.

Selon l’expert, les investisseurs voient désormais les FNB non seulement comme des placements stratégiques à long terme, mais aussi comme des outils tactiques pour « exprimer une vision du marché ». Si, par exemple, les taux d’intérêt et l’inflation montent, on peut utiliser certains FNB pour rendre son portefeuille plus défensif, ou bien l’exposer à un thème spécifique. Il note que l’an dernier, la volonté de préserver le capital a poussé les investisseurs à se réfugier dans les FNB de dépôts à intérêt élevé.

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« En général, je crois que les raisons d’utiliser les FNB se sont multipliées au fil des cinq dernières années, et ont dépassé la simple répartition d’actifs. Les gestionnaires de patrimoine les utilisent désormais pour façonner des produits de placement en vue d’objectifs spécifiques pour leurs clients. La tendance est à la personnalisation et à la diversité des choix et thématiques de produits. Les FNB sont si simples d’emploi que les gens s’en servent pour faire pivoter leurs portefeuilles et tirer parti des occasions de marché », observe David Stephenson.

Il croit aussi que les mouvements de taux d’intérêt ont poussé les investisseurs vers les FNB. La Banque du Canada a haussé ses taux de 0,25 % en mars 2022 à 4,5 % aujourd’hui, ce qui représente l’un des resserrements les plus rapides de son histoire. Le marché obligataire canadien a perdu près de 12 % en 2022, soit l’une de ses pires années jamais enregistrées. Du côté des actions, l’indice américain S&P 500 a reculé de 13 % en 2022, et les actions canadiennes ont perdu 6 %. Dans ce contexte, les portefeuilles équilibrés ont connu une année difficile, et « il n’est pas surprenant que les investisseurs se soient rabattus sur des produits monétaires ou à très court terme, et sur des placements défensifs comme les fonds à dividendes et à options d’achat couvertes », indique l’expert.

À eux seuls, les FNB de dépôts à intérêt élevé et les FNB à options d’achat couvertes ont reçu environ 60 % des fonds injectés l’an dernier dans la catégorie.

« Les investisseurs recherchent du rendement et des flux de liquidités, or ces produits offrent les meilleures performances à ce titre. Étant données les incertitudes qui persistent dans le marché, avec le débat qui continue sur la question de l’atterrissage économique en douceur, il faut s’attendre à ce que ces produits continuent d’attirer beaucoup d’intérêt », estime David Stephenson.

« Je crois cependant que le revenu fixe va continuer d’être pertinent. Au Canada, les rendements sur le revenu fixe composé et sur les obligations à court terme sont de 4 %, les titres de sociétés de catégorie investissement offrent 6 %, et les titres à haut rendement ou des pays émergents atteignent 7 à 8 %. La gestion active peut jouer un rôle important avec des mandats flexibles et une vaste gamme de possibilités. Au bout du compte, les investisseurs peuvent toucher de bons rendements avec un risque modéré. On n’a pas vu de tels pourcentages depuis 15 ans, soit avant la crise financière de 2008 ! », note-t-il.

« Du côté des actions, ce sont plutôt les FNB à dividende qui attirent des fonds. Il y a aussi de belles occasions de se diversifier hors de l’Amérique du Nord, notamment avec la réouverture de la Chine et les prix modérés en Europe et en Asie comparativement aux États-Unis. Les gestionnaires ont intérêt à tirer parti de ce momentum », ajoute David Stephenson.

Selon l’expert, il faut s’attendre à ce que la quête du revenu domine encore l’esprit des investisseurs en 2023, et d’ailleurs, beaucoup de nouveaux produits à options d’achat couvertes ou à revenu fixe sont récemment apparus.

L’autre domaine d’intérêt concerne les critères ESG, qui bien qu’ils ne représentent que 2 % de l’actif sous gestion dans les FNB, soit 8 milliards de dollars (G$), font l’objet d’une « explosion » d’intérêt depuis environ trois ans. Là où ne comptait que 20 FNB à critères ESG en 2018, on en trouve désormais 140, soit sept fois plus ! Reste à voir lesquels répondront le mieux aux préférences de chacun ; il s’agit de « laisser le marché décider des gagnants », croit David Stephenson, qui note au passage que les générations montantes sont les plus intéressées par ces produits.

Il insiste sur l’importance de la gestion active, que l’on trouve dans les FNB canadiens depuis 2008 mais qui a gagné du terrain puisqu’on la trouve dans une majorité de produits aujourd’hui. Déjà, 30 % de l’actif sous gestion des FNB est en gestion active ; il est passé de 20 G$ en 2017 à environ 90 G$ désormais.

« Beaucoup d’investisseurs emploient une combinaison de stratégies indicielles et actives pour bâtir des portefeuilles résilients. Dans le revenu fixe par exemple, les gestionnaires peuvent briser l’opacité du marché obligataire en se positionnant sur certaines tendances. Du côté des actions, ils peuvent se concentrer sur les rendements ajustés en fonction du risque, en complément des stratégies passives », explique David Stephenson.

Enfin, il croit que l’évolution de la démographie et des canaux de distribution aura un impact sur les futurs produits de la catégorie.

« Les courtiers traditionnels et à escompte sont des canaux importants, mais je crois que le monde institutionnel de même que les robots vont prendre de plus en plus de place. Les robots ont doublé leur part de marché depuis quelques années, et plusieurs sociétés préparent des stratégies numériques en lien avec les FNB, qui visent surtout les milléniaux et la génération Z qui sont en train d’accumuler de la richesse. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.