Une ouverture pour les produits à court terme à rendement élevé

Par Rudy Luuko | 17 octobre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
5 minutes de lecture

Normalement, les titres à revenu fixe à longue échéance offrent des rendements plus élevés que ceux à courte échéance. Mais nous ne sommes pas dans une période normale. Les hausses consécutives et importantes des taux d’intérêt par la Banque du Canada ont rendu les produits à courte durée plus rémunérateurs.

« Le coût d’opportunité d’investir dans des obligations à plus longue échéance n’a pas de sens », remarque Ahmed Farooq, premier vice-président et responsable de la distribution des fonds négociés en Bourse (FNB) aux particuliers chez Franklin Templeton Canada.

Le 12 septembre, la société torontoise a lancé sur le TSX le FNB actif d’obligations à duration très courte Franklin Bissett, son offre de titres à revenu fixe la plus conservatrice.

Géré activement à Calgary par une équipe de Franklin Bissett Investment Management, le FNB adopte une position défensive avec une durée d’un peu plus de six mois dont l’accent est mis sur le crédit de haute qualité. Malgré cela, son rendement dépassait 4 % à la fin septembre, soit près d’un point de pourcentage de plus que les obligations à 10 ans du gouvernement du Canada.

Ahmed Farooq estime que le lancement de ce FNB répondait à l’intérêt des conseillers pour les placements à faible risque qui peuvent générer des rendements plus élevés que les dépôts bancaires sans avoir à s’engager sur une durée fixe.

« Y a-t-il un moyen pour moi d’améliorer ma position de trésorerie sans pour autant m’enfermer dans des produits de type CPG ? se questionne Ahmed Farooq. C’est le genre de question que nous recevons de la part de conseillers à travers le Canada. »

Les frais de gestion du FNB sont de 0,15 %, ce qui est faible pour une stratégie entièrement active, et la qualité de crédit moyenne pondérée est de type A. Les avoirs contiennent principalement des instruments de créance d’émetteurs canadiens, par exemple du papier commercial, des billets d’acceptation bancaire, des obligations qui arrivent à échéance, des bons du Trésor et d’autres équivalents de trésorerie. Même si les taux continuent d’augmenter, entraînant une baisse des prix des obligations, les titres à court terme détenus par le FNB peuvent être reconduits à des taux plus élevés.

Ahmed Farooq indique qu’une autre source potentielle de rendement est constituée par ce qu’il appelle les obligations « survendues », qui se négociaient auparavant à des prix supérieurs, mais sont maintenant à des prix inférieurs. Elles arrivent à échéance à leur valeur nominale, ce qui entraîne une certaine appréciation du capital.

Contrairement aux fonds du marché monétaire, le FNB actif d’obligations à duration très courte Franklin Bissett peut détenir des titres de créance dont l’échéance est supérieure à un an. En fait, lorsque les conditions du marché obligataire deviendront plus favorables, les gestionnaires auront même la possibilité d’étendre la durée jusqu’à deux ans.

« En raison de l’environnement actuel du marché, nous serons probablement dans la tranche des moins d’un an pendant un certain temps, prédit Ahmed Farooq. Si les taux commencent à baisser, alors nous aurons évidemment beaucoup plus de marge de manœuvre pour faire d’autres choses dans le portefeuille. »

Le risque lié à ce type de fonds st de subir des pertes en capital à court terme. « Notre produit n’aura pas une [valeur liquidative] stable, évalue Ahmed Farooq. Il fluctuera parce que nous avons des instruments obligataires individuels à l’intérieur et une stratégie active. »

Au sein de l’univers des FNB, le plus proche rival de la nouvelle offre de Franklin est le FNB BMO obligations à très court terme (ZST/ZST.L), d’une valeur de 763 millions de dollars (M$), qui a également des frais de gestion de 0,15 % et est géré activement par BMO Gestion mondiale d’actifs.

Les titres contenus dans le FNB BMO ont des échéances de moins d’un an ou des dates de réinitialisation à moins d’un an. Fin septembre, son rendement à l’échéance était de 3,97 % et sa durée de 0,45 an, tous deux légèrement inférieurs à ceux du fonds de Franklin Bissett.

Les FNB à court terme les plus populaires sont ceux qui détiennent des dépôts bancaires acquis à des taux institutionnels, avec en tête le FNB d’épargne à intérêt élevé CI (CSAV) avec 3,4 G$, et le FNB d’épargne intérêt élevé Purpose avec 2,6 G$.

Après déduction des frais de gestion de 0,15 % ou moins, ils rapportent des revenus d’intérêts qui se situent actuellement entre 3,50 % et 3,75 % tout en évitant les pertes en capital. Pour des raisons de concurrence, plusieurs grandes sociétés de courtage appartenant à des banques ne les proposent pas à leurs clients.

Le mois de septembre a également vu le lancement du Fonds de gestion de trésorerie Purpose, qui détient environ 60 % de billets d’acceptation bancaire et 40 % de papier commercial, la majorité venant à échéance dans les 30 jours. Au 14 septembre, le rendement net attendu était de 3,30 %.

La hausse des taux à court terme a également fait des fonds du marché monétaire un nouveau choix viable pour les épargnants qui recherchent un revenu, la préservation du capital et des liquidités quotidiennes.

Le Fonds du marché monétaire canadien TD, de la Série Investisseurs, par exemple, offrait un rendement de 2,64 % à la fin septembre, avec des perspectives de hausse. En comparaison, le rendement annuel du fonds en 2021 n’était que de 0,06 %.

Bien que les fonds du marché monétaire soient autorisés à avoir une échéance moyenne pondérée en dollars ne dépassant pas 180 jours, le fonds TD avait une échéance moyenne d’environ 45 jours.

« Le fonds est positionné de manière à profiter de nouvelles hausses des taux d’intérêt », mentionne la gestionnaire de portefeuille Elaine Lindhorst, vice-présidente et directrice de Gestion de Placements TD (GPTD). En détenant des échéances plus courtes, « cela signifie simplement que nous sommes en mesure de revenir sur le marché pour investir en bénéficiant d’un rendement plus élevé, et à un rythme plus rapide ».

GPTD a ajouté un rendement supplémentaire en détenant une partie de ses fonds du marché monétaire dans des crédits d’entreprise, comme des billets de haute qualité émis par de grandes banques, ainsi qu’une certaine exposition à des obligations à taux variable. Au fil du temps, a déclaré Elaine Lindhorst, la gestion active du fonds a produit des rendements supérieurs à ceux de l’indice de référence, « et le principal moteur de ce rendement est notre superposition de crédit ».