7 freins à la croissance mondiale

Par La rédaction | 12 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Hong Li / 123RF

Sept facteurs continueront de limiter la croissance mondiale au cours des prochains mois et des prochaines années, prévoit Gestion d’actifs Manuvie dans un rapport publié hier.

Intitulé Les Sept thèmes, ce document présente les variables qui détermineront les tendances macroéconomiques et boursières à court terme, en plus d’essayer d’anticiper quelles en seront les conséquences pour les investisseurs. Ses auteurs, Megan Greene, économiste en chef à Manuvie, et Robert Boyda, cochef de la répartition de l’actif, se montrent plutôt pessimistes.

Ces sept variables sont :

  • Surendettement : l’endettement total des États et des ménages continue d’augmenter.
  • Abondance de liquidités : l’économie mondiale est inondée de liquidités et l’offre de crédit est abondante, en raison des mesures successives d’assouplissement instaurées par les grandes banques centrales.
  • Chacun pour soi dans la guerre des monnaies : les pays tentent de stimuler la demande et la croissance sur leur sol en augmentant leur compétitivité par la dépréciation de leur monnaie.
  • Rigidité de la réglementation : les normes en matière de capital devenant plus strictes à l’égard des autres actifs, les obligations d’État sont de plus en plus intéressantes sur le plan du coût du capital.
  • Changements démographiques et attrait des titres de créance : le vieillissement de la population incite de nombreux investisseurs à délaisser les actions au profit des titres à revenu fixe.
  • Faiblesse du rendement des obligations d’État : la stagnation à long terme et la politique d’assouplissement monétaire semblent signifier la diminution continue du rendement de ces véhicules.
  • Faible inflation : l’atonie de la demande mondiale devrait se traduire par de faibles pressions inflationnistes; de nombreuses banques centrales rateront donc leur taux d’inflation cible.

LE RÔLE PRIMORDIAL DES BANQUES CENTRALES

Dans un communiqué, Manuvie précise que « le rapport tient compte des événements survenus au cours des 20 derniers mois et tente de prévoir leur implication pour les responsables des politiques et pour les investisseurs ».

« Les mesures prises par les banques centrales ont fait fortement chuter les coûts d’emprunt des gouvernements », commente Megan Greene. Ainsi, en janvier 2015, la valeur totale des obligations d’État à rendement négatif s’élevait à 4 000 G $US. Aujourd’hui, les plus récentes données de Bloomberg montrent que ce montant est proche de 12 000 G $US.

Par ailleurs, les banques centrales jouent désormais un rôle primordial sur les marchés à revenu fixe, ajoute l’économiste en chef. « Le risque est que certaines banques centrales pourraient ne plus avoir d’obligations à acheter, indique-t-elle. C’est notamment le cas de la Banque centrale européenne, car le stock d’obligations d’État allemandes à acheter pourrait s’épuiser l’année prochaine. »

« ÉMERGENCE D’UN DISCOURS ANTIMONDIALISATION »

Même si elle trouve logique que les responsables politiques « aient maintenant recours aux mesures de relance budgétaire pour stimuler la croissance », Megan Greene croit que « le calendrier politique des 12 prochains mois pourrait restreindre leur capacité d’agir, surtout en raison de l’émergence d’un discours anti-élite et antimondialisation dans le monde occidental ».

D’après l’économiste, ce phénomène augmente l’incertitude et celle-ci se reflète dans les indicateurs économiques et politiques, « ce qui, en retour, crée un climat de nervosité ». Sa conclusion? « Cela n’est de bon augure ni pour les placements ni pour la consommation. »

Robert Boyda est du même avis : « Les investisseurs obligataires ne tireront pas grand bénéfice des titres à revenu fixe traditionnels pendant quelque temps. Il est préférable d’adopter une approche plus active, attentive aux occasions, souple et consciente du risque. La recherche de meilleurs rendements peut exiger une vision mondiale qui tienne compte des coupons, du niveau de sécurité, de la devise et du risque lié aux politiques. »

EMBRASSER LA VOLATILITÉ

« Les titres de créance des marchés émergents et les obligations à rendement élevé peuvent offrir une juste valeur », juge en outre le cochef de la répartition de l’actif à Manuvie. Dans ce contexte, « il pourrait être difficile de trouver des placements intéressants autrement que dans des situations particulières créées par des anomalies périodiques sur les marchés mondiaux », ce qui implique « d’accepter la volatilité et l’incertitude qui offrent des occasions », poursuit-il.

« Étant donné la faiblesse de la croissance et de l’inflation à l’échelle mondiale, les investisseurs des marchés des actions se sont tournés vers les secteurs défensifs et les actions productives de dividendes qui se comportent comme des obligations. Nous estimons que ces titres sont surévalués », ajoute encore Robert Boyda. D’autant plus qu’en raison du surendettement qui limite les dépenses des États, « la politique budgétaire n’aura qu’une légère incidence sur la croissance ».

« Dans une conjoncture de faible croissance mondiale, les actions américaines sont pleinement valorisées. Quant aux actions européennes, elles pourraient offrir des occasions à ceux capables de regarder au-delà de la myriade de crises », assure l’analyste, qui pense toutefois qu’il est encore trop tôt pour se lancer. Enfin, il souligne que « les actions des marchés émergents sont relativement peu chères », et que « la marge de manœuvre qu’offre la valorisation pourrait constituer une certaine protection au sein d’une catégorie d’actif volatile ».

La rédaction