Arrêtez de haïr les fonds indiciels

Par La rédaction | 13 janvier 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Homme avec un air méfiant, les bras croisés.
Photo : Ion Chiosea / 123RF

Plus les fonds indiciels prennent de l’ampleur, plus leurs gestionnaires deviennent la cible de critiques. Mais reprocher à des gestionnaires passifs de reproduire passivement le marché n’est-il pas contradictoire et même absurde? se demande le chroniqueur Matt Levine dans un récent article de Bloomberg.

En décembre dernier, dans le Financial Times, l’ex-vice-président américain Al Gore mettait les gestionnaires de fonds indiciels devant ce qu’il estime être leurs responsabilités. « Veulent-ils continuer de financer la destruction de la civilisation humaine, ou non? ». Il s’en prenait alors aux géants comme BlackRock et Vanguard qui ne soutiennent pas toujours les propositions des actionnaires en faveur du climat, lorsqu’ils ne votent pas carrément contre elles. L’organisme Majority Action a analysé dans une récente étude 41 résolutions proclimat. BlackRock et Vanguard ont soutenu moins de 15 % de ces résolutions, alors qu’un autre géant, State Street, l’a fait environ 27 % du temps.

UN MIROIR DU MARCHÉ

Pour Matt Levine, ce n’est pas la bonne manière de regarder cette situation. Il compare les fonds indiciels à l’Internet ou à Facebook. On peut détester l’Internet ou Facebook, mais au bout du compte les reproches qu’on leur fait devraient plutôt s’adresser au genre humain. Ce que l’on retrouve sur l’Internet ou sur les médias sociaux ne fait que refléter les bons côtés et les travers des milliards d’utilisateurs. C’est la première loi de Balk : tout ce que vous détestez de l’Internet est en fait tout ce que vous détestez des gens. 

De la même manière, les fonds indiciels ne font qu’indexer le comportement des investisseurs. S’ils investissent dans les énergies fossiles, ce n’est pas parce qu’ils veulent détruire la planète (pas plus qu’ils ne veulent la sauver), mais parce qu’ils reproduisent les tendances du marché. C’est la raison d’être de l’investissement passif. Si on devient trop actif dans sa gestion passive, on perd cet avantage. Or, le marché a ses raisons que la raison ne comprend pas toujours… Et ces raisons peuvent conduire à des résultats que les gestionnaires ou les investisseurs, individuellement, ne souhaitent pas. Comme la destruction de la civilisation humaine…

PAS TROP PASSIF, PAS TROP ACTIF

Si l’on veut changer la donne, il faut donc modifier le comportement des gestionnaires de portefeuille actifs, puisque les gestionnaires passifs ne font que suivre les tendances. Si les gestionnaires actifs et les investisseurs délaissent les actions des entreprises du secteur des énergies fossiles, les fonds indiciels suivront. 

Quant aux fonds indiciels, ils sont confrontés à un dilemme. En effet, ils ne font pas que détenir des actions, ils votent aussi dans les assemblées d’actionnaires. Certains souhaitent qu’ils se servent de leur influence pour modifier le comportement des entreprises. D’autres font remarquer que la concentration d’entreprises détenues par les mêmes grands investisseurs passifs est un risque à la concurrence et que ces actionnaires ont plutôt intérêt à se faire discrets.

Pas facile de trouver un équilibre entre ceux deux pôles…

La rédaction