Aversion au risque : que peut faire un investisseur?

Par La rédaction | 28 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Konstantin Sutyagin / 123RF

La manière parfois subjective dont un investisseur perçoit ses gains et pertes potentiels est importante, car elle contribue à valoriser certaines occasions plus que d’autres pourtant très semblables, estime Challenges.

Dans un article et une vidéo mis en ligne mardi sur le site du magazine économique français, Roméo Tédongap, professeur de finance à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), tente d’expliquer les motivations d’un investisseur ayant une aversion au risque sur le capital.

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En matière de risque de détérioration des marchés, il faut tenir compte de deux facteurs principaux, explique le spécialiste. D’une part, la fréquence des pertes, c’est-à-dire la probabilité d’en subir une; d’autre part, l’ampleur moyenne de cette perte éventuelle.

DEUX TYPES DE CHOIX D’INVESTISSEMENT

Prenant comme exemple la différence entre des stations de radio AM et FM, le professeur note que les premières fonctionnent par la modulation de l’amplitude du signal, tandis que les secondes marchent par la modulation de sa fréquence. « Presque de la même manière, compare-t-il, les investisseurs réticents au risque de détérioration feront leurs choix d’investissements. En d’autres termes, ils essaient de moduler l’amplitude et la fréquence de leurs pertes. »

Bien sûr, poursuit Roméo Tédongap, chaque investisseur aimerait réaliser des placements n’ayant qu’une faible probabilité d’être mauvais… et de fortes chances de lui apporter des gains importants! Toutefois, ironise-t-il, ce cas de figure a peu de chances de se présenter sur des marchés financiers performants.

Dans la vraie vie, la « réticence au risque de détérioration » d’un consommateur de produits financiers peut donc l’amener à faire deux types de choix d’investissement : l’un avec de fortes pertes potentielles mais à faible fréquence, l’autre avec de petites pertes mais à une plus grande fréquence. À la question de savoir lequel de ces deux choix est le plus pertinent, le professeur de l’école de commerce répond que cela dépend du taux de rendement de référence.

REVENU RÉGULIER OU GROS GAINS PLUS RARES?

« Les investissements à pertes énormes mais rares vont généralement de pair avec des gains fréquents mais petits », note Roméo Tédongap, qui voit dans la vente de produits d’assurance un bon exemple d’investissements de ce type. En effet, souligne-t-il, ces produits attirent les investisseurs « qui aiment gagner souvent », en particulier les investisseurs obligataires « qui recherchent un revenu régulier et ne s’attendent pas à faire des gains considérables ».

De même, ajoute le professeur, les investissements impliquant des pertes fréquentes mais faibles sont souvent associés à des gains importants mais rares. C’est par exemple le cas des personnes qui achètent régulièrement des billets de loterie. Ce type de produits « attire les investisseurs qui aiment gagner beaucoup, comme les investisseurs boursiers qui recherchent de gros rendements et ne s’attendent pas à ce que ceux-ci soient réguliers », explique Roméo Tédongap. Sa conclusion? « Il faut savoir tenter sa chance! »

La rédaction