COVID-19 : pourquoi les marchés restent optimistes

Par La rédaction | 11 mai 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un homme d'affaire cochant un smiley qui sourit sur un tableau.
Photo : Scandinavian Stock / 123RF

Malgré un ralentissement économique mondial sans précédent, nombre d’investisseurs se projettent dans l’après-confinement et anticipent une reprise soutenue par les solides mesures instaurées par les États, selon Placements Mackenzie.

Dans une récente note publiée par la firme, son vice-président principal et économiste en chef prévient d’emblée que la récession annoncée « est en passe de devenir la pire crise économique depuis la Grande Dépression », rappelant au passage que le Fonds monétaire international s’attend à ce que l’arrêt brutal de l’activité économique se traduise par une baisse de 3 % de la croissance mondiale cette année, soit beaucoup plus que le recul de 0,1 % enregistré en 2008-2009.

Selon Todd Mattina, les économies canadienne et américaine devraient ainsi diminuer d’environ 6 % en 2020, tandis que certains pays de la zone euro pourraient connaître un déclin encore plus marqué. La Banque du Canada estime pour sa part que la baisse du deuxième trimestre se situera entre 15 et 30 %.

« La principale question pour l’avenir est de savoir si cette contraction se traduira par une forte baisse suivie d’un rebond rapide – comme un « ouragan économique » – ou si elle se poursuivra par un effondrement prolongé », explique l’économiste en chef de Placements Mackenzie.

Et la réponse est loin d’être évidente, car le ralentissement actuel diffère des précédentes récessions économiques, qui résultaient de causes traditionnelles, telles qu’une surchauffe de l’économie, des emprunts excessifs ou des faillites bancaires, ajoute-t-il.

LES TROIS FACTEURS CLÉS DE LA REPRISE

D’après le dirigeant, l’ampleur et la durée du ralentissement dépendront de trois facteurs distincts :

  • la durée du confinement (plus l’arrêt sera long, plus les pertes économiques seront lourdes et les pénuries de liquidités importantes);
  • les éventuels changements de comportement des ménages, qui pourraient réduire leurs dépenses pour essayer d’épargner, mais aussi des entreprises, qui pourraient restreindre leurs investissements en raison d’une conjoncture incertaine;
  • les politiques des gouvernements et des banques centrales, enfin, qui devront être efficaces pour éviter une nouvelle détérioration du chômage et un trop grand nombre de faillites d’entreprises.

La plupart des banques centrales ont réduit leurs taux directeurs à environ zéro et mis en place des mesures d’achat direct d’actifs à grande échelle ainsi que de nouvelles facilités de prêt pour soutenir le crédit aux entreprises, souligne Todd Mattina.

Résultat : le bilan de la Réserve fédérale américaine devrait s’accroître « de façon spectaculaire », jusqu’à dépasser 4 500 milliards de dollars américains, soit près de 21 % du produit intérieur brut du pays. De même, le programme d’achat de dettes souveraines de la Banque du Canada pourrait atteindre 200 milliards de dollars canadiens, ce qui représente environ 8,6 % du PIB national.

Cette stratégie, qui s’ajoute aux politiques gouvernementales visant à stabiliser les revenus et à soutenir le marché du crédit, incite les investisseurs à se montrer optimistes, et ce, d’autant plus que la pandémie semble aujourd’hui ralentir dans la plupart des pays, constate Todd Mattina.

TAUX BAS ET VALORISATION DES ACTIONS

Jugeant que « les contrecoups du ralentissement actuel lié au confinement restent possibles cette année », ce qui amplifierait le choc économique déjà encaissé, l’analyste relève cependant que les titres de créance à rendement élevé et les autres formes de titres à effet de levier demeurent « vulnérables ».

Dans ces conditions, il entrevoit « une période prolongée avec des taux d’intérêt directeurs à leur limite inférieure pour soutenir une reprise économique progressive vers la tendance pré-pandémique ». Il croit ainsi que les bénéfices des sociétés « devraient se rapprocher progressivement de la moyenne à long terme ».

Todd Mattina estime que ceci devrait mener à une hausse de la valeur des actions à long terme. « À court terme, les marchés boursiers sont poussés par les perspectives cycliques incertaines et la confiance des investisseurs. Comme les scénarios à la hausse et à la baisse semblent à peu près équilibrés aux prix actuels du marché, nous maintenons une répartition tactique proche de la neutralité pour les actions relativement aux obligations d’État », détaille-t-il.

Enfin, l’analyste croit également que les bas taux d’intérêt et le retour graduel des profits pour les entreprises pourraient également « favoriser l’augmentation de la juste valeur à long terme des marchés boursiers ».

Il faudra néanmoins surveiller de près l’évolution du coût de la vie, qui constituera alors un indicateur important de l’après-COVID-19. « Une fois la crise résolue, une inflation plus élevée pourrait entraîner une hausse des taux à long terme, ce qui pèserait sur la valorisation des actifs. À mesure que l’économie se redressera, il sera donc important de surveiller pour déceler les signes d’un changement de tendance », conclut Todd Mattina.

La rédaction