Dans quoi investir en 2019?

Par La rédaction | 26 novembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Investisseurs discutant dans un bureau.
Photo : 123RF

Alors que la fin de l’année pointe le bout de son nez, il est temps de dépoussiérer les boules de cristal et de tenter de prédire de quoi seront constitués les marchés en 2019. Conseiller en a discuté avec François Bourdon, chef des placements globaux à Fiera Capital.

Ce dernier comprend bien les investisseurs qui rêvent encore avec nostalgie de 2017, puisque cette année-là tous les actifs ont connu de bonnes croissances. L’année qui a suivi a été moins rose : la volatilité est revenue en force et tous les actifs ont rencontré des difficultés. 

L’année 2019 devrait se situer quelque part entre ces deux pôles, selon M. Bourdon. Nous approchons d’une fin de cycle économique, ce qui devrait créer de la volatilité sur les marchés, mais aussi favoriser certaines régions comme le Canada et les pays émergents, dont les performances n’ont pas toujours été reluisantes ces dernières années.

Ces zones ont beaucoup de rattrapage à faire par rapport au marché américain, ce qui devrait donner un coup de fouet à leur croissance. De plus, l’arrivée d’une fin de cycle économique entraîne généralement une hausse des prix de l’énergie et des matières premières. Le dollar canadien devrait aussi remonter aux alentours des 80 cents américains, alors que les taux d’intérêt continueront eux aussi à augmenter lentement.

À court terme (12 mois), Fiera suggère aux investisseurs d’être neutres sur les actions, en favorisant le Canada et les marchés émergents au détriment des États-Unis et des actions internationales (EAEO) et de sous-pondérer les obligations en raison de la remontée des taux d’intérêt.

LE RETOUR DES FONDS SPÉCULATIFS?

Sur le long terme (sept ans), les perspectives du marché devraient amener les investisseurs à revoir la répartition d’actifs classique de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations. « Les investisseurs devraient diminuer leur proportion d’actions et d’obligations et accorder plus de place aux stratégies de placement non traditionnelles, comme la dette privée d’immobilier, d’infrastructure ou d’agriculture et même les fonds spéculatifs (hedge funds), qui n’ont pas été très populaires dernièrement. »

Tiens, en effet, on les avait presque oubliés ceux-là… Il faut dire que le marché leur a fait la vie dure ces dernières années. En 2016, l’indice Fund Weighted Composite de Hedge Fund Research montrait un rendement de 5,4 %, suivi de 8,7 % en 2017. Les deux mêmes années, le S&P 500 offrait des rendements respectifs de 11,96 % et 21,83 %, selon YCharts. Toutefois, en date du 5 novembre 2018, il n’offrait qu’un rendement de 3,01 %. 

« Les fonds spéculatifs bénéficient de l’augmentation de la volatilité et de changements de tendances sur le marché, comme le retrait des banques centrales, qui achètent moins de titres, explique M. Bourdon. C’est toujours relatif. Les investisseurs ont délaissé les fonds spéculatifs surtout en raison des bonnes performances du marché boursier. Pourquoi payer pour un fonds spéculatif qui fait 6 % de rendement si la Bourse américaine fait 15 % ? Mais quand le marché américain donne 1 % et que le fonds spéculatif génère encore 6 %, le calcul n’est plus le même. »

PAS UN FLEUVE TRANQUILLE

Parmi les autres occasions intéressantes, M. Bourdon cite notamment la dette des pays émergents, qui offre un taux d’intérêt appréciable et un risque raisonnable dans la perspective où l’on n’attend pas de récession en 2019 ni probablement en 2020. Fiera a d’ailleurs participé en juillet dernier au lancement du fonds négocié en Bourse d’Horizons Actifs obligations de marchés émergents (HEMB).

M. Bourdon prévient toutefois que la géopolitique pourrait venir bouleverser ces prévisions. « En 1995, quand j’ai débuté dans le métier, la géopolitique n’avait pas beaucoup d’incidence, mais depuis le vote en faveur du Brexit en 2016, c’est différent, dit-il. Par exemple, si l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décide d’augmenter sa production pour une quelconque raison, cela viendra modifier notre prévision de remontée des prix de l’énergie. Il faudra donc garder les yeux sur plusieurs pays, dont les États-Unis, la Chine, l’Italie, l’Arabie saoudite, la Turquie et même l’Allemagne. »

Même les meilleures prédictions ne sont pas à l’abri des emportements des Trump, Xi et ben Salmane de ce monde… Pour prédire avec certitude ce dont 2019 sera fait, le mieux est encore d’attendre… en 2020. 

La rédaction