Desjardins : des REER verts qui investissent dans l’or noir

Par La rédaction | 9 octobre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : pogonici / 123RF

Une cliente de Desjardins accuse les fonds SociéTerre proposés par le Mouvement de fausse représentation, rapporte Radio-Canada.

Dans l’émission La Facture diffusée mardi, Leïla Chekir juge en effet que ces placements supposés être « verts » sont en réalité une opération de greenwashing, ou écoblanchiment, car ils investissent dans des compagnies pétrolières et gazières très polluantes.

Propriétaire d’une voiture électrique, la jeune femme se dit passionnée par la défense de l’environnement et souligne qu’avec son auto, elle peut effectuer « cent kilomètres pour un dollar », ce qui « en plus d’être un choix environnemental, est vraiment plus économique » qu’une voiture classique.

« UNE PLACE IMPORTANTE DANS NOS ACTIVITÉS »

Pour être cohérente avec ses valeurs, elle a donc décidé d’investir son régime enregistré d’épargne-retraite dans les portefeuilles SociéTerre de Desjardins en se disant que ces placements seraient « écoresponsables » et sans lien avec le secteur des énergies fossiles. « On annonce ça comme [étant] des REER verts, de l’investissement responsable, avec un impact concret sur la planète et sur ses habitants », explique-t-elle à La Facture.

Toutefois, après avoir mené son enquête, Leïla Chekir a constaté que, parmi la dizaine de fonds dont SociéTerre détient des parts, certains possédaient des intérêts dans des compagnies pétrolières et gazières comme Altagaz, Enbridge ou China Petroleum. Ce qui, selon elle, est incompatible avec un produit baptisé SociéTerre.

Interrogé à ce sujet par Radio-Canada, le chef de produits en investissement responsable pour Desjardins indique que la plupart des fonds SociéTerre se refusent à investir dans trois secteurs, à savoir l’armement, le nucléaire et le tabac, mais que pour l’instant l’or noir n’est pas concerné. « Malheureusement, encore aujourd’hui, le pétrole [occupe] une place importante dans nos activités économiques », reconnaît Denis Dion.

TROIS NOUVEAUX FONDS SANS PÉTROLE

Le porte-parole du Mouvement ajoute cependant que les fonds SociéTerre prennent de plus en plus leurs distances avec les énergies fossiles. Radio-Canada rappelle d’ailleurs que Desjardins a annoncé le mois dernier qu’il offrait désormais trois nouveaux placements sans pétrole, en plus des trois fonds SociéTerre sans or noir déjà existants.

Cette position satisfait Bouchra M’Zali, professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’Université du Québec à Montréal. Questionnée par La Facture, celle-ci estime que depuis ces dernières années, la situation est en train d’évoluer en faveur de l’investissement responsable. Malheureusement, ajoute-t-elle, les investisseurs « verts » ne pèsent pas encore assez lourd pour obliger les marchés à changer leur fusil d’épaule.

« Même si eux n’investissent pas, il y aura toujours un autre investisseur. Parce que tous n’ont pas la même sensibilité à ces enjeux environnementaux. Donc, il y aura toujours preneur », note la spécialiste.

Radio-Canada rappelle que, dans une de ses publicités pour l’investissement responsable, Desjardins indique que les secteurs énergétiques, y compris l’industrie du pétrole, représentent une partie importante du marché boursier canadien et que leur inclusion permet de l’influencer alors que leur exclusion prive du rendement qu’ils génèrent.

La rédaction