Dettes ou retraite ?

Par Kate McCaffery | 18 février 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Tiens donc! Cette année, les Canadiens semblent moins intéressés par les placements, préférant plutôt diminuer leurs dettes. Voilà qui pose un défi aux conseillers qui s’efforcent de maintenir leurs clients sur la voie de la planification de retraite.

Selon un sondage effectué mi-décembre 2009 pour le compte de Financière Manuvie, le pourcentage de personnes dont la priorité est le remboursement des soldes de cartes de crédit, marges de crédit et hypothèques a atteint un sommet sans précédent en cinq ans.

Voici en bref les résultats de ce sondage:

  • Réduire le montant des emprunts à la consommation est la priorité de 28% des sondés, par rapport à 20% dans les premiers mois de 2008.
  • Réduire le montant de leur hypothèque est la priorité de 14%
  • Épargner en vue de la retraite est la priorité de 11% seulement, en comparaison à 14% des participants au sondage de décembre 2008.

On s’en doute, la performance des marchés n’est pas étrangère à ces décisions. Cependant, la réduction des dettes n’est dans l’ensemble pas un véritable souci pour les conseillers, en particulier ceux qui desservent une clientèle nantie, car la plupart des clients continuent à verser leurs cotisations mensuelles ou annuelle, et se prévalent généralement de leur plafond pour obtenir l’avantage fiscal maximum qui en découle.

Toutefois, depuis un an environ, la volatilité en a dissuadé plus d’un; certains clients se demandent s’ils ne devraient pas simplement profiter de leur argent dans l’immédiat plutôt que se hasarder sur les marchés en cotisant à un REER et le voir fondre à vue d’oeil.

Heureusement pour tous, ce raisonnement compte peu d’adeptes et la majorité des clients sont bien au fait des principes élémentaires du placement. «Il est effectivement décourageant de mettre de l’argent dans un REER pour le voir sombrer dans le rouge ou rapporter seulement 0,5%, convient Cynthia Kett, associée chez Stewart & Kett Financial Advisors inc. Il demeure que c’est un des rares abris fiscaux à la portée de la majorité des contribuables. Les gens ont de l’argent de côté et ils cotisent à un REER ou à un compte d’épargne libre d’impôt (CELI). La plupart n’ont pas à se préoccuper de diminuer leur endettement.»

Warren Baldwin, vice-président régional pour TE Wealth Financial Consultants, abonde en ce sens, affirmant que ce n’est pas un regain de rigueur financière qui incite les gens à privilégier le remboursement de leurs dettes, mais plutôt la performance du marché. Il ne faut pas oublier que les sondages sont rétrospectifs. Vous vous souvenez quelle était la conjoncture il y a 12 mois? Il n’est pas étonnant que nous ayons du mal à convaincre les gens à investir sur le marché.»

Aux indécis qui envisagent de renoncer à leurs cotisations régulières en faveur d’une réduction de leurs dettes, il ne faut pas hésiter à répéter certains conseils, tout aussi rabâchés soient-ils.

Premièrement, commission ou pas, les dettes à consommation doivent disparaître. À cet égard, les participants au sondage semblent sur la bonne voie. «Il faut commencer par éliminer les soldes de cartes de crédit; ces dettes sont asphyxiantes», déclare Robert Abboud, conseiller chez Raymond James et auteur de No Regrets.

Certains consommateurs commencent même à s’inquiéter des autres prêts à taux inférieur, étant donné que les taux d’intérêt sont si faibles depuis si longtemps. «Dans l’ensemble, les dettes suscitent un certain malaise, explique MmeKett. On ne peut faire fi de la probabilité d’une hausse des taux d’intérêt; les gens ne veulent pas être pris au dépourvu et préfèrent réduire leurs dettes maintenant.»

Pour les autres, rien n’empêche de rembourser une partie des dettes non déductibles –hypothèque, par exemple– tout en cotisant aux régimes de retraite, quelle que soit la conjoncture du marché. «Personne n’oublie les versements hypothécaires, mais pourquoi ne pas couper la poire en deux? Mettez une partie de l’argent dans un REER et affectez le retour d’impôt au remboursement de l’hypothèque, propose M. Baldwin. Si je réagis ainsi face à ceux qui choisissent de réduire leurs dettes au détriment de leur REER, c’est que le REER ne viendra pas leur taper sur l’épaule pour se rappeler à leur bon souvenir. De saines habitudes financières supposent de cotiser à un REER pratiquement chaque année.»

La réaction des clients Pour savoir comment un tel avis sera reçu, revenons à l’indice de confiance des épargnants Manuvie. Bien que depuis sa création, en 1999, ce sondage sur la confiance des consommateurs ait toujours été positif, cette statistique a fait un plongeon en décembre 2008 puis à nouveau en décembre 2009, atteignant alors son niveau le plus bas de cinq points. À

titre comparatif, signalons que l’indice était à son zénith début 2000 avec 35 points, dégringolant à 11 en décembre 2001.

Dans son rapport, Manuvie indique que les résultats frisaient généralement le sommet en six ans, et se chiffraient à 20 et plus au cours des dernières années.

Évidemment, les actions et les fonds communs de placement ont les pires cotes du sondage. En fait, l’unique catégorie pour laquelle les participants ont exprimé un sentiment négatif cette année est celle des actions; ayant légèrement progressé en septembre, elles ont perdu six points depuis et se situent à -5.

Seulement 33% des sondés considèrent le moment propice pour investir dans des actions ou des fonds communs de placement; 38% estiment que le moment est relativement voire très défavorable pour investir. Concernant les fonds communs de placement uniquement, la tendance s’inverse -40% considèrent la conjoncture est propice pour investir; 27% déclarent que le moment est relativement défavorable, et 23% sont indécis.

Dans l’ensemble, le sentiment exprimé au sujet des diverses catégories et instrument de placement permet de déduire que 65% des Canadiens jugent que leur maison est un bon placement; en outre, à tord ou à raison, les fonds équilibrés ont gagné du terrain, se hissant d’une cote négative au troisième rang de la liste des options de placement les plus populaires. Malgré une perte de 13 points, les placements immobiliers occupent le deuxième rang, conservant leur avance sur les placements à revenu fixe et les liquidités.


Kate McCaffery est journaliste financière pigiste à Toronto.


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