Diversifier les actions au maximum

Par Yan Barcelo | 8 Décembre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Vadim Ginzburg / 123RF

Placements Mackenzie offre une série de six fonds communs et de six fonds négociés en Bourse (FNB) qui visent tous à assurer une diversification maximale d’actions.

La plupart de ces fonds sont concentrés dans différentes régions géographiques (Amérique du Nord, Europe, marchés émergents). L’un d’eux couvre l’ensemble des marchés développés. Ils ont en commun d’être basés sur la méthode de « diversification maximale » de TOBAM, firme parisienne de gestion quantitative dirigée par Yves Choueifaty.

On entend dire à l’occasion que la diversification est le dernier free lunch, le dernier moyen sûr de dégager du profit. Sans doute, mais à la condition que cette diversification soit efficace. Un investisseur peut disposer de 2 000 titres en portefeuille, « croyant ainsi bénéficier d’une diversification optimale, et pourtant souffrir encore d’une trop forte concentration, » explique Michael Cooke, vice-président principal et chef des FNB chez Placements Mackenzie.

On l’a vu encore récemment avec le S&P 500, où six titres technologiques (les fameux FAANGM) occupent une part démesurée de la performance de l’indice. Sans la présence de cette poignée de titans technologiques, qui avaient monté de 25 % dans l’année en cours jusqu’à la mi-août, le S&P 500 était encore en terrain négatif de -3,4% à la même date.

Cette concentration de la performance dans quelques titres tend à se renforcer systématiquement, explique Michael Cooke : « Plus un secteur performe, plus l’indice hausse son allocation de risque à ce dernier ».

STRATÉGIE ANTI-INDICIELLE

La méthode TOBAM derrière les fonds de Mackenzie, méthode que la firme parisienne présente comme une stratégie « anti-indicielle », vise à réduire cette part de risque tout en retenant la capacité de performance du portefeuille.

Pour éviter de subir les déséquilibres des indices, TOBAM optimise la diversification en étalant le risque d’une façon plus égale dans tout le portefeuille. Cela permet d’éviter toute concentration malencontreuse dans quelques biais et secteurs qui accroissent le risque.

TOBAM procède en jouant sur la variable cruciale de la corrélation. Ainsi, dans le FNB Diversification maximale Marchés développés mondiaux Mackenzie, la méthode met en jeu 910 titres qui, un à la fois et par paires de deux, sont systématiquement corrélés avec tous les autres pour établir ceux qui présentent des liens de corrélation élevée ou de corrélation faible.

Il en résulte un graphique très chargé où des groupes se forment, « ce qui permet de construire un portefeuille ayant la plus haute diversification possible et un rendement optimisé par rapport au risque encouru », note Michael Cooke.

Ainsi, on se retrouve avec un portefeuille dans lequel les titres technologiques n’ont pas une pondération de 20,8 %, comme c’est le cas dans l’ensemble des indices de référence, mais plutôt une pondération de 8,1 %, précise le spécialiste. Du côté des titres financiers, leur poids dans le portefeuille est de 6,3 %, plutôt que de 13,9 % pour les indices. En contrepartie, les titres de santé sont surreprésentés, avec un poids de 19,4 % en portefeuille, comparativement à 12,2 % pour les indices.

Cependant, Mackenzie n’utilise pas strictement cette analyse de corrélation. « Nous ajoutons certaines contraintes pour faire en sorte, par exemple, que la part “active” du portefeuille ne soit pas trop éloignée des indices de référence », explique Michael Cooke.

D’autres contraintes sont utilisées, comme une limite géographique limitant la part de chaque région géographique à un maximum de 5 % en portefeuille. Sans ces contraintes, ajoute-t-il, « on risquerait d’ajouter à la concentration et au risque actif, des couteaux à deux tranchants ».

LIMITER LES PERTES

TOBAM fait jouer implicitement certains « moteurs » de diversification mis en valeur par l’étude « When Diversification Fails », de la firme T. Rowe Price.

De toute évidence, TOBAM favorise une répartition de secteurs et de zones qui fera en sorte que, si les titres technologies chutent, ils seront compensés, par exemple, par la bonne tenue des titres de santé et de consommation.

La stratégie met aussi en jeu des paramètres de momentum interactifs qui permettent à un portefeuille de délaisser une catégorie qui perd de la vigueur au profit d’une autre qui en gagne. L’étude de T. Rowe Price montrait qu’une telle stratégie affichait une corrélation de seulement .2 quand les marchés chutent, et de presque .8 quand ils montent.

Par contre, la diversification de TOBAM est limitée aux actions en contexte d’achat. Elle n’intègre aucune stratégie de vente à découvert et ne s’étend pas à d’autres actifs susceptibles d’accroître davantage la diversification.

Une firme comme Picton Mahoney vise une diversification encore plus large en ne misant que sur des catégories d’actifs « purs », c’est-à-dire des actifs peu contaminés les uns par les autres. Par exemple, l’immobilier ne constitue pas un actif « pur » puisque ce secteur est particulièrement sensible aux variations de taux d’intérêt. Ces catégories d’actifs sont au nombre de neuf chez Picton Mahoney, dont cinq se retrouvent du côté des actions et des obligations, auxquelles s’en ajoutent quatre autres : énergie, métaux industriels, métaux précieux et denrées agricoles.

Yan Barcelo

Yan Barcelo

Yan Barcelo est journaliste indépendant. Il collabore à Finance et Investissement depuis 1998.