Ne vous réjouissez pas trop vite du rebond des actions

Par La rédaction | 10 juin 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Nupean Pruprong / 123RF

Si la performance des actions n’a pas été terrible en mai, les grands indices ont pris du mieux en ce début du mois de juin. Le S&P 500 a augmenté d’environ quatre pour cent dans la semaine du 3 au 7 juin, alors que le Stoxx Europe 600 a augmenté de deux pour cent.

Cette bonne passe découlerait surtout de spéculations sur les futures actions de la Réserve fédérale américaine. Les investisseurs sont passablement convaincus que celle-ci réduira son taux directeur à court terme, peut-être dès la prochaine rencontre prévue les 18-19 juin prochain.

LA BCE RESTE EN ALERTE

Pourtant, rappelle le quotidien belge L’Écho, les risques restent bien présents. « L’incertitude concernant les négociations sur le Brexit et celle sur les vulnérabilités de certains pays émergents, qui sont importantes, et plus généralement l’incertitude sur la croissance du commerce mondial, se sont prolongées au-delà de ce que nous pensions en mars », a d’ailleurs souligné le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, lors son allocution à l’issue de la réunion du Conseil des gouverneurs jeudi. Dans la foulée, la BCE a prolongé de sept mois la période pendant laquelle les taux resteront à des niveaux historiquement bas.

TROQUER LES EMPLOIS POUR LES TARIFS

De son côté, Bank of America Merrill Lynch a récemment présenté ce qu’elle considère comme trois risque majeurs. Elle craint que Donald Trump ne se laisse entraîner dans ses guerres de tarifs jusqu’à en oublier son objectif premier de stimuler le marché de l’emploi, ce qui pourrait causer une récession.

Les baisses de taux de la Fed l’effraient aussi, puisqu’elles réduisent sa marge de manœuvre. Enfin, elle s’inquiète du mouvement en faveur du démantèlement des géants des technologies, qui pourrait menacer les premiers de classe boursiers et économique des États-Unis.

L’Écho ajoute à cela le risque de récession, qui augmente. Selon Morgan Stanley, une récession mondiale pourrait survenir dans les neuf mois, si les États-Unis imposent des tarifs douaniers de 25 pour cent sur 300 milliards de dollars canadiens (398 G$ CA) de produits chinois et que la Chine réplique.

FUIR LES ACTIONS ?

Ce contexte pousse plusieurs gestionnaires à sous-pondérer les actions et à se tourner vers les obligations d’États ou l’or. Les fonds en obligation d’État ont collecté 8,9 G $US (11,8 G$ CA) ces derniers jours, selon Bank of America Merrill Lynch. Il s’agit de la deuxième plus forte récolte en un semaine de leur histoire. Les fonds en métaux précieux, notamment l’or, on reçu leurs souscriptions nettes les plus élevées depuis février 2017, à 1,6 G$ US (2,12 G$ CA). 

Pour autant, certains restent convaincus de la valeur des actions comme catégorie d’actifs. C’est le cas de Philipp Vorndran, stratège auprès du gestionnaire d’actifs allemand Flossbach von Storch. Il s’exprimait dans un autre article publié par L’Écho. 

Depuis le début 2019, son fonds affiche une progression d’environ neuf pour cent. Sur dix ans, la progression dépasse 10 pour cent. Après avoir augmenté à 74 pour cent des encours en décembre 2018, l’exposition aux actions est retombée sous la barre des 62 pour cent, un niveau historiquement bas pour le fonds.

Ce dernier conserve 20 pour cent en liquide, pour être prêt à sauter sur les occasions qui se présenteront en cas de correction du marché. Philipp Vorndran insiste : il ne faut pas faire une fixette sur l’année en cours. « Vous ne regardez jamais la valeur de votre maison au 31 décembre, illustre-t-il. Les marchés boursiers proposent aujourd’hui un rendement de 5 pour cent, ce qui signifie que vous serez en mesure de doubler votre position durant les 15 prochaines années. »

LA GUERRE DE TRENTE ANS

Par ailleurs, vaut mieux selon lui s’habituer aux guerres commerciales. Il est d’avis qu’elles affecteront les marchés financiers pour les trois prochaines décennies. En cause, le passage d’un monde capitaliste unipolaire dominé par les États-Unis et leur devise à un monde où ce pouvoir devra de plus en plus être partagé avec la Chine. Un marché bipolaire est naturellement plus enclin aux sautes d’humeur.

« Nous sommes aujourd’hui pour la première fois dans un monde capitaliste où deux superpuissances économiques sont en train de s’affronter, ce qui provoque beaucoup de problèmes, poursuit le gestionnaire. Vu d’Europe, il est difficile d’imaginer à quel point les Chinois sont fiers de leur position actuelle au niveau mondial. Il est selon moi peu probable qu’ils vont se soumettre aux États-Unis. »

Le fonds a des positions importantes dans des sociétés comme Nestlé, Alphabet et Daimler, jugées aptes à naviguer dans cette mer trouble. L’avenir lui donnera-t-il raison?

La rédaction