Investir les yeux tournés vers l’avenir

Par La rédaction | 11 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Dans une récente chronique du Financial Post, le gestionnaire de portefeuille Tom Bradley met les investisseurs et analystes en garde contre la tentation d’utiliser des données actuelles pour évaluer un risque futur.

Il donne l’exemple d’un analyste qui écrivait que les inquiétudes quant à la santé financière des clients des banques canadiennes ne devaient pas être exagérées, en raison de la bonne santé du marché de l’emploi, de la croissance des salaires et du fait que les ratios des services de dettes restaient sous contrôle. Cela indiquait, selon lui, que les évaluations des banques étaient trop basses présentement, en faisant une bonne occasion d’achat.

LIRE L’AVENIR DANS LE PRÉSENT

Pour M. Bradley, cet analyste commet une erreur commune : il utilise des données actuelles pour tempérer une certaine inquiétude quant à l’avenir des banques. « En quoi le fait de me dire « tant que le consommateur va bien, tout va bien » est-il censé réduire mes craintes quant à l’impact sur les profits futurs des banques de l’endettement de leur clientèle ? écrit-il. Ça ne le fait pas. De hauts niveaux d’endettement sont rarement un problème quant tout va bien. »

Il note fréquemment ce type de raisonnement, dont il offre quatre exemples :

1. Les perspectives d’emploi sont excellentes (avenir), car l’économie est en croissance (présent);

2. Le marché continuera de monter (avenir), car les profits sont élevés (présent);

3. Les actions de ressources sont un bon achat (avenir), car le prix des ressources est élevé (présent);

4. Les écarts de rendement des obligations de sociétés resteront faibles (avenir), parce que les défauts de paiement sont rares (présent).

Selon lui, ces données actuelles, toute réconfortantes soient-elles, n’ont que peu ou pas d’impact sur le prix futur des actifs.

DES DONNÉES QUI COMPTENT

Un raisonnement similaire survient lorsque l’on dit qu’il y a des réserves de liquidités prêtes à être investies dans un type de placement ou une catégorie d’actif. Une abondance de liquidité qui se dirige vers le même type d’actif en fait grimper le prix.

Toutefois, les flots de capitaux ne suivent pas nécessairement les chemins attendus. Il arrive qu’un changement de circonstance fasse subitement disparaître l’afflux d’argent que tout le monde espérait. On le voit notamment dans les industries cycliques et dans certaines catégories d’actif où les émotions des investisseurs jouent un rôle majeur, comme l’or ou les cryptomonnaies.

Bien sûr, certaines données actuelles peuvent aider à soutenir une prédiction. Une entreprise est dirigée de manière rigoureuse, elle a un bon historique de répartition du capital, elle est bien financée, elle possède un avantage concurrentiel clair sur certains produits, la distribution ou les coûts de production, etc. Ces éléments comptent pour établir les perspectives futures de ses actions.

Reste que le prix des actions n’est jamais le reflet de ce qui se produit maintenant, mais plutôt une estimation éclairée de ce qui surviendra à l’avenir. Il faut en tenir compte en prenant ses décisions d’investissement.

La rédaction