La fin du portefeuille 60/40?

Par La rédaction | 17 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Pattanaphong Khaunkaew / 123RF

Pendant longtemps, placer dans un portefeuille 60 % d’actions et 40 % de titres à revenu fixe semblait la meilleure manière de combiner croissance et sécurité. Avec la persistance des faibles taux d’intérêt, ces portefeuilles équilibrés ont toutefois un peu de plomb dans l’aile.

Dans un récent article, James Price, directeur de l’investissement et du conseil à Richardson GMP a rappelé les problèmes qui se posent avec les titres à revenu fixe. À mesure que les obligations arrivent à leur terme, celles qui offraient des taux intéressants, puisqu’acquises il y a plusieurs années, doivent être remplacées par d’autres dont les rendements sont faibles. 

Auparavant, il était possible d’augmenter le rendement des obligations en achetant des titres à plus long terme, en prenant plus de risque de crédit ou en diminuant la liquidité, mais ces avantages ne se trouvent plus très facilement sur le marché. 

ABANDONNER LES OBLIGATIONS

Ainsi, plusieurs investisseurs choisissent de réduire leur exposition aux obligations en faveur d’autres titres, afin de doper leurs rendements. Des conseillers se demandent même s’il ne faudrait pas abandonner purement et simplement les titres à revenu fixe et tout investir dans les actions ou dans des investissements alternatifs. Il s’agit toutefois d’une approche risquée, qui s’adresse à des investisseurs qui ont un long horizon de placement et une capacité à bien dormir la nuit, peu importe comment se comportent les marchés.

PROTÉGER LA DIVERSIFICATION

Cette question a récemment fait l’objet d’une discussion dans un panel d’experts présenté par la Canadian Association of Alternative Strategies & Assets (CAASA) à Toronto. James Price en a profité pour rappeler que l’allocation traditionnelle 60/40 peut encore s’avérer judicieuse dans certains cas, par exemple quand les investisseurs cherchent à financer le remboursement d’une hypothèque.

Cette allocation augmente aussi la diversification et réduit la corrélation entre les investissements. Une caractéristique importante, mais un peu oubliée en raison du long marché haussier que connaissent les investisseurs.

Il faut donc s’assurer que les investissements dits alternatifs comme les actions privilégiées, les fonds spéculatifs, les fonds de dettes privés ou les corporations d’investissement dans les hypothèques offrent les mêmes avantages.

Brian D’Costa, fondateur et président d’Algonquin Capital, a donné l’exemple des stratégies du fonds de dettes de sa firme. Celui-ci transforme le risque de taux d’intérêt en prenant des positions courtes sur les obligations gouvernementales dans un portefeuille d’obligations de première qualité. Le fonds devient donc exposé aux risques de défaut de paiement ou de liquidité, beaucoup moins prévalents que le risque de taux d’intérêt. Il est donc moins volatil.

INVESTIR LES YEUX OUVERTS

Kerry Stirton, associé directeur d’Alignvest Investment Management, a présenté l’un de ses fonds, composé à 50 % de produits alternatifs faiblement corrélés à d’autres actifs. Sa firme entend offrir bientôt une version de ce fonds entièrement composé de produits dits alternatifs, en raison d’une forte demande pour le remplacement des titres à revenus fixes par ce type d’investissements. Le fonds ne contiendra aucune action, peu de risque lié aux taux d’intérêt et offrira un rendement potentiel de 5 à 7 %.

Les experts ont aussi recommandé aux investisseurs de bien étudier les tenants et aboutissants des fonds de dettes privés. Il faut savoir à qui l’on prête et comprendre les raisons pour lesquelles les emprunteurs ne font pas plutôt affaire avec une banque, en plus de bien évaluer les risques en cas de défaut de paiement. 

Pour les conseillers, l’important reste d’avoir des discussions franches quant aux risques et aux avantages que comportent ces différentes stratégies.

La rédaction