La suggestion (osée) de Warren Buffett

Par La rédaction | 8 avril 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Femme se cachant derrière son bureau de travail.
Photo : racorn / 123RF

Financial-Planning.com revenait récemment sur un conseil, à prime abord surprenant, émis en 2013 par Warren Buffett. Dans une lettre aux actionnaires de Berkshire Hathaway, il conseillait à un administrateur de fiducie d’investir 90 % de son portefeuille dans un fonds indiciel S&P 500 à très bas coût et le reste dans des obligations gouvernementales à court terme.

« Je crois que les résultats à long terme de la fiducie découlant de cette approche seront supérieurs à ceux atteints par la plupart des investisseurs – que ce soit des fonds de pension, des institutions ou des individus – qui emploient des gestionnaires coûteux », écrivait-il à l’époque.

Un portefeuille avec seulement deux catégories d’actif, dont la quasi-totalité serait investie dans un fonds indiciel? Voilà une proposition qui fera sursauter quelques conseillers. Financial-planning a décidé de comparer cette formule avec trois autres modèles de portefeuilles. L’un comprend sept catégories d’actif également réparties (actions de grande capitalisation boursière américaines, de petites capitalisation boursière américaines et d’entreprises étrangères, immobilier, matériaux, obligations américaines et liquidité). 

Un autre présente une répartition d’actif de 60 % d’actions de grandes capitalisations boursières américaines et 40 % d’obligations américaines, alors que le dernier est entièrement en liquide (représenté par le rendement sur 90 jours des bons du Trésor américain). 

Pour les fins de l’exercice, l’auteur estime l’âge de décaissement à 70 ans. Le portefeuille avait une balance initiale d’un million de dollars américains et la période d’investissement s’étendait sur 49 ans, de 1970 à 2018. Cela signifie qu’il y avait 25 périodes continues de 25 ans.

LE MEILLEUR RENDEMENT

Les résultats montrent que Warren Buffett n’a pas tort en ce qui concerne le rendement. Son portefeuille modèle offre le plus fort montant moyen dans le compte après chaque période de 25 ans. Il procure le plus fort retrait annuel moyen et la moyenne de total des retraits sur 25 ans la plus élevée. 

Toutefois, il affiche aussi le plus gros écart-type, ce qui signifie qu’il est le plus sujet à la volatilité. Comme il est composé à 90 % d’actions, ce n’est pas vraiment étonnant. Cela pose toutefois une question intéressante. Certes, ce modèle fournit historiquement le meilleur rendement, mais est-il assez prudent pour les clients?

Selon Financial-Planning, la réponse est non. Un tel portefeuille échouerait le test de la convenance pour la plupart des investisseurs puisqu’il ne tient notamment pas compte de la date visée pour la retraite et de l’équilibre du portefeuille.

Le portefeuille comportant sept catégories d’actif serait le modèle typiquement retenu dans une stratégie axée sur un objectif d’année de départ à la retraite, alors que le portefeuille 60/40 est l’exemple classique d’un portefeuille équilibré. Le modèle de Buffett n’est tout simplement pas assez diversifié et reproduira les succès et les échecs du marché américains des grandes capitalisations. Une telle concentration n’est pas raisonnable pour la plupart des retraités.

LE PASSÉ N’EST PAS GARANT DE L’AVENIR

L’auteur rappelle toutefois que 75 % de la période observée se situe après 1982, le moment où les taux de la Fed ont commencé à baisser. Cela a affecté les rendements des obligations américaines. De 1982 à 2018, le rendement moyen annualisé des obligations américaines a été de 7,64 %, contre 3,83 % de 1948 à 1981, alors que les taux d’intérêt grimpaient. 

Si les rendements des obligations retombaient dans une fourchette de 3 à 4 % dans les prochains dix à quinze ans, le portefeuille 60/40 serait le plus affecté. Celui de Warren Buffett serait le moins touché. 

À l’inverse, si au cours des dix à quinze prochaines années le marché des actions américains prend du plomb dans l’aile, c’est le modèle de Warren Buffett qui trinque. Dans l’exemple illustré par Financial-Planning, il perd 58 % de sa valeur, contre 45 % pour le modèle 60/40 et 24,4 % pour le modèle avec sept catégories d’actif.

Les comparaisons démontrent donc que la diversification offre un rendement appréciable, tout en jouant son rôle de contrôle de la volatilité et de protection du capital. Une approche qui convient mieux à l’investisseur soucieux de ne pas voir son pécule s’évanouir dans une énième crise financière.

La rédaction