Le bitcoin peine à séduire les Canadiens

Par Siham Lebiad | 1 octobre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Chandail avec logo de bitcoin
Photo : hocus-focus / iStock

Une récente étude de Paiements Canada a démontré que l’engouement pour le bitcoin en tant que moyen de paiement reste très inférieur au Canada. Les principales inquiétudes entourant cet instrument sont sa sûreté et sa sécurité.

« On a sondé les consommateurs à savoir si le concept de bitcoin leur était familier, et les trois quarts d’entre eux ont répondu par l’affirmative, note Cyrielle Chiron, cheffe de la recherche et veille stratégique à Paiements Canada. Cependant, parmi ceux pour qui il l’est, seulement 3 % déclarent utiliser le bitcoin, donc on parle vraiment d’une fraction minime. »

Le rapport indique que les Canadiens qui ont échangé le bitcoin pour la première fois l’ont fait principalement par curiosité (39 %) ou comme occasion d’investissement (33 %). « Cependant, 4 Canadiens sur 10 ayant déjà utilisé des bitcoins n’étaient pas intéressés à en acheter à nouveau, invoquant le manque de familiarité/confort (43 %), l’absence d’avantages évidents à l’utilisation de bitcoins (39 %) et la volatilité des prix (37 %) », selon le rapport.

L’utilisation parcimonieuse du bitcoin comme mode de paiement pousse les marchands à s’éloigner de la devise virtuelle, faute de demande. « Près d’un marchand sur cinq a répondu qu’il n’acceptait plus les bitcoins comme option de paiement », précise le rapport.

« On est un peu dans le jeu de l’œuf et la poule, parce que les consommateurs ne veulent pas l’utiliser par peur qu’il ne soit pas accepté comme mode de paiement, et les marchands ne veulent pas l’accepter par manque de clients qui l’utilisent », explique Cyrielle Chiron. Selon le rapport, au Canada, le bitcoin ne serait accepté comme moyen de paiement que par environ de 400 à 500 entreprises de détail.

« On voit dans le marché, aux niveaux national et international, qu’il y a des innovations dans le domaine de la cryptomonnaie, affirme la chercheuse. Cependant, le monde du paiement traverse une phase de changement : on ne sait pas encore quelle monnaie dominera dans l’avenir, mais on voit déjà que l’argent comptant n’est plus autant employé, et il le sera peut-être encore moins dans l’avenir. »

À cet effet, la Banque du Canada a déjà commencé à travailler sur sa propre monnaie numérique, mais le processus s’annonce très long.

LE BITCOIN : UN INVESTISSEMENT QUI A DU POTENTIEL

Fred Pye, président et chef de la direction de 3IQ, un gestionnaire de fonds de crypto-actifs, projette une croissance fulgurante de la valeur du bitcoin, et pense que la devise devrait être intégrée à tous les portefeuilles d’investisseurs, selon leur profil de risque, bien sûr.

Le gestionnaire explique que lorsqu’un conseiller ajoute des bitcoins dans un portefeuille d’investissement, il le fait pour l’une des trois raisons suivantes : parce qu’il aime la technologie de la cryptomonnaie, parce qu’il veut l’exploiter comme une réserve de valeur, ou pour des raisons de diversification.

« Puisque le bitcoin n’est corrélé avec aucun autre actif, il est l’outil parfait pour une bonne diversification », note-t-il, ajoutant que le bitcoin attire spécialement les jeunes investisseurs en quête d’un instrument d’investissement puissant.

Selon le rapport de Paiements Canada, le bitcoin est responsable de 75 % de la valeur et du volume des échanges sur les plateformes de cryptomonnaies canadiennes.

UNE ERREUR LARGEMENT COMMISE

Par ailleurs, Fred Pye croit que l’erreur que plusieurs font avec le bitcoin est de l’utiliser comme mode de paiement dans les commerces de détail, erreur qu’il a lui-même commise dans le passé.

Bien que le bitcoin soit une monnaie numérique, Fred Pye maintient qu’il n’est pas destiné aux achats quotidiens mais plutôt aux transactions importantes. Il évoque son utilisation du bitcoin, à l’époque de son lancement, alors qu’il valait autour de 200 $ l’unité, pour acheter des articles vestimentaires, et avoue que c’était une énorme erreur. Le bitcoin devrait, selon lui, être détenu dans un portefeuille, vu son potentiel de rendement élevé.

D’ailleurs, le gestionnaire s’attend à ce que la valeur du bitcoin atteigne des sommets dans les prochaines années. Selon lui, la cryptomonnaie, qui s’échange actuellement autour de 14 000 $ l’unité, devrait voir sa valeur augmenter à près de 20 000 $ dans les prochains mois, voire atteindre 100 000 $ dans les quatre prochaines années.

« Les actifs rares sont utilisés pour stocker de la valeur. À l’heure actuelle, la rareté du bitcoin est la même que celle de l’or, mais dans quatre ans, le bitcoin deviendra deux fois plus rare que l’or, et lorsque cela se produira, le prix du bitcoin devrait augmenter considérablement », justifie Fred Pye.

Siham Lebiad