Le poker aiderait à mieux gérer les fonds

Par La rédaction | 4 juin 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : dolgachov / 123RF

Les gestionnaires de fonds dits spéculatifs qui sont également bons joueurs de poker obtiennent de meilleurs résultats que les autres, estiment Les Echos.

Selon le quotidien économique français, qui cite une récente étude américaine, ceux-ci se révèleraient en effet de meilleurs négociateurs (traders) que leurs collègues non joueurs.

Concrètement, l’étude montre qu’ils enregistrent des performances mensuelles de 0,1 % à 0,4 % supérieures à celles des autres gestionnaires qui ne s’adonnent pas à cette activité. La raison? « Il existe des similitudes entre le trading et le poker : évaluation des probabilités, concentration, capacité à “lire” et évaluer le jeu des autres joueurs, maîtrise de ses émotions, acceptation du hasard… », expliquent Les Echos.

MEILLEURE GESTION DES RISQUES ET DU CAPITAL

Si l’on en croit les résultats de l’étude, ce que lui apprend le jeu sur lui-même aiderait grandement un trader à mieux s’occuper au quotidien des fonds dits spéculatifs dont il a la charge. Et contrairement à une idée reçue, un tel fonds géré par un adepte du poker ne prendrait pas plus de risques que les autres. Au contraire même, relèvent Les Echos, puisque son gestionnaire se montrerait « plus patient, avec un taux de rotation de portefeuille plus bas que la moyenne ».

Un gestionnaire de fonds dit spéculatif et bon joueur de poker assurerait en outre une meilleure conduite des opérations en matière de risques et de capital, car il mettrait sans doute plus rapidement qu’un autre un terme à leurs pertes et éviterait ainsi que celles-ci ne s’aggravent au fil du temps.

Les Echos rapportent que Steve Cohen, fondateur des firmes SAC Capital et Point72, assure que le poker a été « l’élément le plus déterminant pour lui enseigner à prendre des risques ». Dans le même ordre d’idées, le fonds Bridgewater a recruté l’ex-star du poker Vanessa Selbst, tandis que d’autres gestionnaires de fonds dits spéculatifs tels que David Einhorn, James Chanos, Jim Simons ou Paul Tudor Jones, sont eux aussi des habitués des cercles de jeux.

DES RÉSULTATS « IMPRESSIONNANTS »

Résultat : un gestionnaire de fonds qui se classe parmi les 10 premiers d’un tournoi, en particulier dans les circuits du World Series of Poker et du World Poker Tour, semble assuré d’enregistrer par la suite un afflux d’argent dans son fonds. « Sa collecte mensuelle est alors de 1 % à 2 % supérieure à celle des autres hedge funds », indiquent Les Echos. Le journal ajoute que cette manne est d’autant plus élevée quand le tournoi auquel il aura participé est publicisé ou lorsque le montant d’argent qu’il a gagné est important.

En effet, explique le quotidien économique, le fonds dont il s’occupe jouit d’une publicité indirecte, tandis que nombre d’investisseurs apprécient les gestionnaires qui gagnent au jeu, y voyant là un présage de bons rendements… Or, la réalité est tout autre, met-il en garde : au contraire, « dans l’année qui suit sa bonne performance dans un tournoi, le rendement dégagé par le gestionnaire de fonds de hedge fund diminue ». Ce qui le conduit souvent à se montrer plus prudent avec les capitaux qu’il vient de recevoir, et peut même à investir dans des fonds indiciels plutôt que dans des outils de placement plus risqués.

Commentant l’étude, Bloomberg estime néanmoins que ce qu’elle révèle est « impressionnant ». « L’enseignement important à retenir est que nous avons besoin de recherches plus systématiques sur les caractéristiques comportementales et les compétences des décideurs de haut niveau. Peut-être pourrons-nous alors former et sélectionner une meilleure classe de dirigeants, non seulement dans des domaines comme le poker et le trading, où la performance peut être mesurée objectivement, mais aussi dans les affaires et la politique », conclut l’agence d’information économique.

La rédaction