Les critères ESG pèsent dans la sélection des titres

Par Nicolas Ritoux | 15 mai 2023 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2023
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Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) permettent d’investir en prenant en compte les événements perturbateurs de l’actualité, explique Crystal Maloney, chef de la recherche sur les actions à Gestion d’actifs CIBC.

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« Depuis l’année dernière, les investisseurs doivent prendre en considération des phénomènes comme l’inflation, les taux d’intérêt élevés, l’approvisionnement énergétique, et la guerre en Ukraine », dit-elle.

La nécessité d’une transition énergétique a gagné en importance dans un contexte où le monde dépend encore beaucoup de la Russie et du Moyen-Orient pour répondre à ses besoins, mais elle risque de prendre encore beaucoup de temps, croit l’experte. Il faut encore résoudre les problèmes d’approvisionnement en matières premières comme le cuivre, qui sert à bâtir les infrastructures électriques, et définir le rôle joué par le nucléaire.

Face à l’inflation, les secteurs qui s’en sortent le mieux restent ceux qui peuvent contrôler leurs prix pour compenser leurs coûts croissants. D’autres secteurs ont beaucoup souffert des hausses de taux, comme les technologies.

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« Nous demeurons concentrés sur les titres qui s’échangent à bon prix considérant leur valeur fondamentale à long terme, et notre analyse ESG nous aide à les identifier car elle nous donne une vue élargie sur les perspectives, au-delà de nos approches traditionnelles », dit Crystal Maloney.

Le marché canadien offre de tels candidats, selon l’experte. Elle cite le Canadien Pacifique (CP), « un titre défensif qui est le meilleur de sa catégorie », surtout depuis son acquisition de l’américaine KSU qui va lui permettre de réaliser des synergies et de baisser ses coûts tout en capturant de nouvelles parts de marché et en poursuivant sa croissance.

« Nous apprécions la solution de bout en bout que le CP est désormais capable d’offrir jusqu’au Mexique, ainsi que ses projets de développement sur les ports de la côte Est. Le CP a en outre un excellent pointage ESG et une solide feuille de route en matière de sûreté. KSU performait moins bien à ce titre et nous croyons que l’acquisition va lui permettre de colmater ses lacunes », dit Crystal Maloney.

Elle cite ensuite la firme montréalaise WSP, « un autre chef de file ESG qui sert de nombreux clients dans le secteur environnemental. » La firme a une solide feuille de route en matière de fusions et acquisitions et la diversification de ses activités lui permet de minimiser ses risques et de livrer une performance supérieure à ses pairs.

« Malgré un contexte macro-économique difficile, WSP continue de surperformer et poursuit sa croissance organique tout en élargissant ses marges. C’était la première firme d’ingénierie à se donner des cibles ESG tant en matière d’émissions de carbone que de représentation des femmes. Elle prône une politique de transparence en matière de santé et sécurité, de relations avec les employés, et de développement professionnel. Son acquisition de Golder en 2021 l’a rendue numéro 1 dans les services-conseils en environnement, et sa stratégie verte continue de se déployer.

Enfin, elle mentionne l’éditeur de logiciels ontarien Kinaxis, spécialisé dans les solutions infonuagiques pour la logistique. « Kinaxis s’apprête à connaître une accélération de sa croissance étant donné que ses produits répondent à un besoin criant actuellement. Beaucoup d’entreprises dépendent encore de solutions rudimentaires, comme Excel, pour gérer leurs chaînes d’approvisionnement. Or, Kinaxis a justement le produit qu’il faut pour passer à l’étape supérieure. En effet, les problèmes logistiques sont devenus un enjeu de premier plan dans les conseils d’administration au cours des deux dernières années », dit Crystal Maloney.

Du point de vue ESG, Kinaxis a réalisé la carboneutralité en 2020 grâce à l’achat de crédits carbone et à l’utilisation d’énergie renouvelable dans ses centres de données, à une forte représentation des femmes aux postes de direction et à tous les niveaux, et à une politique d’embauche visant des individus sur le spectre de l’autisme ou qui souffrent de handicaps », poursuit-elle.

Dans l’avenir immédiat, l’experte dit s’attendre à de nouvelles réglementations contre l’écoblanchiment, des exigences du SEC en matière de divulgation des risques climatiques, et de nouvelles normes de durabilité actuellement à l’étude au sein de l’International Sustainability Standards Board.

« Il va être de plus en plus aisé pour les investisseurs de comparer les entreprises sur les critères ESG une fois qu’elles suivront des normes communes de divulgation », dit Mme Maloney.

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.