Les FNB énergétiques et leur avenir

Par Mark Yamada | 16 mars 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’indice plafonné de l’énergie S&P/TSX a progressé de 120 % au cours de la période de 12 mois se terminant le 31 janvier 2022, mais son rendement composé sur 10 ans est effectivement nul (-0,67 %). Cependant, avec un pétrole brut dépassant les 90 $ US le baril, des chaînes d’approvisionnement limitées, des économies mondiales qui rebondissent et l’énergie qui représente 13,4 % du marché des actions canadiennes, les investisseurs qui n’ont pas d’exposition affichent un rendement inférieur. Il est temps de revoir le secteur et les FNB offerts. 

La demande d’hydrocarbures ne disparaîtra pas. Investir dans le pétrole et le gaz avec une production établie offre des marges et une rentabilité prévisibles alors que la demande d’énergie continue de croître. Mais beaucoup de bruit entoure l’industrie.

La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), la plupart des universités canadiennes et de nombreuses organisations religieuses font partie des 1 500 institutions représentant près de 40 000 milliards de dollars (G$) d’actifs qui se sont engagées à éliminer une partie ou la totalité des émetteurs de carbone de leurs portefeuilles, selon la base de données Global Fossil Fuels Divestment Database. Mais le désinvestissement est-il plus efficace que l’engagement pour modifier le comportement des entreprises ?

Le désinvestissement transfère la propriété à des investisseurs moins préoccupés par les émissions, tandis que toute possibilité d’influencer les dirigeants par le biais du vote par procuration est perdue. Si le cours des actions baisse ou si le coût du capital augmente, les investisseurs en dette privée et en actions de valeur interviennent toujours. Le désinvestissement n’est pas comme un boycott qui crée une pression économique réelle ; il s’agit de donner l’impression d’être conscient de l’ESG (environnement, social et gouvernance) plutôt que de provoquer un changement.

Les sources d’énergie respectueuses de la planète devraient finir par supplanter celles à base de carbone, car la hausse des prix du pétrole et du gaz rend plus de technologies viables. Les producteurs intégrés ajustent déjà leurs plans de dépenses en capital pour diversifier leurs perspectives. Les dépenses en amont, qui devraient être en plein essor étant donné la force actuelle du pétrole, ont été modestes. Parallèlement, le secteur énergétique canadien est devenu plus concentré, et donc plus risqué.

LES OPTIONS FNB

Les investisseurs doivent-ils éviter complètement l’énergie et/ou participer à des technologies potentiellement durables avec leurs risques inhérents (voir tableau, ci-dessous) ?

La détention d’un FNB à indice large permet de profiter à la fois du rendement de l’énergie et de la diversification des rendements de plus en plus non corrélés de l’énergie. Bien que la pondération de 13,4 % de l’énergie au Canada contre 3,6 % pour le S&P 500 ait pénalisé la performance à long terme, les gestionnaires actifs ont sous-performé les deux indices au fil du temps, de sorte que l’exposition passive est préférable. Voici trois façons d’aborder un avenir à faible émission de carbone.

Position longue dans un FNB composite S&P/TSX ou S&P/TSX 60 et position courte dans l’indice énergétique ou dans un FNB à effet de levier dans le secteur du pétrole ou du gaz naturel : on élimine l’exposition à l’énergie, mais on profite de la volatilité qui érode les rendements sectoriels composés.

Position longue dans un FNB ESG classé, à coût plus élevé, avec une exposition à l’énergie : cette option offre une participation à l’énergie plus un potentiel d’engagement.

Position longue dans un FNB du marché général et position longue dans les FNB de crédits carbone de Horizons ou Ninepoint, qui sont basés sur le prix futur des crédits carbone : corrélés aux prix du pétrole, les crédits suivront la demande de compensation des émissions de carbone et pourraient être un moyen élégant de capitaliser sur les succès industriels (offre réduite de crédits) et les échecs (prix des crédits plus élevés pour atteindre les objectifs).

Pour voir ce tableau en grand, cliquez ici.

Les entreprises pétrolières et gazières traditionnelles pourraient finir comme les compagnies de tabac : très rentables avec des dividendes attrayants, mais boudées par les investisseurs ESG. L’adaptation et l’exploitation des nouvelles possibilités en matière d’énergie seront importantes pour la survie du secteur énergétique canadien – alors surveillez les approches alternatives et les nouveaux FNB qui les reflètent.