Les fonds communs interviennent davantage

Par La rédaction | 18 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : lekstuntkite / 123RF

Aux États-Unis, les gestionnaires de fonds communs de placement ne se contentent plus de discuter stratégie en privé avec les dirigeants d’entreprises. Afin de répondre aux pressions des investisseurs, ils se font de plus en plus activistes, rapporte Reuters.

Les investisseurs remettent en question les frais facturés par les gestionnaires de fonds et exigent plus de rendement. Cela pousserait les gestionnaires de fonds communs de placement et même les gestionnaires de fonds passifs, comme les fonds négociés en Bourse (FNB), à contester publiquement certaines décisions des dirigeants d’entreprises.

LES FONDS DISENT NON

En février dernier, Wellington Management Company a publiquement dénoncé l’intention de Bristol-Myers Squibb d’acquérir Celgene Corp au prix de 74 milliards de dollars américains (98,8 G$ CA). Selon Wellington, cette transaction était trop risquée et trop coûteuse. Une telle intervention n’est pas passée inaperçue dans l’univers de l’investissement.

Normalement, ce type de tactique est le fait de fonds spéculatifs activistes (activist hedge funds) et non de fonds institutionnels comme Wellington, qui détient un actif d’une valeur d’un billion de dollars américains (1,34 billion canadien). Les géants comme Fidelity Investments et Capital Group préfèrent utiliser leur pouvoir d’influence plus discrètement. Mais cela pourrait bien changer.

« Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à vouloir que ces firmes s’expriment, note Lawrence Glazer, associé directeur de Mayflower Advisors, qui investit chez Wellington. Avec cette prise de parole de Wellington, il y aura de la pression sur les autres pour faire de même. »

En janvier, Ashland Global Holdings a accepté d’apporter des changements à son conseil d’administration à la suite de pressions exercées par le gestionnaire d’actif Neuberger Berman Group LLC. De son côté, T. Rowe Price Group s’est opposé à plusieurs acquisitions, incluant la tentative de Michael Dell de privatiser son entreprise. 

PROUVER SA VALEUR

Les gestionnaires actifs voient dans ce genre d’intervention une manière de démontrer leur valeur face à des gestionnaires de fonds passifs, qui ne font que miser sur des indices. Au moment où leur performance laisse souvent à désirer, de nombreux gestionnaires actifs peinent à battre leur indice de référence. 

Cela dit, même les investisseurs passifs se mettent à faire sentir leur poids aux entreprises, bien qu’elles le fassent davantage derrière des portes closes. Les critères d’investissement ESG sont souvent défendus par ces fonds. 

En 2017, BlackRock et Vanguard Group on voté contre les dirigeants d’Exxon Mobil, qui refusaient de dévoiler les risques que les changements climatiques font courir à la pétrolière. Ils ont aussi mis la pression sur Sturm Ruger, un fabricant d’armes, pour l’amener à publier un rapport sur la sécurité de ses produits. 

« Les entreprises d’Amérique feraient bien d’en prendre note parce que les gens qui choisissent les actions ont finalement décidé de montrer leurs muscles », prévient Don Bilson, président d’Event Driven Research. 

La rédaction