Les « révoltes » d’actionnaires, de mauvais présages

Par La rédaction | 22 juillet 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un homme d'affaire, la main en avant, faisant le signe de stop.
Murat Deniz / iStock

Le fait qu’une partie importante des actionnaires d’une société ruent dans les brancards contre les salaires des dirigeants pourrait être annonciateur d’un problème de gouvernance ou de performance, estime UBS.

La banque helvétique suit de près les assemblées générales de certaines entreprises, rapporte Le Temps dans un article publié lundi. Et lorsque leurs actionnaires rejettent les propositions entourant la rémunération des hauts dirigeants, par exemple, elle en informe tout de suite ses équipes d’investissement. L’institution financière juge que cette « révolte » des actionnaires annonce parfois une baisse de rendement.

D’après ses critères, une attitude hostile des actionnaires envers la haute direction constitue un signal supplémentaire qu’une société traverse une mauvaise passe, au même titre que des bénéfices en deçà des attentes, des ventes en baisse, des problèmes de corruption ou des scandales comptables.

UN INDICATEUR IMPORTANT

Basée sur 1 700 cas, essentiellement aux États-Unis, une étude récemment menée par la banque montre qu’une entreprise dont les actionnaires rejettent les rémunérations de ses hauts cadres court davantage de risques de voir le cours de son action diminuer. Ce phénomène a déjà été observé par une précédente analyse, menée cette fois par la banque d’investissement Morgan Stanley, indique le Financial Times.

« Si la majorité des actionnaires votent contre la rémunération de l’exécutif, cela montre un déséquilibre en termes d’incitations », ce qui constitue « probablement déjà un signe de mauvaise performance », mentionne au quotidien britannique Chris Greenwald, responsable de la recherche en investissement durable à UBS Asset Management.

Interrogés par le Financial Times, des analystes de Morgan Stanley confirment ce diagnostic : « Le vote des actionnaires représente un indicateur important de leur satisfaction, non seulement en ce qui concerne les compétences des cadres, mais aussi la gouvernance et l’orientation stratégique des entreprises. C’est donc un indicateur prospectif significatif. »

UBS entend désormais utiliser le résultat des votes d’actionnaires pour orienter les décisions d’investissement de ses gestionnaires de portefeuille, mentionne Bryan Cross, haut cadre à UBS Asset Management. Ces derniers, qui ont déjà accès aux données existantes, « pourront à l’avenir recevoir des alertes en cas de refus d’actionnaires de valider les salaires des dirigeants », précise Le Temps.

Toutefois, dans l’immense majorité des cas, les actionnaires ne s’opposent pas aux rémunérations qui leur sont suggérées en assemblée générale, relativise-t-il. Au total, 91 % des votes dans les sociétés du S&P 500 et du S&P 1500 ont ainsi approuvé les propositions qui leur étaient faites en 2019.

La rédaction