L’industrie des FNB s’active

Par Pierre-Luc Trudel | 9 octobre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : alphaspirit / 123RF

Bien que la majorité des FNB vendus au Canada soient encore liés aux grands indices boursiers, la popularité croissante de la gestion active et de l’investissement factoriel est en train de transformer le paysage de l’industrie. Pour les investisseurs et les conseillers, faire un choix entre les FNB actifs et passifs est de moins en moins évident.

Sur les 750 FNB canadiens négociés actuellement sur le marché, 266 reposent sur des stratégies de gestion active ou de bêta intelligent, selon des données de Valeurs Mobilières TD datant du début du mois de septembre. Cela dit, près de 82 % de l’actif sous gestion total au pays est toujours investi dans les FNB indiciels.

« À mon avis, la majorité des FNB restera toujours indicielle, mais on va assister à une offre de plus en plus grande en matière de gestion active et factorielle », soutient Alain Desbiens, directeur de FNB BMO.

Les FNB gérés selon un processus d’analyse fondamentale ont par exemple enregistré des entrées nettes de fonds de 2,62 milliards de dollars depuis le début de l’année.

« En matière de gestion active, ce qui a obtenu le plus de succès, ce sont les FNB d’options, mentionne Alain Desbiens. Il y a eu beaucoup de nouveaux entrants, mais tous ne survivront pas aux 12 à 18 prochains mois. La concurrence est très féroce. »

L’ATTRAIT DU BÊTA INTELLIGENT

Situé quelque part entre la gestion purement indicielle et les portefeuilles construits de A à Z par des gestionnaires actifs, le bêta intelligent parvient de plus en plus à capter l’attention des investisseurs. Les FNB mettant de l’avant ce style de gestion ont pu compter sur des entrées nettes de fonds de 1,16 G$ depuis le début de 2018.

« Il y a une bonne traction pour le bêta intelligent. Certaines stratégies sont très populaires, notamment celles qui reposent sur les facteurs qualité ou faible volatilité », note Alain Desbiens.

Bref, l’époque où les investisseurs se tournaient vers les FNB uniquement pour obtenir le rendement du S&P 500 à bas coût est révolue. Entre la gestion active, indicielle et factorielle, les choix qui s’offrent à eux se multiplient et se complexifient.

Évidemment, la recette miracle n’existe pas, et aucun style de gestion ne surperforme dans toutes les conjonctures de marché. « Parfois le style qualité performe mieux, parfois c’est le style valeur. Chaque année ça change, tout dépendant où nous en sommes dans le cycle économique », explique Alain Desbiens.

À l’heure actuelle, les stratèges de BMO favorisent les FNB reposant sur le facteur qualité aux États-Unis et à l’international. L’investissement factoriel est aussi privilégié en Europe. Dans les marchés émergents, la gestion active est une option à considérer.

« Aux États-Unis, c’est beaucoup plus difficile de battre le marché avec des stratégies actives ou de bêta intelligent, constate M. Desbiens. Cela dit, les stratégies basées sur le facteur qualité ont battu les grands indices de référence du marché américain par environ 500 points de base cette année. Mais rien ne dit que le même scénario va se reproduire l’année prochaine. »

Finalement, certains investisseurs ne jurent que par les faibles frais de la gestion passive, et ce, peu importe la conjoncture des marchés. « Il n’y pas de solution unique. Ce qui compte à la fin, c’est le rendement ajusté au risque », résume M. Desbiens.

PAS TOUS ABORDABLES, LES FNB

Si la question du rendement est centrale dans le choix d’un FNB, les frais de gestion ne doivent pas être éclipsés non plus. Car frais plus élevés ne sont pas toujours synonymes de rendements supérieurs.

Dans l’ensemble, les FNB demeurent des produits d’investissement très abordables. La majeure partie de l’actif au Canada est détenue par des FNB dont les frais se situent sous la barre des 40 points de base.

Cependant, l’arrivée récente de nouveaux joueurs dans le secteur de la gestion active a poussé la médiane des frais de gestion des FNB canadiens à la hausse. « Elle atteint 1,05 % actuellement, ce qui n’est quand même pas donné. Certains FNB facturent même des frais en haut de 2 %, ce qu’on ne voyait pas encore récemment. Je considère que c’est vraiment trop élevé, même pour des stratégies d’actions internationales ou de pays émergents », affirme Alain Desbiens.

Selon lui, le plafond psychologique pour les FNB de gestion active se situe autour de 1 % de frais de gestion. « Au-delà, les conseillers et les gestionnaires de portefeuille trouvent ça cher », dit-il. Pour les FNB de bêta intelligent, l’expert fixe plutôt sa limite autour de 50 points de base.

Pierre-Luc Trudel