Moderniser le portefeuille 60/40 

Par Jean-François Venne | 8 mai 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Ho Yeow Hui / 123RF

Il est grand temps de revoir le fameux portefeuille équilibré composé traditionnellement à 60 %  d’actions et 40 % d’obligations, estime Michael White, gestionnaire de portefeuilles à Picton Mahoney.

« En raison de la faiblesse constante des taux d’intérêt, les obligations peinent depuis un certain temps à offrir des rendements satisfaisants aux investisseurs tout en jouant leur rôle défensif, ce qui déplace toute la pression de la performance sur la portion en actions du portefeuille », note M. White, en entrevue avec Conseiller. 

Devant ce constat, certains ont augmenté la proportion en actions de leur portefeuille afin de dégager plus de rendement. Mais ce faisant, ils ont également rehaussé le niveau de risque et l’exposition à la volatilité.

Au Canada, beaucoup ont tenté de compenser les faibles revenus tirés des obligations en choisissant des actions d’entreprises versant de généreux dividendes, mais ces dernières sont elles aussi sensibles aux taux d’intérêt. « Soudainement, on a transféré du côté actions du portefeuille un risque normalement lié aux obligations », souligne M. White.

Pour ce dernier, une partie du problème réside dans le fait que les investisseurs voient les portefeuilles équilibrés comme s’ils étaient simplement binaires : d’un côté, les actions, et de l’autre, les obligations. Il y a pourtant beaucoup d’autres stratégies pour protéger ou augmenter son rendement, comme diversifier à travers un plus grand nombre de catégories d’actif ou en privilégiant des investissements moins fortement corrélés au marché. 

DES PORTEFEUILLES PLUS SEGMENTÉS

Picton Mahoney scinde les actions et les obligations en cinq catégories d’actif. Du côté des actions, la firme différencie celles des marchés développés de celles des marchés émergents, qui se comportent différemment. 

Quant aux titres à revenu fixe, on en distingue trois types. Il y a d’abord ceux qui sont étroitement reliés aux taux d’intérêt, c’est-à-dire les obligations des gouvernements. Il y a ensuite les obligations de qualité placement (investment grade) et les écarts de crédit à haut rendement. Ceux-ci offrent une couche supplémentaire de protection, importante pour l’investisseur qui opte pour un titre d’entreprise plutôt que gouvernemental.

Ces cinq catégories d’actif se comportent différemment selon l’environnement de croissance et d’inflation. « Les obligations à haut rendement se portent mieux lorsque l’on sort tout juste d’une récession, alors que les obligations de qualité placement fonctionnent bien en phase de croissance économique, illustre M. White. Les obligations gouvernementales, elles, sont utiles pendant une récession. Toutes les obligations ne sont pas identiques. » 

En comprenant bien le rôle que chaque catégorie d’actif joue dans un portefeuille et dans différents cycles économiques, contextes de croissance et niveaux d’inflation, un investisseur peut effectuer une diversification plus stratégique et rendre son portefeuille plus résilient. 

Jean-François Venne