Pas de panique dans les fonds communs

Par La rédaction | 15 mai 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les détenteurs de parts de fonds communs de placement ne se précipitent pas vers la sortie de secours en temps de crise, soutient Paul Bourque, président et chef de la direction de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC).

Selon lui, la baisse brutale des marchés financiers ou l’augmentation de la volatilité n’entraînent pas nécessairement une vente massive de parts de fonds communs, qu’ils soient d’actions ou d’obligations. 

Pour appuyer son affirmation, M. Bourque se base sur l’étude de données sur les actifs et les ventes recueillies auprès de firmes canadiennes de fonds. Son organisme a analysé le comportement des investisseurs lors de trois précédentes périodes troubles.

POSITIONS CONSERVÉES

Lors de la crise financière asiatique d’août 1998, l’indice composé S&P/TSX avait décliné de 20,2 %. Seulement 0,9 % de l’actif sous gestion des fonds d’actions a fait l’objet de demandes de rachat de la part des investisseurs.

Au sommet de la bulle technologique, entre mars 2000 et octobre 2002, le S&P/TSX avait perdu 31,6 % de sa valeur. Pendant la même période, l’industrie avait vendu plus de parts de fonds communs d’actions qu’elle n’en avait rachetées. Au bout du compte, les ventes avaient affiché un bilan positif de 13,2 %. 

En 2008, lors de la plus récente crise financière majeure, le S&P/TSX s’était effondré de 42,4 %. Même à ce moment, les investisseurs s’étaient délestés de seulement 3,2 % du total de l’actif sous gestion des fonds d’actions au Canada.

L’IFIC a remarqué des comportements similaires du côté des fonds communs d’obligations de sociétés lors de trois crises précédentes : la crise de 2008, le « Taper Tantrum » de 2013 (une panique soulevée lorsque la Réserve fédérale américaine a annoncé la réduction prochaine de ses programmes d’assouplissement quantitatif) et le choc pétrolier de 2015.

En décembre 2008, les pertes nettes d’actif de ces fonds s’élevaient à 840 millions de dollars, soit seulement 1,9 % du total de l’actif. En octobre 2013, elles s’étaient limitées à 177 millions de dollars, soit 1,6 % de l’actif. Lors du choc pétrolier de 2015, l’industrie avait même enregistré des entrées nettes d’argent. 

GRÂCE AUX CONSEILLERS

M. Bourque croit que la crise actuelle montre une dynamique similaire. Entre le 20 février et le 23 mars dernier, le S&P/TSX a diminué de 37 %. Pourtant, les fonds ont enregistré des ventes nettes de 8,2 milliards de dollars. Les 14,1 milliards de rachats nets du mois de mars ne représentent que 0,9 % des actifs dans les fonds communs d’actions. Seuls 2,9 % des actifs des fonds d’obligations ont été rachetés en mars.

Les conseillers constituent l’une des raisons qui expliquent le calme dont les investisseurs font preuve durant les crises, juge M. Bourque. La plupart des détenteurs de fonds communs sont des investisseurs à long terme. Pas moins de 80 % d’entre eux achètent leurs parts par l’entremise d’un professionnel et bénéficient donc de ses conseils. Or, les conseillers invitent généralement leurs clients à garder le cap et à éviter les mouvements de panique. 

S’ajoute à cela le fait que les deux tiers des parts de fonds sont détenues dans des REER. Or, les conséquences fiscales négatives d’un retrait amènent aussi les investisseurs à rester sur les marchés.

Certains indices laissent par ailleurs penser que les investisseurs de fonds négociés en Bourse (FNB) se comportent d’une manière similaire à ceux des fonds communs de placement. Les FNB ont en effet enregistré des ventes nettes de 8,5 milliards de dollars en février et de 3 milliards de dollars en mars.

La rédaction