Placements alternatifs : viser la qualité des rendements

Par Sylvie Lemieux | 14 février 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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En cette période de volatilité des marchés, l’utilisation de stratégies alternatives pour les titres à revenu fixe est une avenue à envisager pour augmenter les rendements des portefeuilles d’investissement.

Quelles sont les tendances dans ce domaine ? La demande sera-t-elle à la hausse en 2022 ? Nous avons fait le point avec Michael White, gestionnaire de portefeuille – Stratégies multiactifs chez Picton Mahoney, une firme de Toronto spécialisée dans les placements non traditionnels qui gère environ 9.9 milliards de dollars d’actifs.

Conseiller (C) : Dans le contexte actuel de volatilité des marchés, quels sont les principaux avantages des placements non traditionnels ?

Michael White (MW) : Un investissement alternatif doit offrir une expérience au-delà du nom. En général, les investissements alternatifs cherchent à être non corrélés avec les classes d’actifs traditionnelles, ce qui signifie que leur trajectoire de rendement est nettement moins dépendante (peut-être même complètement indépendante) de la direction des marchés d’actifs traditionnels. Dans cette optique, les solutions alternatives peuvent offrir un avantage de diversification lorsque les marchés traditionnels sont plus volatils.

C : Quel est l’état de la demande actuellement pour ce type de véhicule d’investissement ?

MW : Les fonds communs de placements alternatifs ont été officiellement codifiés par les organismes de réglementation canadiens au début de 2019. Des statistiques récentes suggèrent que l’investisseur canadien moyen a toujours une allocation aux alternatives très faible (c’est-à-dire inférieure à 5 %). Il existe donc une possibilité importante d’élargir ces positions, en particulier quand on fait référence à divers fonds de pension, fonds de dotation et autres investisseurs institutionnels qui ont des cibles de 50 % (ou plus) aux stratégies alternatives depuis plusieurs années maintenant.

C : Quelle part du portefeuille en placements alternatifs recommandez-vous ?

MW : Je crois que les investisseurs individuels pourraient cibler une position de 50 % ou plus aux placements alternatifs comme les fonds dont on vient de parler.

De nombreuses sociétés de gestion de patrimoine établies ont approuvé des cibles de 25 % à 30 % pour les investisseurs, quelle que soit leur démographie, ce qui est supérieur aux allocations moyennes actuelles des particuliers. Comme pour tout produit d’investissement, le test clé est la pertinence et les stratégies alternatives peuvent offrir une gamme d’options axées sur les résultats dans les portefeuilles des investisseurs. La contrainte de peut-être vouloir « remplir le seau » rapidement devrait être tempérée par l’éducation et une compréhension approfondie (de la part du conseiller et du client) du rôle des placements alternatifs en général et de leur utilisation en particulier.

C : Il existe de plus en plus de fonds alternatifs liquides. Comment faire les bons choix ?

MW : Il serait important de regarder ce qui s’est passé dans des marchés comme les États-Unis et l’Europe, qui étaient en avance sur la courbe de croissance (dans une certaine mesure).

Leur expérience démontre qu’il y a eu plusieurs nouveaux produits (et de nouveaux acteurs de la gestion d’investissement dans les stratégies alternatives), mais après quelques années, le paysage concurrentiel a eu tendance à se déplacer vers les gestionnaires ayant une crédibilité préalable et/ou des antécédents éprouvés.

Faire le bon choix dépend beaucoup des attentes des investisseurs. Désirent-ils réduire la volatilité des actions ou avoir un portefeuille plus diversifié qu’un simple modèle dit équilibré 60/40.

Selon les besoins de l’investisseur, il est probable qu’une solution alternative puisse être trouvée pour répondre à ses besoins. Chez Picton Mahoney, nous pensons que les investisseurs doivent se concentrer sur la qualité de leurs rendements, et pas seulement sur la quantité. Il faut se demander de quelle manière l’investissement alternatif peut offrir un avantage de diversification à un portefeuille traditionnel.

C : Cette approche est-elle à la portée de tous les investisseurs ? Ce sont des produits plus complexes et risqués et il faut donc bien les comprendre. Quel est le rôle du conseiller pour informer adéquatement ses clients ?

MW : Je ne qualifierais pas forcément ces produits de risqués. En fait, pour le gestionnaire expérimenté, certains des objectifs d’une stratégie alternative pourraient être de réellement réduire le risque (quelle que soit sa définition) dans un portefeuille traditionnel. Catégoriquement risqué ? Non. Relativement plus complexe qu’un fonds commun de placement ou un fonds négocié en Bourse ? Oui, mais cela peut facilement être surmonté par de la formation comme nous en offrons chez Picton Mahoney.