Osez la pleine conscience!

Par La rédaction | 19 Décembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le passage à la retraite peut présenter des difficultés selon le contexte et le bagage d’expérience. La pleine conscience, c’est-à-dire prêter attention au moment présent, à soi et à l’autre, intentionnellement et sans jugement, aide à découvrir sa voix intérieure.

Guilhème Pérodeau est une jeune retraitée. Ex-professeure en psychologie sociale à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), clinicienne et gérontologue, elle est également enseignante qualifiée de pleine conscience. Elle vient de publier La pleine conscience : guide pour une retraite heureuse (Presses de l’Université Laval).

Conseiller : En quoi la pratique de la pleine conscience peut-elle rendre un retraité heureux?

Guilhème Pérodeau : C’est une véritable boussole lors de cette traversée parfois houleuse que représente la retraite. L’entrée dans les années de maturité peut être colorée par l’âgisme, si répandu dans les rapports sociaux actuels qu’il nous faut alors contrebalancer par la sagesse et le discernement. C’est en cultivant l’intériorité et l’intimité avec soi-même qu’il devient alors possible de profiter de la retraite.

Concrètement, en quoi cela consiste de pratiquer la pleine conscience?

Il s’agit d’apprendre à prendre un temps d’arrêt en présence d’émotions qui nous submergent. Il ne faut pas les ignorer, mais réagir du tac au tac : je me sens en colère, j’ai peur, je suis surprise, etc. Au lieu d’enclencher le pilote automatique, il faut respirer profondément et accueillir l’événement de façon consciente. Cela ne signifie pas qu’ultimement, on ne va pas poser une action en réaction, mais cette façon de faire permet de déployer un éventail d’options.

Pourquoi cette pratique est-elle d’autant plus importante lorsque l’on avance en âge?

Elle est importante pour tout le monde. Au travail, celle-ci permet de prendre du recul lorsque l’on nous fait un reproche que l’on considère comme injustifié par exemple. Mais la retraite est une situation nouvelle qui peut parfois générer du stress, de l’angoisse et de l’anxiété. Il faut savoir que pendant des années, la personne a été « prise en charge » par son emploi et son employeur; tout était structuré et du jour au lendemain, le retraité devient complètement libre. Au départ, on dirait une certaine idée du paradis ou une période de lune de miel. Mais très vite, le désenchantement peut y succéder. À ce moment-là, il vaut mieux posséder la capacité d’écouter sa petite voix intérieure pour être capable de se questionner sur ses objectifs et ses intentions pour les années qu’il nous reste à vivre.

Justement… la retraite, c’est aussi la dernière étape avant la mort. Est-ce que cela génère de l’inquiétude?

Avant la mort, il y a la vieillesse et tous les mythes qui l’entourent : la perte d’autonomie, la démence, la souffrance, l’idée que l’on ne sert plus à rien dans un monde qui privilégie la jeunesse, la performance, la rapidité et la consommation. Ce n’est pas tous les jours facile à supporter. La pleine conscience permet de se recentrer sur soi, de filtrer les messages que la société nous envoie et de se demander comment on se sent intérieurement, au-delà de tout ce qui est véhiculé. Mais effectivement, avec l’âge l’angoisse de la mort envahit l’être humain. Et là encore, la pleine conscience permet un certain apaisement et une meilleure gestion de la peur de l’inconnu.

Est-ce que tout le monde peut pratiquer la pleine conscience?

Absolument. La beauté de la chose est que tout le monde dispose de l’outil nécessaire pour respirer. Il faut cependant développer une habitude qui requiert une pratique régulière, soit avec une application, un livre, un disque ou en rejoignant un groupe de méditation. C’est ce qui permet par la suite d’acquérir de bons réflexes lorsqu’un événement survient.

Le point de vue de Gaétan Veillette, planificateur financier au Groupe Investors

Parmi les angoisses qui peuvent oppresser les retraités, il y a aussi leurs finances. Plusieurs individus ont négligé de se préparer financièrement à leur retraite, estime Gaétan Veillette. Ils ont de la difficulté à évaluer s’ils parviendront à équilibrer leur budget ou s’ils seront confrontés ultimement à l’épuisement de leur patrimoine, notamment dans l’éventualité de faire face à des imprévus comme des ennuis de santé. Ils se demandent s’ils seront capables de payer leurs impôts, aider financièrement leurs enfants, bénéficier pleinement des régimes d’état, etc.

« Les retraités qui n’ont ni réserve ni revenu suffisant à la retraite sont préoccupés et se demandent comment générer des revenus afin d’assumer le coût de la vie, indique-t-il. Certains recommencent volontairement à travailler à temps partiel afin de gagner un peu d’argent. »

Il ajoute néanmoins, que les bénéficiaires d’un Régime de pension agréée (RPA) – ou de FERR bien accumulés – qui n’ont aucune dette, ont généralement moins de préoccupations financières à la retraite.

« En somme, il est toujours souhaitable d’épargner en carrière en vue de la retraite, note-t-il. Cette discipline de vie axée sur l’épargne permet de jouir d’une quiétude d’esprit quant à l’avenir financier dans les dernières années de la vie. »

La rédaction