5 conseils pour aider les jeunes à bâtir un patrimoine

Par La rédaction | 4 novembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les 18-25 ans qui se montrent incapables de se bâtir un patrimoine financier « n’ont plus d’excuse », car « toutes les pièces du puzzle sont aujourd’hui en place » pour leur permettre d’y arriver, estime Alain Dubuc dans La Presse.

Dans un article publié la semaine dernière, l’éditorialiste du quotidien montréalais n’y va pas par quatre chemins : « L’emploi ne manque pas, les salaires augmentent plus vite que le coût de la vie et l’épargne est devenue non imposable grâce au compte d’épargne libre d’impôt » (CELI), assène-t-il.

Sa conclusion? « En prenant tôt de bonnes habitudes d’épargne, les adultes de la génération Z [nés de 1995 à 2001], qu’ils soient aux études ou sur le marché du travail, sont en mesure de se bâtir un pécule qui leur servira tantôt à l’achat d’une première maison malgré l’inflation immobilière, tantôt à faire le tour du monde, tantôt à profiter d’une retraite hâtive. » Pour étayer son propos, le chroniqueur prodigue aux jeunes « privilégiés » dix conseils judicieux, dont les cinq suivants.

1. LIMITER LES DÉPENSES

« Les entreprises sont passées maîtres dans l’art de te faciliter la dépense par l’envie et le désir. Il ne faut pas tomber en amour avec le plastique [carte de crédit] et préférer le papier [argent]. Pour un jeune, avoir une dette de 5 000, 10 000, voire 20 000 dollars sur ses cartes de crédit à du 20 % d’intérêt, c’est compromettre sa capacité plus tard à devenir propriétaire, par exemple », avertit Sébastien St-Hilaire. Pour éviter d’en arriver à une telle extrémité, le conseiller en placements de Valeurs mobilières Desjardins recommande aux jeunes travailleurs de gagner deux dollars avant d’en dépenser un. Et s’ils habitent en ville ou en première couronne, il leur suggère de reporter à plus tard l’achat d’une voiture et de voyager en utilisant les transports en commun, par exemple.

2. ÉPARGNER RÉGULIÈREMENT À la question cruciale de savoir combien il faut épargner pour être en mesure de vivre décemment à la retraite, le chroniqueur de La Presse rappelle que « la règle budgétaire du 50-20-30 veut que 50 % du revenu serve aux dépenses de base (loyer, nourriture, transport), 20 % à l’épargne et au remboursement des dettes, et 30 % aux dépenses discrétionnaires ». Toutefois, ajoute-t-il, Bernard Mooney, auteur du livre Investir en Bourse et s’enrichir, soutient qu’un objectif de 5 % à 10 % d’épargne est plus réaliste. Un étudiant travaillant 15 heures par semaine au salaire minimum gagnera environ 800 dollars par mois. Chaque mois, il pourra donc mettre de côté entre 80 et 160 dollars (pour un taux d’épargne de 10 % et 20 %, respectivement), calcule Alain Dubuc. De même, un jeune salarié à temps plein qui habiterait encore chez ses parents « peut se fixer l’objectif de mettre 500 dollars de côté chaque mois, et ainsi verser le maximum annuel permis dans un CELI ». 3. OUVRIR UN CELI… ET Y COTISER Après avoir souligné que le compte d’épargne libre d’impôt est un outil « qui permet (…) d’accumuler des sous à l’abri de l’impôt », l’éditorialiste rappelle que la cotisation annuelle maximale est fixée à 6 000 dollars par an (en 2019), et que les droits de cotisation inutilisés sont cumulatifs. Il recommande donc aux 18-25 ans d’en ouvrir un le plus rapidement possible.

Prenant le cas d’un jeune de 18 ans qui cotiserait régulièrement à son CELI, Sylvain Lapointe, conseiller en investissement à Valeurs mobilières Peak, explique que, quand viendra le temps d’acheter une première maison, celui-ci pourra transférer « en deux ou trois ans » les sommes de son CELI à son régime enregistré d’épargne-retraite (REER) et encaisser les remboursements d’impôt, ce qui lui permettra d’augmenter sa mise de fonds. À l’achat, il retirera jusqu’à 25 000 dollars de son REER en franchise d’impôt dans le cadre du régime d’accession à la propriété (RAP), détaille Alain Dubuc. Résultat : « une personne qui avait 18 ans à la création du CELI a le droit d’y cotiser jusqu’à 63 500 dollars et, avec les rendements, le solde excède souvent cette limite ».

4. INVESTIR ADÉQUATEMENT

Citant Sylvain Lapointe, Alain Dubuc écrit aussi qu’un jeune dont l’horizon de placement serait de huit ans et plus aurait intérêt « à investir périodiquement l’argent dans des actions, des fonds négociés en Bourse [FNB] ou des fonds communs d’actions, dont les perspectives de rendement à long terme restent supérieures à celles des obligations ». « La clé, en Bourse, c’est d’y garder son capital longtemps et de choisir le moment où on vend », ajoute Bernard Mooney.

Et si les marchés s’effondrent dans six mois ou dans un an, que faire? Le jeune investisseur ne doit surtout pas s’affoler, puisqu’il est à la Bourse « pour le long terme », mais au contraire « prendre son courage à deux mains et continuer d’investir une somme régulière ». De cette façon, « il s’assurera d’acheter plus d’actions lorsque les prix prix baissent et moins lorsqu’elles deviennent chères. « Les achats périodiques se comportent souvent mieux en marchés baissiers parce qu’ils contribuent à atténuer les effets de la chute du prix des actions. »

5. FONDS COMMUNS OU FNB?

Alain Dubuc note enfin que Sébastien St-Hilaire suggère aux jeunes de rencontrer un conseiller à leur institution financière et de lui demander une recommandation « pour un ou deux fonds communs d’actions, même si leurs frais sont plus élevés que les FNB, par exemple un fonds équilibré mondial intégrant des critères environnement, société et gouvernance ». En effet, explique le conseiller en investissement, le fait d’agir ainsi sera la garantie que le néophyte ne spéculera pas sur un coup de tête. « Une erreur d’investissement quand on est jeune peut venir modifier nos comportements et notre tolérance au risque pour longtemps », met en garde Sébastien St-Hilaire.

Le conseiller et Bernard Mooney se disent d’accord pour recommander aux 18-25 ans d’ouvrir un compte chez un courtier à escompte et de se procurer des FNB indiciels. « Si tu n’es pas passionné de la Bourse, tu ne devrais pas acheter des titres individuels de façon active », avertit Bernard Mooney.

Un million dans un CELI!

Selon Sylvain Lapointe, un jeune de 18 ans qui investit le maximum annuel permis dans son compte d’épargne libre d’impôt dans des FNB indiciels (rendement annuel anticipé de 5,5 %) aura amassé 124 000 dollars à l’âge de 30 ans, 316 000 dollars à 40 ans, 655 000 dollars à 50 ans… et un million à 57 ans. « Un million dans un CELI donne une rente de 40 000 dollars par année non imposable et sans jamais toucher au capital », calcule Alain Dubuc.

La rédaction