La dépression peut nuire (aussi) à la retraite

Par La rédaction | 14 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Femme âgée assise par terre et se cachant le visage avec les mains.
Photo : lopolo / 123RF

L’épargne-retraite peut être affectée par les fluctuations des taux d’intérêt, la volatilité des marchés et d’autres risques financiers, mais aussi par le fait d’avoir une dépression, estime Reuters.

C’est notamment ce qui se produit parfois lors de la transition entre le départ de la vie active et le passage à la retraite elle-même, une période particulièrement délicate qui peut entraîner des problèmes d’humeur chez les personnes mal préparées sur le plan émotionnel, affirme Jamie Hopkins, directeur de la recherche sur la retraite au sein de Carson Group.

« Ce qu’on nous montre généralement, ce sont des photos de couples de retraités en bonne santé et bronzés sur la plage, qui ont l’air heureux. Mais d’autres se sentent isolés lorsqu’ils sont soudainement privés d’un travail qui les valorisait », indique l’expert.

DES INCIDENCES FINANCIÈRES IMPORTANTES

« Certaines personnes ne savent pas ce qu’elles sont désormais censées faire », ajoute Jamie Hopkins, qui explique que des catalyseurs tels que des problèmes de santé ou une séparation peuvent également mener à la dépression, et ce, d’autant plus que leur durée de vie s’amenuise. C’est en particulier le cas des femmes qui, une fois devenues veuves à un âge avancé, ont parfois de la difficulté à gérer leurs affaires sans aide extérieure.

La dépression peut avoir une incidence financière réelle et durable et, pour cette raison, la question de la santé mentale devrait être un facteur important en matière de planification financière de la retraite, croit Neal Van Zutphen, planificateur financier en Arizona. La raison? Ne serait-ce qu’en termes de coûts liés aux soins de santé, la dépression affaiblit le système immunitaire, fatigue le cœur, limite la capacité de prendre soin de soi et épuise l’énergie, rappelle le spécialiste.

Or, avoir un aide-soignant à domicile ou être hébergé dans un centre de soins de longue durée coûte plusieurs milliers de dollars chaque mois dans la plupart des États américains ou au Québec. Pour résoudre ce problème, Jamie Hopkins tente désormais d’évaluer le « degré de bonheur » de ses clients en même temps qu’il leur parle finances lorsqu’il les rencontre pour bâtir un plan de retraite. Selon lui, la question clé réside dans la signification que chacun donne à cette étape de la vie.

LES RETRAITÉS SONT PLUS VULNÉRABLES

Le directeur de la recherche de Carson Group invite ensuite ses interlocuteurs à définir quels sont leurs principaux objectifs. Ainsi, les retraités qui envisagent de partir en croisière ou d’acheter une résidence secondaire devront faire plus que compter sur leurs seules économies. De même, explique-t-il, la retraite progressive, avec des heures de travail réduites, peut aider certaines personnes à adopter un nouveau style de vie sans passer directement du « tout boulot » à l’oisiveté la plus complète.

Les retraités déprimés sont également plus vulnérables que les autres aux escroqueries financières, affirme Kathleen Rehl, planificatrice financière de l’autre côté de la frontière et auteure d’un guide spécialement destiné aux veuves (Moving Forward on Your Own: A Financial Guide for Widows). En effet, constate-t-elle, nombre de femmes âgées ne possèdent aucune culture financière, ce qui fait d’elles des proies faciles pour les arnaqueurs ou pour certains vendeurs de produits d’assurance souvent très complexes et pas forcément adaptés à leurs besoins, ce qui peut aussi mettre en péril leurs plans de retraite.

L’éducation financière est la meilleure réponse qui soit à cette situation, croit Kathleen Rehl. À condition toutefois qu’on ne fournisse pas aux clients âgés des documents épais et rédigés dans un jargon incompréhensible, surtout s’ils sont en deuil ou victimes d’une dépression.

La rédaction