Les retraités manqueront d’argent avant leur décès

Par La rédaction | 17 juin 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Personne âgée comptant des pièces de monnaie qu'elle tient dans sa main.
Photo : Kaspars Grinvalds / 123RF

Le Forum économique mondial lance l’alerte. Au train où vont les choses, bien des retraités dans le monde auront épuisé leur épargne-retraite environ dix ans avant leur décès. 

L’organisme a publié une étude qui observe le rapport entre l’allongement de la vie et l’épargne dans six pays développés (États-Unis, Pays-Bas, Royaume-Uni, Australie, Canada et Japon). Elle a constaté que les gens peuvent y craindre de vivre huit à 20 ans en moyenne après avoir épuisé leur épargne. Les femmes seraient les plus touchées par cette réalité. Elles vivent en moyenne deux ans de plus que les hommes et ont souvent moins d’épargne. 

« Le niveau d’écart est tel qu’il exige des actions » par les législateurs, les employeurs et les individus, a soutenu Han Yik, l’un des coauteurs du rapport, cité dans le Financial Post.

10 ANS SANS LE SOU

Au Canada, les hommes vivront en moyenne 9,9 ans après avoir épuisé leurs fonds, contre 12,7 ans pour les femmes, des données similaires à ce que l’on retrouve aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Australie.

Ce sont les Américains qui s’en tirent le mieux, quoique de peu. Les hommes y manqueront en moyenne d’épargne 8,3 ans avant leur décès, contre 10,9 ans pour les femmes. La situation est plus dramatique au Japon, où l’épargne ne durera en moyenne que quatre ans et demi après la retraite. Les hommes vivront en moyenne 15,1 ans après avoir dépensé leur pécule, alors que les femmes devront trouver le moyen de se débrouiller pendant 19,9 ans sans épargne. 

Notons que le rapport calcule que les retraités auront besoin d’un revenu équivalent à environ 70 % de leur revenu de travail pendant leurs années à la retraite. Les chercheurs n’ont par ailleurs pas inclus les prestations des régimes de retraite publics dans leurs calculs. Les chercheurs voulaient clairement illustrer l’incidence des habitudes d’épargne des futurs retraités sur leurs revenus à la retraite. 

L’IMPORTANCE DES STRATÉGIES D’INVESTISSEMENT

Cela explique certains résultats. Le cas du Japon, par exemple, est fort instructif. Les Japonais n’épargnent pas moins que les habitants des autres pays observés. Pourquoi alors manqueront-ils beaucoup plus rapidement de fonds? Parce qu’ils investissent massivement dans des produits financiers très sécuritaires, mais qui rapportent peu, comme les dépôts à terme. À l’inverse, les Américains, dont l’épargne durera le plus longtemps, sont aussi les plus exposés à des produits financiers axés sur la croissance. 

UN DOUBLE DÉSENGAGEMENT

Les chercheurs soulignent aussi que la situation des citoyens est devenue plus difficile à mesure que les régimes de pension à prestations déterminées ont cédé le pas aux régimes de pension à cotisations déterminées.

« Tous les risques que les gouvernements et les employeurs prenaient ont été transférés sur les travailleurs », indique Han Yik. Le régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) constitue un bon exemple de cela, puisque la cotisation de l’employeur y est en effet facultative. Le rapport insiste d’ailleurs sur l’importance que les travailleurs aient accès à un régime de retraite auquel l’employeur cotise. Les employeurs devraient par ailleurs s’efforcer d’offrir de meilleures options à leurs employés, afin de les inciter à épargner suffisamment. 

Mondialement, le trou dans l’épargne-retraite pourrait dépasser 400 billions de dollars américains (534,8 T$ CA) en 2050, contre 70 billions de dollars américains (93,6 T$ CA) en 2015, écrivait déjà le Forum économique mondial dans un précédent rapport, publié en mai 2017. Au Canada, le manque à gagner passerait de 2,7 T$ US (3,6 T$ CA) en 2015 à 13,4 T$ US (17,9 T$ CA) en 2050.

La rédaction