Un moratoire sur le Libra?

Par La rédaction | 8 juillet 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Patra Kongsirimongkolchai / 123RF

À peine dévoilée, la cryptomonnaie de Facebook se heurte déjà à des résistances. Les dernières viennent du Congrès américain, qui demande au réseau social de mettre le projet Libra en pause, rapporte Le Figaro.

Des élus républicains et démocrates ont adressé une lettre ouverte aux dirigeants de Facebook pour leur demander de retarder le lancement de Libra, qui doit entrer en circulation en 2020. Ils souhaitent disposer de plus de temps pour examiner les risques que pose cette nouvelle devise. La lettre est notamment signée par Maxine Waters, présidente démocrate de la commission des services financiers de la Chambre des représentants. Elle avait déjà réagi lors de l’annonce du projet en juin dernier. 

Les représentants s’inquiètent des effets de Libra sur la vie privée, le commerce, la sécurité nationale et la politique monétaire pour l’ensemble des investisseurs et des consommateurs et pour l’économie mondiale. Les risques en matières de blanchiment d’argent et d’activités frauduleuses, régulièrement associés aux cryptomonnaies, préoccupent le Congrès.

RISQUE SYSTÉMIQUE

Mais le souci se situe surtout dans le risque systémique que représenterait un succès massif de cette monnaie numérique, qui vise les 2,2 milliards d’utilisateurs des différents services de Facebook et le 1,7 milliard de personnes qui n’ont pas recours à des services bancaires.

Le futur Libra sera géré de Genève, où les 28 partenaires – dont Facebook – ont créé une fondation. Celle-ci réunit tous les membres du projet et leur donne accès à un nœud (serveur) de la chaîne de blocs du Libra.

« Si des produits et services comme ceux-ci ne sont pas réglementés correctement et sans une surveillance suffisante, ils pourraient poser des risques systémiques qui mettraient en péril la stabilité financière américaine et mondiale. (…) Si nous ne pouvons empêcher sa mise en œuvre, les risques sont d’avoir un système financier basé en Suisse qui deviendra trop gros pour faire faillite », peut-on lire dans la lettre.

DES AUDITIONS PUBLIQUES

Le père du projet Libra, David Marcus, sera entendu par le Sénat le 16 juillet, puis le lendemain par la commission des services financiers de la Chambre des représentants. Facebook a réagi à la lettre en assurant de sa volonté de travailler avec les législateurs dans ce processus, mais sans commenter la demande de moratoire.

Les élus américains n’ont pas vraiment le pouvoir de forcer Facebook à mettre son projet en veilleuse. Mais le contexte politique américain, où certains, comme la candidate à la primaire démocrate Elizabeth Warren, réclament ouvertement le démantèlement de Facebook pourrait l’amener à prêter une oreille attentive aux préoccupations des élus.

La rédaction