Après le krach de 1987, celui de 2010 ?

26 mai 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les secousses qui ébranlent les Bourses mondiales depuis plus de deux semaines poussent certains observateurs à dresser des scénarios catastrophes. Dans sa plus récente livraison, voilà que le prestigieux magazine américain Fortune prédit un krach boursier qui aurait l’ampleur de celui d’octobre 1987.

Pour appuyer sa thèse, Fortune a examiné l’évolution du ratio cours/bénéfice (C/B), indicateur qui exprime la cherté des actions ordinaires et des indices boursiers.

En ce qui concerne l’indice américain S&P 500, le ratio C/B se situe historiquement à environ 14 points. Au moment du krach de 1987, il se chiffrait à 18,3 points. Après, il est retombé à 13,3 points. À ce niveau, « les actions n’étaient pas bon marché pour autant, mais elles étaient retournées à des valeurs plus sensées », indique Fortune.

Plus près de nous, lorsque les Bourses se sont effondrées en 2008-2009, elles ont accusé un recul équivalent à celui du krach de 1987, mais qui a été échelonné sur une plus longue période. Le ratio C/B du S&P 500 est alors passé de 20 à 13,3 points, soit exactement le même niveau qu’après le krach de 1987. « Pendant quelques semaines, on a cru que les marchés des capitaux avaient repris du sens », estime Fortune.

Erreur. Les investisseurs y ont vu d’excellentes occasions de placement et se sont remis à acheter en masse. Résultat : les Bourses ont explosé de 60 %. Au début du mois de mai, le ratio C/B du S&P 500 a atteint 22 points, ce qui est considérable. Les récentes chutes des cours ne l’ont pas affaibli outre mesure : les actions demeurent toujours « démesurément chères ». Si l’histoire est un guide fiable, dit Fortune, nous sommes mûrs pour une autre solide correction. Selon ses estimations, le S&P 500 devrait basculer de 33 % pour remettre son ratio C/B autour de 14 points, qui est la moyenne à long terme. Le magazine chiffre à une chance sur trois les probabilités que ce scénario se concrétise.

Comment se produirait ce basculement ? Peut-être d’un coup, comme lors du krach de 1987. Mais on doit plutôt envisager la possibilité que les cours s’érodent graduellement, pendant des années même, coinçant les investisseurs dans un interminable marché baissier. Dans l’espoir de jours meilleurs, ils devront se contenter d’un rendement du dividende de 3 % environ, à peine de quoi compenser l’inflation. Compte tenu de la volatilité inhérente aux marchés boursiers, et du stress qu’elle occasionne, Fortune se demande si les investisseurs accepteront de subir de tels risque en retour d’une si faible rémunération.