« Tout ça pour ça ? »

Par Alizée Calza | 22 novembre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : 123rf

Les élections fédérales de 2021 auront certes fait couler beaucoup d’encre, mais elles n’auront que peu transformé le paysage québécois ni même la situation politique du pays. Le score de tous les partis est sensiblement le même qu’en 2019. Le Parti libéral peut donc s’asseoir sur son rêve de majorité au moins pour les quatre prochaines années…quoique peut-être deux si le premier ministre Trudeau décide de déclencher de nouvelles élections anticipées.

Mais si la situation politique reste la même, on ne peut pas dire la même chose de la situation économique. Entre 2019 et 2021, la dette s’est détériorée de quelques centaines de milliards de dollars. Évidemment, la situation exceptionnelle à laquelle nous avons été confrontés exigeait une réponse aussi exceptionnelle, mais maintenant la question se pose: qui va payer les pots cassés ? Le gouvernement va-t-il s’attaquer à ce gouffre qu’il a creusé ou va-t-il crier comme Jacques Brel « Au suivant »? Pour le moment, les libéraux se refusent à couper toutes les subventions. Même la banque centrale maintient sa politique monétaire accommodante pour redresser encore quelque temps l’économie. Et si l’inflation ne prend pas davantage d’ampleur, il n’y aura pas de hausse de taux directeur.

Évidemment, il est plus facile de continuer de creuser davantage un trou qui, de toute façon, était déjà énorme, que de le refermer. Mais le gouvernement compte-t-il réparer un jour les nids de poule du budget ou va-t-il se contenter de poser de gros cônes orange pour laisser à un autre parti le soin de se relever les manches dans quelques années ? Sur ce point-là, les élections ont permis d’apporter quelques réponses. Car qui dit élections dit aussi promesses électorales. Et parmi celles-ci, plusieurs semblent être destinées à renflouer quelque peu les caisses.

On peut ainsi penser à l’imposition d’une taxe qui s’appliquerait à la vente au détail de voitures de luxe et d’aéronefs personnels rutilants à un prix supérieur à 100 000 $et de bateaux neufs à un prix dépassant 250 000 $. Les libéraux proposaient également de faire passer le taux d’imposition des banques et des compagnies d’assurance de 15 % à 18 % sur tous les bénéfices surpassant un milliard de dollars (G$). Dans le même sens, ils comptaient obliger les grandes institutions bancaires et les compagnies d’assurance à contribuer à un « dividende de relance du Canada ». Les deux mesures prévues pour 2022-23 généreraient au moins 2,5 G$ sur quatre ans, selon eux.

En outre, le parti de Justin Trudeau veut imposer un impôt minimum de 15 % aux personnes gagnant le plus d’argent au Canada, limitant ainsi leur capacité à réduire leur facture grâce à la planification fiscale, une mesure qui rapporterait 1,7 G$ sur cinq ans, selon ses projections. Un caillou dans le trou noir des finances nationales, mais à ce stade, tout est bon à prendre.

Et il y a fort à parier que les libéraux n’hésiteront pas à réaliser également certaines promesses électorales du NPD pour obtenir leur soutien et trouver une façon de récolter leur sacro-sainte majorité. Difficile de dire si toutes ces mesures seront bel et bien appliquées, car une promesse, à plus forte raison électorale, peut ne jamais être concrétisée.

Mais plusieurs pourraient effectivement voir le jour, surtout que des mesures du même genre étaient proposées par d’autres partis. Il sera donc intéressant d’observer comment les choses vont évoluer à cet égard, d’autant que les libéraux comptent garder le cap, Justin Trudeau ayant confirmé le retour de Chrystia Freeland à la tête du ministère des Finances. Si ces mesures fiscales pour restaurer la santé financière du pays semblent plutôt minimes, ressemblant étrangement à un plaster posé à la va-vite sur une blessure béante, celles-ci pourraient avoir une incidence sur plusieurs de vos clients. Restez donc à l’affût!

Alizée Calza Alizee Calza

Alizée Calza

Alizée Calza est rédactrice en chef adjointe pour Conseiller.ca et pour Finance et Investissement.