Retraite : Alban D’Amours oublie les conseillers et planificateurs

Par Fabien Major | 19 avril 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Non, mais le font-ils exprès? Après François Legault qui prétendait que les économies des Québécois ne devaient pas être entre les mains des conseillers avec tous ses « Vincent Lacroix, Earl Jones et compagnie en liberté »… voilà que le président du comité sur l’avenir des caisses de retraite, Alban D’Amours, veut instaurer une autre structure gouvernementale en ignorant complètement les dizaines de milliers de professionnels de la retraite que sont les conseillers et planificateurs.

Un plan de retraite pour tous

Tout le monde est d’accord, la situation des régimes de retraite est explosive et il n’y a plus de temps à perdre. Maintenir, encourager, bonifier les régimes à prestations déterminées sans restreindre les retraites hâtives, sans possibilité de hausser les rendements (ni la RRQ ni Alban D’Amours ne contrôlent les taux d’intérêt), sans injection d’argent frais… Ce ne sont que des vœux pieux.

Dans son rapport déposé le mercredi 17 avril, M. D’Amours a oublié l’essentiel : sans plan, on ne va nulle part. C’est justement ce qui manque le plus aux Québécois. Pour qu’ils se responsabilisent davantage et s’impliquent dans LEURS affaires, tous les travailleurs de chez nous devraient être en mesure d’avoir un plan financier à 50 ans.

Peu de gens savent comment orchestrer le décaissement de leurs différentes sources de revenus. On sort les REER en premier? En dernier? On cotise au CELI ou on rembourse son hypothèque? Est-ce que je dépose le petit héritage de ma vieille tante dans un CPG ou je rachète des années de services de mon employeur? Qui calculera mon impôt à la retraite? Qui harmonisera les nouveaux RVER avec les régimes collectifs?

Encore une fois, un comité d’experts raconte à la population qu’il faut faire des choix de sociétés, des choix de structures de régimes et autres patentes loin du monde. Rien de concret pour impliquer les travailleurs et travailleuses.

Pas cher, c’est meilleur

À l’émission de radio « Classe économique », M. D’Amours a raconté que sa « rente longévité » devrait être administrée par la RRQ « parce que c’est meilleur et moins cher ». Ah oui? Et si ce n’est pas cher et gratuit, ce sera nécessairement le plus adéquat et dans le meilleur intérêt pour les familles? Rien n’est gratuit, M. D’Amours! À regarder les épisodes de la commission Charbonneau, la culture du plus bas soumissionnaire, on sait où ça mène.

Qui fera les plans financiers, les projections de retraite? Qui assistera les familles dans leurs plans de vie? Les employeurs? Un site web, les fonctionnaires de la RRQ, Michael Sabia? Je m’attendais à mieux de celui qui a présidé l’une des plus importantes institutions financières au pays. Oui, certains fonds de placement ou de retraite coûtent quelque chose. Lorsqu’il y a des coûts, des frais, des commissions, c’est parce qu’il y a des services en retour.

Ce fameux rapport a négligé une des plus importantes études des dernières années. Le facteur Gamma publié l’an dernier par Morningstar démontre noir sur blanc que les gens qui ont reçu l’assistance continue d’un conseiller financier dans leur vie active retirent près de 30 % de plus de revenus de retraite que ceux qui s’organisent seuls. Et ce, peu importe la classe sociale ou le revenu d’emploi. Une différence annuelle de 1,82 % NETTE de toutes charges. Voilà la valeur ajoutée des conseils financiers des professionnels. Un apport que les Québécois n’ont pas les moyens de négliger.

Le rapport D’Amours apporte un éclairage sur une situation observée depuis plus d’une décennie par les professionnels de la finance. Cela fait au moins sept ans que l’on parle des risques de longévité à nos clients. M. D’Amours a manqué une magnifique occasion d’impliquer et de mobiliser les spécialistes de la retraite au Québec et de leur démontrer du respect. On ne demande qu’à servir et soutenir la population dans les grands défis qui nous attendent.


Fabien Major, MBA, conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective, Major Gestion Privée.

Fabien Major

Fabien Major, MBA, Adm.A., est planificateur financier et conseiller en placement. Il possède aussi le cabinet Major Gestion Privée, lié à Assante, à Montréal.