Imagez vos explications

Tiré de formations certifiant des UFC

Fluctuation, volatilité et risque : pas la même chose!
Enseigner la différence à vos clients peut accroître leur sentiment de sécurité.

Affirmation aussi vieille que gratuite : la Bourse, c’est risqué; les obligations, c’est la sécurité. N’est-ce pas un peu bref comme déclaration? N’est-ce pas simplement erroné?

Dormir en paix, cela s’acquiert et se mérite! Celui qui met sa tête dans le sable ne peut, en même temps, la mettre sur un oreiller.

Voulons-nous dormir en paix? Alors apprenons le vocabulaire et les notions financières de base! Pour beaucoup, la fluctuation est le risque; quelle confusion!

La solution : s’instruire, comprendre le sens des mots, réfléchir à son propre comportement, se discipliner et acquérir une vision à long terme. Si nous avons 65 ans, nous risquons de vivre jusqu’à 90 ans! Vivre 25 années, c’est long, non? Est-ce du court terme? Du moyen terme? NON, c’est du très long terme!

Pour expliquer tout cela, commençons par quelques exemples : examinons l’image ci-dessous pour comprendre qu’il existe différents niveaux de fluctuations et de risques. Une compréhension inexacte ou approximative peut être dangereuse.

Pour notre bien-être mental, nous nous devons d’assumer en toute connaissance de cause les niveaux de « risque » encourus par rapport aux rendements attendus.

Nous nous nourrissons d’espoirs de s’enrichir constamment, mais la réalité nous rattrape à travers des déceptions, pourtant mentalement enrichissantes. Elles devraient nous aider à comprendre la réalité zigzagante.

Le CPG (certificat de placement garanti) représente la sécurité soi-disant parfaite. Mais où est le rendement? S’il est probable – et c’est le cas – qu’à l’aube de notre retraite, il nous reste au moins vingt ou trente années à vivre, pensons-y deux fois plutôt qu’une!

Une obligation représente une excellente sécurité du capital… si on la garde jusqu’à l’échéance du remboursement. Mais entre ces deux moments, sa valeur peut fluctuer énormément.

La valeur de notre maison varie tous les jours : cela nous empêche-t-il de dormir?

Regardons donc en Floride, où nombre de propriétés ont perdu 50 % de leur valeur vers 2007 après l’éclatement d’une bulle immobilière. Mais les Floridiens dorment toujours bien malgré les ouragans météorologiques ou financiers.

Une action : rappelons-nous Nortel! Mais si les rendements obtenus par la majorité des gens sont faibles, ce n’est pas dû à la Bourse, mais bien à nos comportements erratiques et sentimentaux devant elle.

Un ensemble d’actions va nous rapprocher de la réalité en diversifiant les fluctuations et les risques.

Les mots existent pour être bien utilisés. Reprenons nos bons vieux dictionnaires, français ou anglais, Larousse ou Webster, ou Wikipédia. Que disent-ils?

Fluctuations et volatilité sont frères et sœurs, mais ne sont pas jumeaux.

Fluctuations 

Variations successives et en sens contraires. Ce mot est utilisé surtout au pluriel.

« Fluctuate : to rise and fall, as a wave. To vary, to change continually and irregularly. » (Fluctuer : monter et descendre, comme une vague. Varier, changer continuellement et irrégulièrement.)

La comparaison avec la vague nous semble excellente en ce qui concerne les fluctuations boursières. En effet, la Bourse monte et descend comme les vagues de l’océan. Avons-nous vu le sommet de la vague monter jusqu’au ciel? Avons-nous observé le creux de la vague descendre jusqu’aux abysses? Après la pluie, le beau temps.

L’océan retourne toujours vers le calme… avec sa légère houle permanente.

Dans les deux cas, la tendance immuable est le retour à la moyenne.

Il s’agit ici de la moyenne des prix des actions sur une période plus ou moins longue, par exemple trois années.

Les fluctuations boursières ont une durée, un cycle. On assiste fréquemment à trois années de montée, puis une année de baisse.

Mais pourquoi est-ce irrégulier? En définitive, personne ne peut le dire même si les « experts » l’expliquent tant et plus chaque fois… après coup! C’est un peu comme la météorologie.

Volatilité

La volatilité pourrait être définie comme une fluctuation instantanée ou quotidienne du cours d’une action ou de l’ensemble de la Bourse.

Ces variations instantanées sont causées par les différences d’opinions des gens sur les probabilités de montée et de descente des cours d’une action ou de l’ensemble des actions dans une Bourse donnée.

Citons Wikipédia : lorsque la volatilité est élevée, la possibilité de gain est plus importante, mais le risque de perte l’est aussi. Les prix demandés et offerts montreront un écart plus grand qu’en temps normal. C’est une notion à très court terme, un signe d’indécision des gens, un jeu pour les spéculateurs.

Il existe un indice qui mesure la volatilité des marchés financiers. C’est l’indice VIX, qui mesure ces écarts instantanés dans les prix. Il s’exprime par un chiffre abstrait qui, jusqu’ici, a oscillé entre 10 et 80.

Jetons un coup d’œil au graphique ci-dessous : nous voyons l’indice osciller normalement entre 10 et 20. Rien à signaler.

Lorsque l’inquiétude et l’incertitude se développent un peu, il monte vers 30, comme en 2007 – 2008 avant la chute des bourses.

Parfois, l’inquiétude se transforme en déraison et en panique; l’indice fait alors un bond au plafond, vers 80. Mais ceci ne dure généralement pas.

À celui qui désire en savoir plus long, nous suggérons de rechercher sur le site web de Wikipédiales thèmes Volatilité (finance) et VIX(finance), d’où est extrait le graphique ci-dessous.

Risque

  • Fait de s’engager dans une action qui pourrait apporter un avantage, mais qui comporte l’éventualité d’un danger.
  • Danger éventuel plus ou moins prévisible.

Note : attention à cet anglicisme fréquent au Québec. « Eventually » signifie « finalement », tandis qu’« éventuellement » veut dire « peut-être ou possiblement ». En français, ce mot contient un élément d’incertitude, mais pas en anglais.

« Risk : possible harm or loss. »

« Risk : viewed as an economic entity, risk is defined as uncertainty regarding the occurence of an economic loss. Risk is at a maximum when uncertainty is greatest. » (Financial handbook, p. 25-2)

Une bonne compréhension de la différence entre fluctuation, volatilité et risque améliorera notre sentiment de sécurité.

Sécurité et certitude

« Rien ne m’est sûr que la chose incertaine.  »

– François Villon (poète français du 15e siècle)

Physiquement, la sécurité est l’état d’une situation présentant le minimum de risque. Sur le plancher des vaches, ma sécurité physique est plus grande qu’au milieu de la rivière… surtout si je ne sais pas nager. Ceci n’est pas un sentiment. C’est une chose que je sais.

Psychiquement, la sécurité est l’état d’esprit d’une personne qui se sent tranquille et confiante, qui se sent à l’abri du danger. C’est là un sentiment, une sensation, mais un sentiment qui peut être inculqué par une dose de réflexion, par un apprentissage. C’est ce que nous faisons ici.

Ce sentiment de sécurité ou d’insécurité, de certitude ou d’incertitude, peut naître lorsque nous savons être dans un environnement qui pourrait contenir un danger. Il peut aussi provenir d’une insouciance, du refus de prendre conscience de l’existence d’un danger.

Si ce sentiment de sécurité est né d’une insouciance ou d’une inconscience, il peut être effacé en un instant et se transformer en insécurité, voire en panique. C’est ce que l’on a vu en octobre 2008, lors de la chute boursière. Ce n’est pas la Bourse qui nous a fait perdre nos économies : c’est notre réaction inappropriée et aveugle causée par notre ignorance de la nature de la Bourse et de son activité.

Le sentiment de sécurité qui naît de la connaissance des choses crée un état d’esprit solide. C’est là qu’une bonne compréhension de la différence entre fluctuation, volatilité et risque améliorera notre sentiment de sécurité et nous évitera des réactions dommageables… à notre propre sécurité.

Conclusion à mémoriser et à intégrer dans tout notre être :

La fluctuation n’est pas, en soi, un risque, car elle retourne toujours à la moyenne… si l’on respecte les principes de base du bon investissement et si l’on ne spécule pas.

La sécurité réside, d’une part, dans la compréhension de la fluctuation et, d’autre part, dans l’identification et la mesure du risque, ce qui permet d’évaluer, voire de fixer, le niveau de risque acceptable pour soi-même. Le rôle du conseiller financier consiste évidemment à aider son client dans cette délicate démarche.

Pour prendre moins de risques, cherchons où est le bon risque.


Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.