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Tiré de formations certifiant des UFC

Objectifs et horizons de placement

Sachez les marier pour de meilleurs résultats.

Nous savons que les actions rapportent plus, à long terme, que les obligations, mais qu’elles fluctuent plus fort à court terme.

En d’autres mots, si notre objectif de placement est plus lointain (35 ans), nous devrions choisir ce qui rapporte le plus à long terme. Il s’agit de privilégier le rendement en acceptant de voir le capital fluctuer.

À l’inverse, si notre objectif de placement implique une durée plus courte (cinq ans), nous devrions choisir ce qui fluctue le moins à court terme. Il s’agit de privilégier la stabilité du capital en acceptant un rendement moindre.

Il est donc très important de clairement visualiser notre objectif de placement afin de l’« apparier » (c’est-à-dire le coupler) avec son horizon de placement, sa durée probable.

Exemples : retraite ou maison?

#1
J’ai 30 ans et prévois prendre ma retraite dans 35 ans, soit à 65 ans. Je contribue 3 000 $ à mon REER; dans quoi devrais-je investir ces 3 000 $? À long terme, il est préférable de privilégier le rendement; par conséquent, c’est dans des actions que je devrais les investir même si celles-ci peuvent fluctuer fort à court terme.

#2
J’ai 30 ans et je veux acheter une maison dans cinq ans; je dispose de 3 000 $ à placer dans ce but. Dans quoi devrais-je placer ces 3 000 $ ? Le terme est court à moyen, je devrais donc privilégier un placement très stable, tel que des obligations à court ou moyen terme (maximum cinq ans)… de préférence, en utilisant le CELI.

Ces exemples nous montrent l’importance d’apparier nos objectifs de placement à leur durée probable, à leur horizon de placement.

Redisons encore et retenons ceci : plus la durée de l’investissement est longue, plus il est prudent d’investir en actions.

Nos deux exemples ci-dessus sont plutôt limpides et faciles. L’horizon de chacun est simple et unique : le premier, c’est 35 ans (retraite) et le second est cinq ans (maison). La différence est claire.

Mais si l’horizon de placement peut être unique comme ci-dessus, il peut aussi être multiple. L’horizon de placement multiple ou échelonné typique est celui de notre retraite. Si nous prévoyons prendre une retraite dans cinq ans, cela veut-il dire que nous aurons besoin de retirer tout notre capital dans cinq ans?

Rappelons-nous qu’à 65 ans, nous devons craindre de vivre encore près de 30 années (une chance sur dix d’être encore vivant!). L’appariement devient ici un peu plus complexe et le calcul à faire un peu plus compliqué.

Nous suggérons dans ce cas de scinder notre capital-retraite en trois portions :

  • la première pour satisfaire nos besoins de décaissement à court terme (un à trois ans – besoin de liquidités immédiates et donc de stabilité du capital);
  • la seconde pour les besoins à moyen terme (trois à huit ans – zone intermédiaire);
  • la troisième pour les besoins à long terme (huit ans et plus, besoin de rendement et de protection contre l’inflation).

Plusieurs méthodes de calcul existent pour atteindre notre objectif d’appariement. Ces calculs peuvent être complexes et les conseils d’un planificateur financier seront utiles pour les effectuer correctement.

Le point important à retenir ici, c’est qu’il est imprudent, à la veille de la retraite ou à la retraite, de penser qu’il faut tout placer en obligations… sauf si, peut-être et à cet âge, nous n’avons encore acquis aucune expérience boursière.

Par ailleurs, l’autre extrême, chercher la croissance maximale dans des actions très fluctuantes, est encore plus imprudent.

Pour ce faire, il importe de nous habituer au jargon financier.

Commençons par nous offrir un autre petit rappel : la liquidité d’un placement, c’est la facilité et la rapidité avec lesquelles nous pouvons le revendre et nous en débarrasser.

Ainsi, notre compte de banque est totalement et instantanément liquide. Les actions des grandes compagnies canadiennes sont liquides, car elles peuvent être revendues très rapidement par l’intermédiaire des bourses canadiennes. Par contre, les actions d’une petite compagnie privée peuvent être très difficiles à vendre. Cela peut prendre plus de temps; ces actions sont moins liquides. Leur prix de revente peut être inférieur ou supérieur à ce que nous pensions, mais cela n’a rien à voir avec la liquidité.

Un CPG est totalement non-liquide : il faut attendre, sans aucun choix, son échéance pour l’encaisser. Un CPG est un placement « gelé » et donc sans aucune flexibilité (sauf stipulation de remboursement anticipé moyennant pénalité).

Souvent les placements liquides sont associés à la notion de « préservation-stabilité du capital » et sont utilisés pour le court terme.

Un « placement à revenu » est celui qui doit générer des revenus réguliers, ce que recherchent généralement les retraités, ceci étant assorti d’une notion de très grande stabilité du capital. Il correspond au moyen terme pour les gens en période de décaissement, car ils attachent souvent beaucoup plus d’importance aux revenus sous forme d’intérêts ou de dividendes qu’à la variation de la valeur de leur capital.

Le mot « croissance » nous suggère avant tout que nous voulons que notre portefeuille de placements augmente en valeur, que notre capital s’apprécie, peu importe que ce soit sous forme d’intérêt, de dividendes ou de gains de capital (plus-value). L’investisseur sage associera ce mot à la notion de long terme (comme un certain Warren Buffett le fait) et en acceptant les fluctuations normales ou mêmes anormales de son portefeuille.

L’expression « croissance maximale » révèle notre recherche de rendement élevé sans souci de fluctuations fortes et avec peu de souci d’un risque de pertes plus élevées, tant à long terme qu’à court terme. Cette recherche peut trouver sa place chez le jeune investisseur qui se croit capable de faire face à une chute boursière de 40 % ou plus sans sourciller. La notion de long terme peut se maintenir à condition que notre investisseur ne se transforme pas en spéculateur.


Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.