Cinq bonnes raisons de ne pas cotiser à un REER

1 février 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture
afe207 / 123RF

Cotiser coûte que coûte à un REER n’est pas une approche financière sensée pour tout le monde, souligne Gail Bebee, de Morningstar Canada. En effet, dit-elle, il existe cinq situations où les dollars durement gagnés pourraient être mieux investis.

1. L’épargnant est endetté. Les personnes qui ont un solde impayé sur leurs cartes de crédit devraient effacer cette dette en «priorité absolue». Pourquoi ? Parce que les cartes de crédit sans frais annuels qu’émettent les grandes banques facturent des intérêts d’environ 19,5 %. Or, note Gail Bebee, il est «très improbable» qu’un REER produise un rendement équivalent

Elle souligne que David Trahair, l’auteur du livre Trêve de sottises : Comment prendre une retraite confortable sans le marché boursier, les fonds communs ou même un conseiller en placements, préconise de «payer toutes les dettes, y compris l’hypothèque sur la maison, avant d’investir un autre dollar dans un REER». David Trahair explique que les droits de cotisation non utilisés sont reportés aux années d’imposition ultérieures. Les épargnants qui auront payé toutes leurs dettes auront de l’argent à placer. Ils pourront alors profiter des droits à cotisation accumulés. À ce moment-là, dit-il, ils seront probablement dans leurs années de salaire et de fourchette fiscale maximums, et ils recevront donc le remboursement d’impôt le plus élevé par dollar cotisé.

2. L’épargnant n’a pas encore cotisé à un CELI. Les personnes qui ont de l’argent disponible et qui prévoient que leur taux d’imposition sera comparable ou plus élevée à l’avenir devraient prioriser les cotisations au CELI. Plus souples que les REER, les CELI permettent de retirer de l’argent et de redéposer l’intégralité du montant retiré dans l’année qui suit ou même plus tard sans avoir à payer d’impôts. Par contre, les sommes retirées d’un REER sont entièrement imposables, et les droits à cotisation sont perdus pour toujours, souligne Gail Bebee.

3. L’épargnant doit financer les études de ses enfants. Si un contribuable cotise 2 500 $ à un REEE pour un enfant admissible âgé de 17 ans au maximum, le gouvernement fédéral fournit une Subvention canadienne pour l’épargne-études de 500 $. C’est un rendement immédiat de 20 %, sans compter ce que Québec verse au titre de l’Incitatif québécois à l’épargne-études. Entre-temps, ce contribuable conserve sa marge de cotisation REER pour les années à venir.

4. L’épargnant a déjà assez d’argent dans son REER. Les employés qui participent à un régime de retraite devraient bien évaluer la pertinence de cotiser à un REER passé un certain seuil, prévient Gail Bebee. C’est que, à 71 ans, ils seront tenus de le convertir en FERR ou en rente. Si c’est en FERR, les retraits annuels obligatoires pourraient pousser leur revenu net au-dessus du seuil de récupération de la Pension de la sécurité de la vieillesse. «Dans ce cas, vous serez assujetti à l’impôt de récupération de la sécurité de la vieillesse qui vous reprendra votre prestation à un taux de 15 % du revenu net dépassant le plafond», écrit-elle.

Ceux qui contribuent à un régime de retraite au travail seraient avisés de diriger leur épargne dans des comptes non enregistrés. Cela leur permettra d’élaborer des stratégies de planification fiscale avantageuses. Par exemple, ils pourraient acheter et conserver des actions qui, avec un peu de chance, prendront de la valeur. «Tant que les actions ne sont pas vendues, les gains non réalisés ne seront pas imposés», dit Gail Bebee.

5. L’épargnant ne veut pas perdre le Supplément de revenu garanti. À 65 ans, les Canadiens commencent à recevoir les prestations du programme de la sécurité de la vieillesse du gouvernement fédéral. Les aînés à faible revenu peuvent aussi demander le Supplément de revenu garanti (SRG). Pour avoir droit à ces prestations non imposables, le revenu annuel des années précédentes ne doit pas dépasser 15 888 $ pour une personne seule et 20 976 $ de revenu combiné pour un couple.

Une fois converti en FERR ou en rente, un REER générera un revenu aura pour effet de réduire, voire éliminer, le SRG. Pour cette raison, les Canadiens à faible revenu devraient probablement placer leur argent disponible pour une épargne-retraite dans un CELI. En effet, en plus d’être non imposables, les retraits d’un CELI n’entrent pas dans le calcul de la récupération du SRG.