Jeunes professionnels sous pression

Par Sylvie Lemieux | 16 juin 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La pression inflationniste n’épargne pas les jeunes professionnels, bien au contraire. Plusieurs ressentent les impacts du contexte économique actuel.

Selon une étude réalisée par Léger dans le cadre de la 4e édition de Travaillons ensemble du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ), plus d’un jeune sur deux (56 %) ont dû réduire considérablement leurs dépenses pour faire face à la hausse des prix. Plus du tiers (34 %) ont reporté un projet d’achat d’une propriété ou un déménagement.

Plusieurs des 16 à 35 ans sondés ont également repoussé l’idée de commencer à épargner pour leur retraite (30 %), de fonder une famille (20 %) ou de se lancer en affaires (10 %).

« Clairement, on a affaire à une génération qui repousse les projets, et il faudra s’adapter à ça, affirme Pierre Graff, président-directeur général du RJCCQ. Cela aura un impact à la fois sur l’épargne collective, le marché immobilier, la création d’entreprise, la démographie et, conséquemment, sur le Québec de demain. »

ÉQUILIBRE PRÉCAIRE

La pression n’est pas que financière. Selon le sondage de la RJCCQ, si 43 % des jeunes professionnels font une évaluation positive de leur santé mentale, 51 % disent se sentir surchargés mentalement en raison de leur travail.

Les participants de l’étude expriment un besoin profond de trouver un meilleur équilibre entre le travail et la vie personnelle, mais nombreux sont ceux qui sentent qu’ils doivent travailler plus dur que leurs aînés pour maintenir leur carrière, même au détriment de cet équilibre. Cette pression est particulièrement palpable chez les jeunes femmes professionnelles. En effet, les femmes (38 %) davantage que les hommes (28 %) ont du mal à établir l’équilibre travail-vie personnelle.

L’engouement pour le télétravail demeure toujours aussi fort puisque 85 % de ceux qui ont adopté cette pratique souhaitent la poursuivre. Toutefois, les jeunes professionnels sont proportionnellement plus nombreux (53 %) que leurs aînés (41 %) à affirmer que les employés qui travaillent à distance doivent être plus proactifs pour se faire remarquer par leur employeur.

« Lorsqu’on demande aux jeunes générations ce qui est le plus important pour eux, la vie personnelle prend nettement le dessus, sondage après sondage. Cela vient avant le fait de bien gagner sa vie pour assurer sa sécurité financière et de réussir sa carrière professionnelle », souligne Pierre Graff.

La conjoncture économique actuelle leur fera-t-elle revoir leurs priorités ? Il faudra attendre le prochain sondage pour le savoir. Chose certaine, le RJCCQ prévoit déjà d’ajouter des questions supplémentaires pour creuser davantage cet aspect, précise le PDG.

« Il est clair que les générations doivent s’adapter à des changements profonds sur le plan économique. Il y a 20 ou 30 ans, il fallait 3,5 années de salaire pour acheter une maison. Aujourd’hui, il en faut neuf », illustre Pierre Graff.

Selon lui, pour aider les jeunes à préparer leur avenir financier, il faudra mettre davantage l’accent sur l’éducation financière. Avoir une vision claire de la gestion de ses finances permet de prendre de meilleures décisions. Ils auront aussi besoin de soutien pour se lancer en affaires afin que l’élan entrepreneurial qui se manifeste depuis une décennie ne s’éteigne pas.

« Je pense que ça prendra plus que jamais des incitatifs, notamment fiscaux, pour favoriser la création d’entreprises. Ce sont elles qui vont créer la richesse et les emplois qui n’existent pas encore et qui formeront l’économie de 2030. Clairement, le gouvernement a un rôle important à jouer sur ce plan », conclut-il.

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Sylvie Lemieux

Sylvie Lemieux est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.