La prudence, un risque pour le revenu de retraite?

Par Mark Brown | 7 Décembre 2006 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Selon Peter Drake, vice-président, Retraite et recherche économique de Fidelity Investments, cinq risques-clés menacent les revenus de retraite : la longévité, la répartition d’actifs, l’inflation, les retraits excessifs et les dépenses liées à la santé. C’est aux conseillers d’aider leurs clients à faire face à ces défis afin de leur assurer un revenu de retraite suffisant.

Avant toute chose, les conseillers doivent veiller à ce que leurs clients n’aient pas un portefeuille trop prudent. C’était là un des messages importants de M. Drake lors d’une conférence prononcée durant la plus récente tournée de Fidelity. « Un mythe qui perdure est qu’il faut opter pour un revenu fixe lorsqu’on atteint la retraite », dit-il. Aujourd’hui, ce mythe bat sérieusement de l’aile. « Lorsqu’on constate ce que cela fera à la durée de votre portefeuille, c’est bien peu en comparaison à un portefeuille plus agressif. »

Selon les recherches de M. Drake, lorsque vient le temps d’offrir un revenu de retraite, la différence entre la durée de vie projetée du portefeuille le plus agressif et celle du plus prudent dans un marché à la baisse qui perdure est faible. Dans ce scénario, le portefeuille plus agressif, composé à 85 % d’actions et le reste en obligations, durerait 22 ans dans un marché à la baisse qui perdure, si le client en retire 4 % par année.

Une composition plus conservatrice de 60 % d’actions, 20 % d’obligations et 20 % en comptant ne réussit pas beaucoup mieux. La durée de vie moyenne de ce type de portefeuille ne serait que quatre ans de plus dans un marché à la baisse qui perdure, en estimant un taux de retrait de 4 %.

Par contre, lorsque les conditions du marché sont plus normales, la durée de vie projetée de ces deux portefeuilles varie énormément. Dans des conditions normales, M. Drake projette que le portefeuille le plus agressif aurait une durée de vie de 88 ans à un taux de retrait de 4 %. Le portefeuille le plus prudent ne durerait que 33 ans dans les mêmes conditions – à peine sept ans de plus que dans un marché à la baisse.

Lorsque les gens prennent leur retraite, ils cherchent un revenu. Le revenu fixe ne suffit plus. « L’urgence de nos recherches et de celles de tous provient de l’affaire des fiducies de revenu. Pourquoi étaient-elles si populaires? À cause du temps des taux d’intérêt élevés. »

Dans les années 1980, les Bonds d’épargne du Canada offraient un rendement de 19,5 % la première année; en 2006, un bond de 10 ans rapporte seulement 3,99 %. Au 2 juillet 2013, ce pourcentage était de 1,13 % seulement.

Cela représente à la fois une occasion et un défi de taille pour les conseillers en placement, selon M. Drake. L’occasion vient du seul nombre de baby-boomers et leur richesse collective. La concentration de richesse au Canada a déjà basculé en faveur des 55 ans et plus. S’ils ne sont que deux millions, ils détiennent 63 % de la richesse. Leur nombre continuera à augmenter et d’ici 2014, ils possèderont 72 % de la richesse.

« Vous voudrez peut-être vous demander s’il n’y a pas de place dans votre pratique pour davantage de baby-boomers », suggère M. Drake.

La répartition d’actifs n’est pas la seule clé du plan de revenu de retraite. Les rentes jouent également un rôle important, explique M. Drake, même s’il note qu’on doit en évaluer les pour et les contre. « Le bon côté des rentes est leur prévisibilité; voilà une source de revenus de retraite sûre. Le désavantage, c’est qu’elles ne sont pas à l’épreuve de l’inflation. »

Même un faible taux d’inflation peut nuire énormément au pouvoir d’achat d’un retraité sur 25 ans, déplore M. Drake. L’autre problématique est qu’un retraité qui profite d’une rente perde le contrôle sur les actifs. « Comme c’est le cas de tant de choses dans cette pratique, nous avons accès à d’excellents outils et techniques, mais chaque client doit les évaluer avec son conseiller pour trouver ce qui lui convient. »

Mark Brown