Les gros REER, une source d’ennui?

Par Ronald McKenzie | 13 avril 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Louis Davilla Wiyono / 123RF

Un grand nombre de Canadiens passeront à la moulinette du fisc s’ils décèdent avec un REER ou un FERR bien garni. Enfin, ce sera leurs enfants qui subiront le choc de l’impôt, mais la source du problème demeurera la même : la présence de trop d’argent dans un compte enregistré, dit Ted Rechtshaffen.

Le président de la firme torontoise Tridelta Financial Partners rappelle que le régime fiscal canadien prévoit les modalités suivantes :

– Tout retrait en provenance d’un REER ou d’un FERR est imposé comme un revenu ordinaire, sans mesure d’allégement fiscal.

– Les retraits obligatoires des FERR sont déterminés par le gouvernement. À 72 ans, par exemple, le pourcentage prescrit par la loi se situe à 7,48 % de la valeur du FERR. Ted Rechtshaffen trouve que c’est élevé.

– Si vous êtes le conjoint survivant d’une personne décédée, vous pouvez rouler dans votre REER ou votre FERR, à l’abri de l’impôt, le solde du compte enregistré du défunt.

– Le problème fiscal surgit lorsque vous (le conjoint survivant) mourez à votre tour. En effet, votre REER ou votre FERR est désenregistré et la valeur du compte est considérée comme un revenu imposable. En effet, la loi n’autorise pas le roulement des REER ou des FERR aux enfants, sauf s’ils souffrent d’un handicap physique ou mental reconnu et qu’ils sont désignés bénéficiaires du REER ou FERR. Cette exception mise à part, votre succession recevra une facture d’impôt liée à la disposition présumée de votre épargne-retraite. Dans certains cas, la note peut représenter la moitié du solde du compte au moment du décès.

Que faire pour éviter une telle ponction? 1. À moins que vos revenus ne vous classent dans la fourchette d’imposition la plus élevée année après année, n’accumulez pas tant d’argent dans votre REER, dit Ted Rechtshaffen. « Il n’est pas logique de cotiser au maximum si vous subissez les foudres de l’impôt à la fin », dit-il.

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2. Retirez l’argent des régimes enregistrés pendant que vous pouvez en profiter. Si vous êtes en santé, pourquoi vous priveriez-vous du capital que vous avez accumulé petit à petit au fil des années? « Si, en raison des règles fiscale, vous êtes tenu de retirer 100 000 $ de votre FERR alors que vous êtes malade, cela vous mènera où? Aussi bien en profiter plus tôt que trop tard », croit Ted Rechtshaffen.

3. Planifiez des stratégies de décaissement. Admettons par exemple que votre maison est entièrement payée et que votre REER ou FERR est substantiel. Vous pourriez commencer par souscrire une marge de crédit hypothécaire pour faire des placements dans un portefeuille non enregistré. Cet emprunt coûte 10 000 $ en intérêts? Pas grave, ce montant est déductible. Ensuite, vous pourriez retirer 10 000 $ de votre REER ou FEER afin de bonifier vos revenus de retraite. « Comme les intérêts sur la marge de crédit sont déductibles, cela éliminera l’impôt à payer sur le retrait REER ou FERR », explique Ted Rechtshaffen. Si les placements réalisés grâce à l’emprunt génèrent 5 %, ce sera l’équivalent d’un retrait REER à l’abri de l’impôt, calcule-t-il.

L’expert admet que cette dernière stratégie ne convient pas à tout le monde, car elle implique l’utilisation d’un levier financier. « De fait, mon message est le suivant : un gros REER ou FERR peut être une bénédiction, mais aussi une source d’ennui. Si vous planifiez vos revenus de retraite à l’avance, vous pouvez éviter à votre succession une lourde et douloureuse facture fiscale », conclut Ted Rechtshaffen.

Ronald McKenzie