Vous êtes trop prudent ? Attention aux poursuites !

17 juin 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Qu’un client poursuive un conseiller qui lui a fait perdre de l’argent à cause de placements spéculatifs, cela va de soi. Mais que des épargnants traînent en justice des conseillers qui ont fait preuve de trop de prudence, voilà qui serait extraordinaire!

C’est pourtant un risque à ne pas sous-estimer, dit le juriste Richard Austin, sur Advisor.ca. En matière de gestion d’actifs, les excès de prudence ont un coût, dont celui de voir son pouvoir d’achat s’éroder en raison de l’inflation. Or, les personnes âgées qui vivent de revenus fixes prêtent flanc à cet ennemi insidieux et les conseillers ont la responsabilité non seulement de les informer de ce danger, mais aussi de les y prémunir.

Richard Austin souligne que la hausse des coûts de santé et la disparition de plusieurs programmes sociaux se traduiront en frais directs pour les usagers, notamment les plus âgés. «Vieillir n’est pas drôle. Vieillir en sachant qu’on manque d’argent parce que notre conseiller a été trop prudent avec nos placements l’est encore moins», dit Richard Austin.

Un client aux prises avec ce problème pourrait accuser son représentant de négligence professionnelle. Avec l’aide d’un bon avocat, il pourrait rendre sa cause sympathique et finir par influencer le tribunal. Et alors, nul ne sait quelle tournure prendra l’affaire. En fait, précise Richard Austin, ce ne sont pas tant les clients âgés qu’il faut craindre, mais leurs enfants qui doivent les soutenir, tant physiquement que financièrement.

Devant la cour, le conseiller pourrait invoquer que son travail a contribué à préserver le capital de son client. Mauvaise défense, dit Richard Austin, car on rétorquera que sa responsabilité est plutôt d’assurer la sécurité financière de son client. Si le conseiller a construit un portefeuille ultra-prudent qui, sur le long terme, n’a pas réussi à battre l’inflation, son client aura perdu de l’argent, en réalité. Un tribunal pourrait se montrer sensible à ce genre d’argument.

Jusqu’ici, Richard Austin n’a eu connaissance d’aucune poursuite pour excès de prudence. Voilà au moins une bonne raison de prendre des dispositions pour que cela ne se produise pas.